Elle a notamment aménagé une salle de prière pour les musulmans au pavillon Léon-Provancher qui est ouverte de 8 h à 23 h. «Pendant le ramadan, on la laisse ouverte la nuit», raconte le directeur du Service aux étudiants, Marie-France Gagnier. «Il y a des tapis parterre. Quand c'est le ramadan, il y a des calendriers du coucher du soleil.»
D'ailleurs, Mme Gagnier a un jour remis ce calendrier à la cafétéria pour faire en sorte d'arrimer les heures du ramadan de la clientèle musulmane avec les activités et les horaires du service alimentaire.
C'est que les étudiants arrivaient affamés, après leurs journées de jeûne, mais personne, à la cafétéria, n'était au courant qu'ils étaient en plein ramadan. À l'heure où le jeûne était coupé, le personnel était déjà parti.
Non seulement cette coordination a été faite, mais cette année-là, on a même offert des dates, du lait et du pain aux étudiants musulmans, comme dans les pays du Magreb.
Quand l'UQTR accueille les nouveaux étudiants étrangers, un 5 à 7 est habituellement organisé. Mais en période de ramadan, explique Mme Gagnier, on fait plutôt un 7 h à 9 h, pour permettre aux étudiants musulmans de manger et boire aussi.
La communauté universitaire compte en moyenne 1000 étudiants étrangers chaque année et de l'avis de Mme Gagnier, environ 50 % d'entre eux sont probablement de confession musulmane, sans compter plusieurs professeurs qui le sont aussi.
À part une seule exception il y a quelques années, l'UQTR n'a enregistré aucune demande d'accommodements raisonnables pour des questions religieuses, raconte-t-elle. «C'est peut être parce qu'on a considéré que ça pouvait être des demandes acceptables, mais qu'on ne considérait pas que c'était des demandes d'accommodements au sens de la Commission. Peut-être qu'on a été prévoyant», analyse-t-elle.
Frédérik Farid Borel, qui est étudiant d'origine algérienne, musulman et vice-président académique 1er cycle à l'Association générale des étudiants, raconte qu'à sa connaissance, aucun problème d'accommodement raisonnable n'est jamais survenu à l'UQTR pour des questions de religion.
Le cas de la jeune musulmane au Cégep Saint-Laurent, estime-t-il, «est une exception et il ne faut pas amalgamer toute une communauté par rapport à ça».
À leur arrivée à l'UQTR, les nouveaux étudiants étrangers sont d'ailleurs avisés qu'ils ne peuvent faire de demandes de report d'examen pour des questions de fêtes religieuses.
«Dans ma pensée, s'il a une fête religieuse, je vais fêter, mais ça ne m'empêche pas d'aller faire mon examen parce que je trouve que ça a autant d'importance de réussir. Même dans la connotation musulmane, c'est important de travailler, de réussir, d'avoir du succès, d'être éduqué. Donc, je ne pense pas que ce soit une pratique comme telle de dire: là, c'est vendredi, donc tu ne fais pas ton examen», analyse Frédérik Farid Borel.
D'ailleurs, conclut-il, la religion musulmane comporte des mécanismes qui permettent de se reprendre par divers moyens si l'on n'a pas pu faire les pratiques recommandées. Comme quoi au sein même de cette religion, il y a aussi des accommodements raisonnables.
Un seul cas refusé
L'UQTR n'a eu, jusqu'à présent, à refuser qu'un seul cas d'accommodement basé sur la religion. Il s'agissait d'une étudiante québécoise au doctorat en chiropratique qui avait épousé un homme de confession islamique et d'origine étrangère.
Pendant l'été, le mari de cette étudiante a téléphoné à l'UQTR pour exiger que son épouse ne fasse pas d'examens sur des hommes et sur des jeunes garçons au cours de ses études en chiropratique.
Toutefois, le cursus de cette formation exige un certain nombre d'examens tant chez les enfants, chez les femmes adultes que chez les hommes adultes.
L'Université a donc refusé cette requête parce que pour avoir droit au diplôme et avoir un droit de pratique, l'UQTR doit s'engager à donner toute cette formation-là.
C'est la seule fois, de la mémoire du directeur du Service aux étudiants, Marie-France Gagnier, que l'UQTR a eu une telle demande en rapport aux pratiques religieuses et qu'elle a été refusée.