Étrangement, l'ancien avocat âgé de 50 ans affichait un large sourire lorsqu'il a été amené dans le box des accusés avec son petit sac de voyage, tout de suite après la sentence rendue par le juge Claude C. Gagnon au palais de justice de Québec.
Au dire de son avocat Me Marc Labelle, il est tout simplement soulagé de pouvoir enfin tourner la page sur cette histoire.
«Il est en paix avec lui-même. Il va enfin pouvoir entamer une nouvelle phase de sa vie», a-t-il expliqué. Autrefois si bavard avec les journalistes, Roger Bellemare a en effet fait preuve d'une grande discrétion hier, refusant d'accorder toute entrevue. Il est d'ailleurs apparu nerveux et inquiet en dépit de son sourire.
«C'est l'inconnu pour lui. Il ne faut pas oublier que c'est un citoyen comme vous et moi qui ne connaît pas l'univers carcéral. Il ne sait pas où il va purger sa peine encore et comment ça va se passer. Il aimerait ne pas être trop loin de ses enfants», a ajouté Me Labelle.
Dans un premier temps, Roger Bellemare sera conduit au centre régional de réception où son dossier sera évalué. Selon toute vraisemblance, il devrait ensuite être conduit dans un pénitencier à sécurité minimum comme celui de Laval ou de Drummondville.
La sentence dont il écope est de 42 mois de prison, mais comme il a déjà purgé un mois de détention préventive, ce qui équivaut au double, il lui reste 40 mois de prison à purger. Vu qu'il n'a pas d'antécédents judiciaires, il devrait être admissible à une libération conditionnelle au sixième de sa sentence.
Pour certains observateurs, cette sentence est considérée trop peu sévère compte tenu de la gravité du crime. Me Labelle n'est pas de cet avis.
«Nul n'est à l'abri de la loi. Il paie le gros prix sur un plan personnel et professionnel. Il a perdu sa carrière, son droit de pratique pour cinq ans, sa vie personnelle est stigmatisée et il est ruiné. La sentence tient compte des pertes collatérales. Il ne faut pas oublier non plus qu'en plaidant coupable, il a sauvé un procès», a souligné l'avocat.
Même son de cloche du côté du procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Nicholas Poulin.
«C'est une peine appropriée qui s'inscrit dans l'éventail des peines imposées à des avocats qui ont commis des crimes. En plus, Roger Bellemare a vendu un kilo de cocaïne et non pas 50 kg comme on a pu le croire au début. Il disait en avoir 50 à sa disposition mais un seul kilogramme a été écoulé», a-t-il mentionné.
Les deux avocats n'ont d'ailleurs pas manqué de souligner au juge Gagnon que Roger Bellemare était un néophyte en matière de trafic de stupéfiants, et ce, même s'il a défendu plusieurs motards au cours de sa carrière.
«Il ne savait même pas le prix d'un kilo de cocaïne. Et dès que ça s'est compliqué, il a dit à ses associés de régler ça entre eux, car il voulait se retirer», a précisé Me Labelle.
On se rappellera que Roger Bellemare avait été arrêté en mai 2006 à la suite d'une enquête menée par l'Escouade régionale mixte de police.
Pour le coincer, on n'avait pas lésiné sur les moyens: surveillance vidéo, filature et écoute électronique. On avait surtout réussi à convaincre son frère Luc Bellemare de le piéger en portant un système d'écoute électronique. L'ordonnance qui nous interdisait de le nommer a été levée hier.
Au fil des jours et des semaines, les enquêteurs de l'ERM ont donc pu accumuler une preuve importante. C'est ainsi qu'au début de mars 2006, Roger Bellemare a demandé à son frère de contacter un gars de Québec pour lui offrir d'acheter 50 kilos de cocaïne.
Le prix de vente a finalement été fixé à 31 500 $ le kilo. Le 18 avril 2006, une transaction a eu lieu à Repentigny mais seulement pour un kilo de cocaïne. L'avocat a ensuite été arrêté.