Lévesque défie le Groupe des sept

Le maire de Trois-Rivières, Yves Lévesque, commence à en avoir bien assez du dysfonctionnement du conseil municipal.

Le maire de Trois-Rivières, Yves Lévesque, commence à en avoir bien assez du dysfonctionnement du conseil municipal et de ce qu'il estime être une volonté politique des conseillers du Groupe des sept de mousser la controverse. Parce qu'il estime que la population est maintenant en mesure de voir les réels intérêts de ce groupe de conseillers, il se dit prêt à mettre son siège en jeu, à condition que les sept élus en fassent autant.


Yves Lévesque ne cachait pas son exaspération, mardi soir, à l'issue de l'assemblée régulière du conseil municipal, après que les conseillers André Noël, Sylvie Tardif, Catherine Dufresne, Marie-Josée Tardif, Alain Croteau, Marie-Claude Camirand et Françoise Viens eurent déposé un projet de résolution demandant la tenue d'une commission d'enquête sur l'administration du Comité des fêtes du 375e.

«Ce n'est plus drôle, ce qu'ils font. Ce n'est pas sain, dans une organisation, d'avoir des administrateurs qui agissent comme ça, en tentant de salir l'image de la Ville et de ralentir nos projets de développement. Ils disent agir au nom de la démocratie et de l'intérêt de la population, mais c'est de la politique qu'ils font. Un moment donné, c'est assez», explique le maire.



Hier, il a réitéré qu'il était prêt à démissionner et à forcer la tenue d'une élection anticipée à la mairie, à laquelle il serait candidat. À condition bien sûr que les conseillers du Groupe des sept en fassent autant. «Les masques sont tombés. La population sait maintenant de quel côté ces gens-là penchent. Moi je suis prêt à y aller, s'ils y vont eux aussi», insiste-t-il.

Yves Lévesque fait ici référence au fait que lors de la dernière campagne électorale, certains candidats aujourd'hui associés au Groupe des sept n'avaient pas laissé paraître leurs couleurs et leurs allégeances. Maintenant, estime-t-il, les conseillers se sont identifiés et il est plus que jamais nécessaire «d'être honnête avec la population», évoquant au passage les liens qu'il considère «évidents» entre ce groupe de conseillers et le parti politique Force 3R.

«Moi, mon discours a toujours été le même qu'en 2002. Mes défauts sont les mêmes, mes qualités sont les mêmes, ma vision, mes valeurs et mes objectifs sont les mêmes. Ça n'a pas changé. Eux autres, ils se sont regroupés après l'élection et ils nous empêchent constamment d'avancer. Ce que je trouve dur, c'est de voir que des gens vont à l'encontre de l'intérêt de la population pour des considérations purement politiques», plaide le maire.

Il estime qu'au cours des derniers mois, les conseillers du Groupe des sept ont été «très durs envers l'administration municipale et les fonctionnaires». «Notre devoir d'élu, ce n'est pas de dire aux fonctionnaires de virer à gauche ou de virer à droite. On a de très bons employés et ils savent ce qu'ils font. C'est eux autres qui ont les compétences», note-t-il.



Déplorant le fait que les assemblées publiques aient pris une tournure politique et partisane, le maire estime maintenant que «c'est de moins en moins évident d'avoir le goût d'aller aux séances du conseil et de vivre des situations comme ça». Il se dit disposé à débattre de questions ou à recevoir des propositions intelligentes «dans un contexte de débat franc et honnête» et non dans une situation d'«hypocrisie».

Yves Lévesque admettait hier que s'il avait fallu que les protestations du Groupe des sept aient eu raison de Steve Dubé dans ses nouvelles fonctions de directeur général de la Corporation de l'amphithéâtre, il n'aurait pas hésité à tout laisser tomber.

«J'étais prêt à lâcher ma job s'ils avaient trouvé un moyen de mettre Steve Dubé dehors. J'ai confiance en ce gars-là. Il nous a prouvé qu'il peut donner des résultats quand on lui confie quelque chose», tranche le maire. Sur la question des états financiers du 375e, Yves Lévesque insiste une fois de plus sur le fait que le vérificateur y a eu accès, qu'il les a scrutés et qu'il les a vérifiés sans réserve.

«Mais les gens du Groupe des sept semblent éprouver une certaine jouissance quand il y a du cafouillage ou qu'ils peuvent sortir quelque chose de négatif. C'est ça qui devient tannant», conclut-il en louangeant au passage le travail des huit conseillers qui lui sont fidèles et qui, selon lui, «se tiennent debout malgré les tempêtes».

Alarmisme

«C'est une réaction extrême. Au lieu d'aller dans la tragédie, comme il le fait, pourquoi il n'essaie pas de rallier, de travailler ensemble, de créer des ponts de temps en temps?»



La conseillère du district Marie-de-l'Incarnation, Sylvie Tardif, estime que la sortie d'Yves Lévesque, qui se dit prêt à mettre son siège en jeu à condition que les conseillers du Groupe des sept en fassent autant, n'est qu'une façon de tourner au drame une situation pour laquelle il y aurait des solutions beaucoup plus simples.

Elle et ses collègues Marie-Claude Camirand (district de Chavigny) et Marie-Josée Tardif (district des Plateaux) rejettent l'idée de déclencher une nouvelle élection à la mairie et dans sept districts.

«Il n'est pas question de retourner en élection. Ce serait encore dépenser de l'argent pour rien», déplore Marie-Josée Tardif. «Qu'il pile sur son orgueil et qu'il travaille avec nous, de temps en temps», insiste pour sa part Marie-Claude Camirand.

Dans son discours hier soir lors de l'inauguration de Boréalis, le maire Lévesque a fait allusion à quelques reprises à la situation politique tendue au conseil.

«C'est déplorable de se servir d'une fête comme aujourd'hui pour passer des messages comme ça», déplore Sylvie Tardif en ajoutant que les conseillers du Groupe des sept avaient toujours appuyé le projet Boréalis.

Les conseillères déplorent en fait que le maire n'ait pas su faire la lecture appropriée de la situation actuelle au conseil et au sein de la population.

«Il y a quatre ans, la population était restée derrière lui. Il a fait cette lecture-là et a continué à agir comme il le souhaitait. Mais ça a changé. Les perceptions ne sont plus les mêmes», conclut Marie-Josée Tardif.