Guylaine Dufresne coupable de voies de fait

Guylaine Dufresne

Une ancienne propriétaire de garderie en milieu familial, Guylaine Dufresne, a été reconnue coupable d'avoir exercé des voies de fait avec lésions sur un bébé de 10 mois.


Le juge Pierre L. Rousseau de la cour du Québec à Trois-Rivières, a conclu que cette femme avait fait preuve d'impatience et d'excès de force en serrant les bras du bébé. Dix jours après cet incident, l'enfant portait encore des marques de doigts visibles sur les bras.

La procureure aux poursuites criminelles et pénales chargée du dossier, Me Hélène Carle, a demandé au tribunal une sentence de trois mois de prison. Elle a cependant laissé la discrétion au tribunal quant au fait de purger cette sentence derrière les barreaux ou en collectivité. Me Michel Lebrun, l'avocat de l'accusée, a pour sa part souhaité une absolution conditionnelle. Le juge, qui rendra sa sentence le 25 mai, a tout de même annoncé ses couleurs en déclarant qu'il n'accorderait ni une absolution ni une sentence de prison ferme.



Comme bien des gens, les parents de la petite victime se cherchaient désespérément une garderie pour leur petite fille de 10 mois. C'est ainsi qu'ils ont connu Guylaine Dufresne qui tenait une garderie en milieu familial. On était alors en juillet 2007. Même si, de l'avis de la mère, ce n'était pas exactement ce qu'ils cherchaient, l'endroit leur semblait adéquat. Le 23 août 2007, cinq semaines à peine après l'arrivée de l'enfant, la mère fut toute surprise de voir sa petite les yeux rougis et la mine triste. En arrivant chez elle, elle a constaté que son bébé présentait des ecchymoses sur les bras. La petite refusait qu'on la touche.

Comme l'a mentionné la mère en lisant une lettre au tribunal hier, «nous avons paniqué à l'idée que notre fille ait pu avoir été secouée ou maltraitée». En fait, selon la preuve soumise au procès, la petite avait souillé sa couche à la garderie à un moment où les parents s'apprêtaient à venir chercher leurs enfants. L'accusée a donc dû lui donner un bain rapidement. Elle racontera qu'elle était un peu choquée que tout arrive en même temps et qu'elle avait probablement serré trop fort les bras de la petite pour l'amener au bain. Plus tard, Guylaine Dufresne soutiendra que la petite n'aimait pas l'eau et qu'elle avait glissé trois fois. Le juge Rousseau a rejeté cette dernière version des faits en retenant plutôt que l'accusée avait implicitement admis qu'elle avait serré les bras trop fort.

Les séquelles physiques ont disparu au bout d'une quinzaine de jours. Mais au plan psychologique, c'est encore difficile. Selon la mère, l'enfant a dû se soumettre à une batterie de tests médicaux pour vérifier si elle n'avait pas d'autres problèmes. Si l'expérience a été pénible pour la petite, elle l'a été tout autant sinon plus pour les parents qui ont ainsi vu leur vie bouleversée. La mère a raconté que dans les semaines suivantes, l'enfant refusait de manger, pleurait beaucoup et avait une humeur maussade et irritable. «Elle faisait de grosses crises au moment des changements de couche, des repas et des bains puis elle se réveillait fréquemment la nuit en crise», a-t-elle précisé. Les parents se sont dit trompés par Guylaine Dufresne. Ils éprouvent encore aujourd'hui beaucoup de colère, de haine et de ressentiment mais aussi de la culpabilité. L'intégration à une nouvelle garderie n'a pas été simple pour les parents qui ont beaucoup de mal maintenant à faire confiance aux gens à qui ils confient leur enfant.

Quant à Guylaine Dufresne, Me Michel Lebrun a expliqué qu'elle n'avait jamais eu l'intention de blesser l'enfant. «Elle traversait de durs moments à cette époque avec son conjoint et un de ses enfants» a-t-il expliqué en ajoutant que dès qu'un dossier criminel avait été ouvert, sa cliente avait fermé sa garderie. Elle a depuis réorienté sa carrière. Pour Me Lebrun, une peine de prison anéantirait les chances de Mme Dufresne de continuer à refaire sa vie.

Le juge Rousseau a pris les arguments en délibéré.