Selon ses propos, il était victime de harcèlement de la part de ses patrons. Il avait alors demandé l'aide de son syndicat mais, selon lui, il n'a rien fait pour le défendre. C'est finalement un agent de probation qui l'a convaincu de cesser momentanément son travail.
Un examen mené par un psychiatre pour le compte de la compagnie et qui a conclu à son incapacité à travailler en groupe lui a finalement valu son congédiement en décembre 2006.
On sentait hier, pendant son témoignage, que Richard Rhéaume vit encore aujourd'hui la perte de son emploi comme une blessure vive.
«J'étais un des meilleurs dans ce que je faisais», a-t-il mentionné à la juge Dominique Slater. Alors qu'il s'apprêtait à parler du cas de Pierre Lebrun, un employé d'OC Transpo d'Ottawa qui a tué quatre de ses collègues avant de se donner la mort, son avocat, Me Emmanuel Ayotte lui a dit de ne pas aborder ce sujet.
Lundi dernier, en après-midi, Richard Rhéaume aurait téléphoné au bureau du député Diamond pour lui demander de l'aide.
Il serait alors devenu agressif avec la dame qui lui avait répondu et lui aurait dit qu'il allait faire comme Pierre Lebrun et tirer sur le député de Maskinongé ainsi que celui d'Argenteuil, David Whissel, l'ancien ministre du Travail.
Il voulait aussi s'en prendre à des membres de son ancien syndicat. Lors d'appels au cours des dernières semaines, il aurait été agressif mais sans proférer de menaces.
Au moment de son arrestation, l'individu aurait dit qu'il allait vendre sa maison pour une somme d'environ 40 000 $ et qu'il allait s'équiper comme Rambo pour faire payer tous ceux qu'il rendait responsables de sa situation.
Richard Rhéaume vit aujourd'hui de l'aide sociale et peine à se trouver un emploi.
En 2002, a relevé Me Jean-Marc Poirier, procureur aux poursuites criminelles et pénales, cet homme a été impliqué dans une histoire de voies de fait avec lésions contre un collègue de travail dans une pizzeria. Il a été condamné à payer une amende de 600 $ trois ans plus tard.
Pour Me Poirier, bien que le prévenu n'ait pas d'antécédents psychiatriques et montre un comportement correct devant le tribunal, il convient de prendre ses menaces au sérieux.
«C'est d'autant plus grave qu'il est pleinement lucide et qu'il savait ce qu'il faisait», a-t-il plaidé en réclamant sa détention jusqu'à la fin des procédures.
«Il a épuisé tous ses recours légaux et ses menaces deviennent par conséquent très inquiétantes», a souligné Me Poirier.
Le procureur de Rhéaume a tenté d'atténuer la sévérité de la Couronne en disant que son client avait une adresse fixe, qu'il n'avait pas de véhicule, qu'il habite assez loin du député Diamond.
«Il était d'une certaine façon content de se faire arrêter pour enfin expliquer la nature de ses problèmes» a indiqué Me Ayotte en ajoutant qu'il n'avait jamais été détenu auparavant.
Me Ayotte a aussi fait dire à la policière Annie-Caroline Guay de la SQ qui a procédé à l'arrestation de son client que celui-ci sentait la boisson, mais qu'il n'était pas en état d'ébriété.
Richard Rhéaume a d'ailleurs déclaré qu'il prenait une petite bière de temps à autre, mais qu'il ne consommait ni médicaments ni stupéfiants.
La juge Dominique Slater s'est donné un temps de réflexion et fera savoir aujourd'hui si le prévenu offre des garanties suffisantes pour sa remise en liberté.