Invité à témoigner dans le cadre de son procès pour attentat à la pudeur sur trois adolescents dans les années 70, Claude Arbour, 69 ans, ne nie pas la commission de certains gestes à caractère sexuel mais soutient qu'ils étaient voulus de part et d'autre.
C'est du moins ce qu'il a expliqué, hier, au juge Guy Lambert. «Jamais je n'ai forcé ces jeunes à avoir des gestes sexuels et jamais je n'ai posé des gestes avec lesquels ils n'auraient pas été en accord», a-t-il mentionné.
Selon les trois plaignants dans cette affaire (des hommes aujourd'hui âgés d'une cinquantaine d'années), Claude Arbour aurait abusé d'eux à plusieurs reprises de 1971 à 1979.
L'une des victimes a raconté plus tôt cette semaine que les abus avaient commencé alors qu'elle avait 10 ans et qu'ils s'étaient arrêtés vers l'âge de 20 ans.
Or, dans son témoignage, M. Arbour prétend que les gestes sexuels ont commencé alors que les adolescents avaient plutôt 15 ou 16 ans.
Il est vrai que le noeud de cette affaire repose sur le consentement des victimes. À partir de l'âge de 14 ans, il n'y a pas de crimes sexuels s'il est démontré que les victimes sont consentantes, à moins bien sûr que le consentement ne soit vicié.
Dans le cas présent, les présumées victimes n'ont pas mis fin aux abus malgré le temps qui passait puisqu'ils se sont étirés jusqu'à l'âge de 19-20 ans pour certains.
En cour, elles ont raconté en avoir été incapables car elles «gelaient» lors des gestes sexuels ou encore avaient peur de ne pas être crues par leurs proches, compte tenu du respect voué à M. Arbour.
Par contre, le prévenu soutient que les rencontres sexuelles étaient non seulement consentantes mais également sollicitées de la part des jeunes. Il a parlé de masturbation, de fellation et même d'incitation à la sodomie par l'un des plaignants.
L'ex-homme d'affaires se rappelle également avoir demandé à l'un des plaignants de mettre un terme aux relations.
«Il avait alors 19-20 ans. Il m'a répondu que ça ne regardait personne, qu'on ne faisait de mal à personne et que c'était une affaire entre nous», a-t-il ajouté.
Dans sa preuve, Me Hélène Carle, procureure aux poursuites criminelles et pénales, a voulu faire témoigner un expert sur les motifs ou plutôt la dynamique pouvant expliquer les raisons pour lesquelles ces victimes n'avaient pas mis fin aux abus.
De toute évidence, son objectif était de démontrer l'absence de consentement ou la présence d'un consentement vicié.
Sans parler du syndrome des femmes violentées, qui est reconnu par les tribunaux, cet expert aurait notamment établit certaines analogies avec les patients de professionnels de la santé qui sont victimes d'abus sexuels de leur médecin ou psychologue.
Or, le juge Lambert a refusé d'entendre cet expert sous prétexte que seul le tribunal était en mesure de juger de la crédibilité des plaignants et de la nature du consentement sur un plan légal.
Le contre-interrogatoire de M. Arbour devrait se dérouler aujourd'hui.