Qui plus est, lorsqu'un commerçant décide de leur faire peur, c'est lui qui doit faire face à la justice. Claude Désaulniers, propriétaire de Grand-Mère Auto Neige sur la 6e Avenue, se retrouve dans cette situation après avoir tiré deux coups de feu de semonce pour faire fuir un ou des voleurs qui s'étaient introduits dans son établissement de vente et de réparation d'outils et de machinerie.
Dans la nuit de mardi, un ou des individus ont fait voler en éclats une grande vitrine latérale du commerce pour s'emparer de scies à chaînes. On a réussi à en sortir une à l'extérieur mais pour des raisons qui restent à déterminer, l'équipement a été abandonné un peu plus loin. Des traces de sang ont aussi été trouvées à proximité.
M. Désaulniers avait déjà été victime d'un vol semblable il y a 15 jours. On lui avait alors volé trois scies à chaîne. Comme il habite au-dessus du magasin, Claude Désaulniers a entendu le bruit de fracas de la vitrine. Il se serait précipité avec un fusil et aurait tiré deux coups en l'air pour éloigner le ou les intrus. Deux douilles ont été retrouvées sur les lieux.
Au moment d'écrire ces lignes, les enquêteurs de la SQ de Shawinigan n'avaient pas encore mis le grappin sur les auteurs du vol. Ils ont cependant interrogé longuement M. Désaulniers.
Il a finalement été libéré sous promesse de comparaître au mois de mai. D'ici là, un rapport sera transmis à un procureur de la couronne qui verra s'il y a lieu de porter une accusation d'utilisation négligente d'une arme à feu. Rejoint hier soir à son commerce, Claude Désaulniers n'a pas souhaité commenter les événements.
Les commerçants du voisinage sont écoeurés de cette épidémie de vol. Jacques Leclerc et Lise Daneault qui tiennent le casse-croûte L'ami du passant disent qu'assez, c'est assez. «Si ça continue, les gens vont devoir se faire justice eux-mêmes», insistent-ils en ajoutant que Claude Désaulniers est un bon gars.
«Les gens de ce commerce, c'est du bon monde; ils ne méritent pas ça» déclare Jacques Leclerc. «Les voyous s'en donnent à coeur joie la nuit», soutient-il. Est-ce que le fait que la sécurité est assurée par la SQ depuis quelques années, au lieu de l'ancienne police municipale, contribue à ce qu'il y ait moins de surveillance? «Ils font leur possible mais ils ont moins de monde la nuit et ça, les voyous le savent» dit encore Jacques Leclerc.
Claude Daneault tient une bijouterie non loin des lieux du crime. Au fil des ans, le commerce familial a eu sa part de vols. «On a dû en avoir une dizaine depuis quelques années», souligne le propriétaire. Des barreaux de métal ont été installés pour éviter que les voleurs entrent dans le commerce.
«Dans ma vitrine, je mets des objets de moindre valeur. Le reste est gardé dans un lieu sécuritaire» explique-t-il en ajoutant que les voleurs ne reculent devant rien. Ainsi, une fois, ils ont utilisé un coupe-vitre muni d'une ventouse près de la serrure d'entrée. Et comme une bijouterie est un commerce à risque, le coût des assurances est exorbitant. «Ces vols font monter nos primes» déplore M Daneault.
Éric Bourassa qui dirige le Centre vidéo-jeux Grand-Mère a aussi eu droit au vandalisme de voyous. «Ils ont brisé une de mes grandes vitrines avec un marteau au mois de novembre», se souvient-il. Encore récemment, il a vu une bande de jeunes qui traînaient devant son magasin et qui s'amusaient à faire du bruit et toutes sortes de «niaiseries». «On en a tous assez de ces situations» a dit M. Bourassa.