La Régie se refait une santé financière

Après un déficit inquiétant de 2,1 millions $ en 2008, l'année 2009 se clôture avec un surplus de 1,7 million $ à la Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie.

La Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie se refait peu à peu une santé financière. Alors que l'année 2008 s'était soldée par un déficit inquiétant de 2,1 millions $ dû principalement à un manque de tonnage et à des problèmes de gestion, l'année 2009, elle, se clôture avec un surplus de 1,7 million $.


La Régie anticipe même un surplus d'exercice de 2 millions $, pour la fin de 2010, si la tendance se maintient. Selon le trésorier de la Régie, Richard Bacon, il faudra toutefois attendre 2011 avant que la situation financière de la Régie soit complètement rétablie.

La Régie avait fait piètre figure dans ses finances, en 2008, d'abord pour une question de déficit de tonnage, explique M. Bacon, «l'autre composante étant la vitesse à laquelle la Régie a fait avancer ses projets. Il y a eu plusieurs investissements qui, plutôt que d'être financés sur une période convenable, ont été payés comptant. La comptabilité municipale oblige à les porter aux résultats. Même si tu bâtis un édifice, s'il n'est pas financé, il passe comme une dépense de l'année», explique-t-il.



Le déploiement des centres de transbordement, ces installations utilisées par les municipalités clientes de la Régie pour concentrer les matières résiduelles de leur territoire destinées au LES de Saint-Étienne-des-Grès, s'est déroulé lui aussi trop vite.

«Le financement à long terme n'a pas été ce qu'il aurait dû être», analyse M. Bacon.

Le dossier Savoura fait lui aussi partie de ce débordement car «une partie des investissements ont pu être financés, d'autres non», ajoute-t-il. «Mais ce n'est pas l'élément principal», précise-t-il.

Le président de la Régie, Pierre Bouchard, admet que sans l'augmentation des tarifs pour l'enfouissement imposée pour 2010 et sans l'aide financière des municipalités de la région apportée au moment où le prix des matières recyclables s'était effondré, durant la crise de 2009, les états financiers de la Régie n'auraient pas pris un tel poil de la bête.



La Régie n'envisage pas officiellement de nouvelles augmentations en 2011, mais à ce propos, le trésorier se fait prudent. «On va être tenté de se reposer la question», nuance-t-il.

Bien que la taxe sur l'enfouissement soit passée de 36,91 $ à 49,70 $ en 2010, le président estime que les citoyens de la Mauricie sont quand même gagnants au change. «On est chanceux. Il y a des endroits où ils paient 100 $», fait-il valoir.

Malgré ce redressement des finances de la Régie, l'organisme doit quand même composer avec un lourd endettement de 67 millions $ qui lui vient principalement de l'expropriation de Waste Management.

Pas moins de 42 millions $ des 52 millions qui composent la dette pour le LES de Saint-Étienne-des-Grès seulement ont en effet été générés par ce dossier.

 

Défis et incertitudes



La Régie des gestion des matières résiduelles de la Mauricie entreprend l'année 2010 avec un lot important d'incertitudes sur son rôle et son avenir depuis que la ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs a annoncé, en novembre dernier, son projet de Politique québécoise sur la gestion des matières résiduelles.

Ce dernier prévoit en effet une mise en valeur accrue des matières résiduelles putrescibles, notamment par des techniques comme le compostage et la biométhanisation. Pour la Régie, cela signifierait moins d'enfouissement et qui dit moins d'enfouissement, dit moins de revenus.

Dans les circonstances, explique le directeur général de la Régie, Daniel Pépin, pas question pour la Régie de se positionner à l'aveugle «ou d'investir des sommes d'argent. Ça va trop vite dans le domaine de l'environnement», dit-il.

La Régie avait donné un contrat à la firme Raymond, Chabot afin de se faire accompagner dans la création d'une planification stratégique qu'elle pourra suivre pendant au moins cinq ans. En plus de cette firme, la Régie a aussi recours à un spécialiste reconnu en Amérique du Nord pour son expertise dans le domaine. «Au niveau de l'environnement et des matières résiduelles, on voulait être certain que l'information qui leur était fournie soit de première qualité», dit-il.

Le rapport est attendu en mai. «On veut investir les bons montants d'argent aux bonnes places», plaide M. Pépin.

Le dépôt du projet de politique de la ministre Line Beauchamp est arrivé dans le bon temps, fait-il valoir. «Ça nous interpelle beaucoup. La politique du gouvernement va amener de grands débats, de grandes questions, entre autre avec le bannissement de l'enfouissement des matières organiques. Toutes les régions ont un peu de misère à se positionner, à dire vers où on s'en va, comment on va y aller pour atteindre ces objectifs-là. Il y a de gros montants d'argent impliqués», explique le directeur général.

Postes de transbordement

Dans la foulée de l'assainissement de ses finances, la Régie est en train de procéder aussi à un réaménagement dans ses contrats de postes de transbordement au fur et à mesure que les contrats arrivent à échéance. Celui de La Tuque a été modifié et la Ville de Sherbrooke est en train d'étudier les propositions de modification. La Régie compte cinq centres de transbordement au Québec. La tarification demandée par la Régie varie en fonction du tonnage et de la distance.

Or, la gestion de ces centres, explique le directeur général est difficile et inefficace à faire à distance. Dans certains cas, ces centres ont coûté plus cher à gérer que les revenus qu'ils ont générés, explique M. Pépin. C'est pourquoi les nouveaux contrats qui seront signés avec les municipalités de l'extérieur seront progressifs et révisables, dit-il.