La direction de la santé publique de l'Agence de santé et des services sociaux a annoncé hier qu'elle implante une ordonnance collective pour les gommes, les pastilles, les timbres et les inhalateurs (lorsque ceux-ci sont couverts par une assurance privée).
Cela veut dire que les pharmaciens peuvent appliquer cette ordonnance collective, ce qui permet aux fumeurs d'être remboursés par le régime d'assurance médicaments québécois ou par leur assurance privée sans avoir une prescription médicale. Cette ordonnance est valable pour 12 semaines consécutives.
«Il y a 26 % de la population de 12 ans et plus en Mauricie et au Centre-du-Québec qui fument, soit 114 000 personnes (en 2007-2008). Tous les moyens pour aider l'accès aux services vont permettre de réduire cette proportion», croit le docteur Gilles Grenier, directeur de la santé publique.
La région emboîte le pas à d'autres secteurs québécois qui ont adopté cette mesure il y a quelques années. De toute évidence, la région était rendue à cette étape de lancer cette ordonnance collective.
«L'ordonnance collective est à Montréal, à Québec et dans d'autres régions. Il y a une amélioration concernant les consultations en pharmacie et les consultations dans les centres d'abandon du tabac», ajoute le docteur Grenier.
La direction de la santé publique n'a pas fixé d'objectif quant au taux de réduction du tabagisme à la suite de l'application de cette mesure. Selon le docteur Grenier, la recette idéale pour diminuer le tabagisme est de combiner les thérapies de remplacement de la nicotine avec les services d'accompagnement comportemental, disponibles en pharmacie et dans les centres de santé et des services sociaux de la région.
«Le taux de succès (d'abandon du tabagisme) est de 10 % pour les gens qui le font sans aide. Avec une thérapie de remplacement de la nicotine, c'est 20 %. Avec l'aide comportemental, c'est 26 %. En combinant la thérapie de remplacement avec l'aide comportemental, c'est 30 % à 40 %.»
Selon des données fournies par le directeur de la santé publique, le tabagisme est responsable de plus de 85 % des cas de cancer du poumon et de 30 % des maladies cardiovasculaires.
Pilule du lendemain et poux
D'autres ordonnances collectives pourraient suivre celle qui est appliquée pour les thérapies de remplacement de la nicotine. La pilule du lendemain et les traitements contre la pédiculose (infestation de poux) sont les deux dossiers qui pourraient être réglés à moyen terme par la direction de la santé publique.
Les jeunes fument moins
Les adolescents de la Mauricie et du Centre-du-Québec sont moins nombreux à consommer des produits du tabac.
Il y a quelques années, on avait assisté à une recrudescence du nombre de jeunes fumeurs. Les filles étaient particulièrement friandes de produits du tabac, alors que les cigarillos avaient un certain attrait auprès de la jeune clientèle en général.
La situation s'est toutefois résorbée, autant dans la région qu'à l'échelle québécoise, si on se fie aux résultats d'une enquête menée par Statistique Canada. En 2000-2001, 22,4 % des jeunes de 12 à 19 ans fumaient en Mauricie et au Centre-du-Québec. En 2007-2008, cette donnée était de 13,8 %. Au Québec, pour les mêmes années, l'écart passe de 26,5 % à 15,4 %.
Selon le docteur Gilles Grenier, directeur de la santé publique en Mauricie et au Centre-Québec, cette baisse est attribuable entre autres par la mise en place de différents programmes.
«Il y a les cours d'école sans fumée et il y a aussi la Gang allumée», constate le docteur Grenier, à propos de ce programme qui rassemble des fumeurs et des non-fumeurs qui organisent différentes activités de prévention et de diminution du tabagisme dans les écoles et les maisons de jeunes.
L'interdiction de vendre des produits du tabac aux personnes de moins de 18 ans a peut-être un effet sur cette diminution. Il faut toutefois garder en mémoire la présence des réseaux de contrebande qui offrent des cigarettes à très bas prix.
La nouvelle ordonnance collective qui prévoit le remboursement de certaines thérapies de remplacement de la nicotine ne s'applique qu'aux personnes majeures. Pour les mineurs, ceux-ci doivent consulter un médecin avant de suivre une telle thérapie, étant donné certaines contre-indications d'utilisation des timbres et autres pastilles.
Il y a cependant une hausse du nombre de fumeurs chez les jeunes adultes de la région. De 2000-2001 à 2007-2008, la proportion de fumeurs âgés de 20 à 24 ans a grimpé de 35,2 % à 37,1 %. Au Québec, le taux a diminué de 36,4 % à 33,2 %. Dans toutes les autres catégories d'âge, les proportions de fumeurs sont en régression.