En conférence d'information jeudi matin, l'organisme a annoncé qu'il demanderait aux dirigeants d'entreprises de limiter les jeunes de 18 ans et moins qui n'ont pas terminé leurs études secondaires à un maximum de 16 heures de travail par semaine durant l'année scolaire. De plus, la CCIS souhaite que les employeurs ne sollicitent pas cette main-d'oeuvre après 22 h, du dimanche au jeudi.
Les gens d'affaires de Shawinigan sautent donc dans l'arène pour combattre le décrochage scolaire. Rappelons qu'à travers la province, tout près de trois élèves sur dix ne termineront pas leurs études secondaires dans les temps prescrits.
«Trente-six pour cent des garçons de moins de 20 ans quittent l'école sans diplôme et sans qualification», déplore Isabel Rouette, directrice générale de la CCIS. «Ces jeunes hypothèquent leur avenir. Une étude récente a démontré que les non-diplômés auront un manque à gagner de 439 000 $ au bout de leur vie active. C'est considérable!»
Le président de la CCIS, Donald Angers, a compris que les gens d'affaires devaient faire leur part quand il a entendu parler du cas d'une mère qui avait téléphoné à l'école pour exiger que son enfant quitte la classe à 15 h 30 pour lui permettre d'arriver au travail à temps. Pour lui, le décrochage scolaire se traduit inévitablement par un manque de main-d'oeuvre qualifiée, dans une région qui doit absolument relever ce défi pour l'avenir de son développement économique.
Évidemment, la Commission scolaire de l'Énergie souscrit à la démarche de la CCIS.
«Le décrochage, c'est une véritable catastrophe au plan social», indique la présidente de la CSÉ, Danielle Bolduc. «Comment pouvons-nous relever le défi de la prospérité économique sans compter sur une main-d'oeuvre qualifiée?»
Marc Brunelle, directeur de l'école secondaire du Rocher, observe qu'une «forte proportion» d'élèves travaillent plus de quinze heures par semaine, pour toutes sortes de raisons.
Contrairement à la croyance populaire, les résultats scolaires n'expliquent pas toujours le désintéressement qui mène au décrochage. M. Brunelle raconte l'exemple de cette étudiante qui réussissait très bien au secondaire, mais qui a finalement quitté prématurément les bancs d'école pour travailler à temps plein dans un commerce.
«L'appât du gain avait pris le dessus», se désole-t-il.
«Le fait qu'un élève travaille peut être louable», ajoute M. Brunelle. «Mais limiter ses heures ne peut qu'être bénéfique pour lui.»
Claude Baril, propriétaire du IGA Extra du Carré Trudel, s'était déplacé à cette conférence d'information pour appuyer l'initiative de la CCIS. Il croit même qu'il faut aller plus loin dans cette démarche.
En effet, il pense qu'en encourageant les jeunes à participer aux activités parascolaires, les employeurs permettraient aux étudiants de découvrir d'autres intérêts qui les retiendront peut-être à l'école.
«Le basket-ball ou le théâtre, c'est aussi important dans la formation d'étudiants», fait-il remarquer.