Il y a déjà eu plus de 500 ormes dans le parc de trois hectares, mais, depuis des décennies, la maladie hollandaise gagne du terrain, contaminant 3 % des ormes annuellement.
Une progression rapide, selon André Robitaille, propriétaire de l'entreprise Service d'arbres Rodec en charge du contrat d'entretien.
«Autant d'ormes sur un si petit territoire, c'est parfait pour la propagation de la maladie», explique M. Robitaille. Des 200 ormes plantés par les oblats au début du siècle, il n'en reste qu'une trentaine.
Les spécimens âgés étant plus fragiles, ils représentent un abris pour les insectes, des scolytes, qui transmettent les champignons. Ceux-ci envahissent rapidement l'arbre, dont les feuilles, puis les branches, s'assèchent.
Dès qu'il est atteint, l'arbre doit être abattu, afin que les insectes ne contaminent pas les arbres voisins. Si parfois l'élagage permet de gagner du temps, il n'existe à ce jour aucune cure contre cette maladie qui décime les ormes au Québec, depuis 1944.
André Robitaille avait peu d'espoir pour la pérennité de cette essence dans le parc et il avait même conseillé aux oblats de cesser d'en planter.
«Une solution aurait été de diversifier les espèces du parc. Mais, pour les oblats, l'orme est un symbole de leur arrivée et ils veulent en conserver autant que possible», souligne-t-il.
C'est en discutant avec Guy Bussières du Département des sciences du bois et de la forêt de l'Université Laval que le spécialiste découvre l'existence d'un traitement préventif qui, comme un vaccin, est injecté dans le cerne annuel du tronc.
M. Bussières en faisait lui-même l'essai cet été sur le territoire de l'université. Une injection chaque printemps protégerait l'arbre pour toute l'année.
«Pour l'instant, on croit que ça marche. Des 86 arbres qui ont reçu le traitement, seulement deux sont morts. Ils étaient probablement déjà infectés avant le traitement, mais comme il n'y avait que des bourgeons, nous n'avons pas vu qu'ils étaient malades», explique M. Robitaille. «L'an prochain, nous pourrons vraiment dire si ça a fonctionné», prévoit-il.
Un sursis pour les peupliers
Le pronostic n'était pas bon l'été dernier quand Gaétanne Tremblay, responsable des jardins du sanctuaire, a appris que ses peupliers de Lombardie étaient touchés à divers degrés par le chancre docthichizéen, une maladie incurable qui cause le dépérissement graduel des branches. Il s'en est fallu de peu pour que les 125 arbres soit abattus.
Heureusement pour la responsable, le plan de sauvetage d'André Robitaille, qui consistait à abattre un arbre sur deux afin de stopper la propagation de la maladie, a bien fonctionné.
«Ça a permis d'éloigner les arbres pour éviter la contagion, explique Robitaille. Les arbres devraient rester en santé une bonne dizaine d'années. Ils vont continuer à grossir et quand ils se toucheront de nouveau, il faudra voir si on doit en abattre d'autres», projette-t-il.
Pour l'instant, la soixantaine d'arbres se dressent encore, tel un écran, devant l'usine Cascades Lupel.