MAGALIE VAUDRIN
«J'essaie de me tenir loin»
Une récente étude menée par la firme Mustel Group estimait que 12 % de la population habitant Vancouver avaient l'intention de quitter la ville durant les Jeux olympiques, en prenant des vacances pour toute la durée ou une partie des jeux. Si elle avait pu se libérer du travail, Magalie Vaudrin aurait certainement appartenu à ce groupe.
Native de Trois-Rivières, Magalie Vaudrin a quitté le Québec pour Vancouver il y a neuf ans. Ce qui n'était au départ qu'un court voyage pour apprendre l'anglais s'est finalement transformé en grande aventure, si bien que son frère et ses parents ont décidé de l'imiter et d'aller s'y installer aussi.
Mais les Jeux olympiques à Vancouver, ce n'est pas trop sa tasse de thé. «J'ai vu plusieurs reportages à la télé avant que ça commence, et je ne suis pas excitée plus qu'il faut. C'est tellement occupé partout, et il n'y a pas de neige. Je ne suis pas trop dans l'ambiance et j'essaie de me tenir loin», lance-t-elle, en ajoutant que sur le plan économique, certaines personnes ressentent aussi de la frustration.
«Avec tous les coûts qui sont reliés à ça, on peut aussi se demander si on aurait pas pu faire autre chose de cet argent», se questionne Magalie.
Une de ses amies a d'ailleurs réussi sans aucune difficulté à louer son condo pour les deux semaines que durent les jeux. «Elle a pu avoir 8000 $ pour deux semaines. Avec cet argent, elle a pris ses vacances et est partie en voyage en Thaïlande. C'est fantastique pour elle. Si j'avais pu prendre des vacances aussi, je crois que c'est ce que j'aurais fait», signale la jeune femme.
Or, Magalie travaille pour une compagnie de transport en commun à Vancouver et s'assure que tous les véhicules fonctionnent bien. Difficile de prendre des vacances au moment où les transports en commun sont sollicités de la sorte.
La Trifluvienne compte tout de même aller se promener au moins une fois en ville, histoire de voir les différents pavillons installés au centre-ville et les kiosques proposés au public.
DOMINIC THERRIEN
Plusieurs Vancouvérois restent à la maison
En 2008, Dominic Therrien habitait à Pékin et a été témoin de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'été. En 2010, il est maintenant établi à Vancouver et a pu vivre la même chose. N'allez pourtant pas croire que l'homme originaire du secteur Cap-de-la-Madeleine se promène à travers le monde en quête des Jeux olympiques. C'est plutôt le hasard, ainsi que son travail d'avocat en droit de l'immigration, qui lui ont permis de vivre ces deux expériences.
«À Pékin, le soir des cérémonies d'ouverture, on se promenait dans la rue et c'était désert. Des rues désertes à Pékin, c'est plutôt rare. Mais ce soir là, tous les Chinois étaient rivés à leur écran de télévision. Pour eux, c'était plus qu'un événement historique, c'était l'entrée de la Chine dans la cour des grands», se souvient Dominic Therrien.
À Vancouver, l'ambiance qui a précédé l'ouverture des Jeux olympiques était un peu différente, remarque l'avocat. «Il y a eu beaucoup de débats, beaucoup de critiques sur l'arrivée des jeux. Certains groupes tenaient des discours politiques et sociaux, à savoir qu'on aurait pu faire autre chose avec cet argent-là. Mais en 2003, il y a eu un référendum pour connaître l'opinion des citoyens et ça a été positif. On remarque toutefois que les débats et les critiques ont diminué depuis l'ouverture des jeux», explique M. Therrien.
Ce dernier habite avec sa famille en banlieue de Vancouver, à Coquitlam. La banlieue, elle, est plutôt épargnée ces jours-ci. Mais quand on travaille au centreville, comme Dominic Therrien, on voit la différence. «On essaie de réduire nos déplacements au maximum car il y a énormément de monde. Mais l'ambiance est bonne, les gens sont de bonne humeur», signale-t-il.
Pourtant, à Vancouver, on se questionne encore sur les véritables retombées économiques pour les petits commerçants locaux. «En allant me chercher un sandwich au coin de la rue l'autre jour, le propriétaire du restaurant me disait qu'il avait beaucoup de touristes, mais que sa clientèle régulière avait déserté les lieux. Les affaires ne sont pas vraiment meilleures car les habitués restent chez eux», lance-t-il.
Mais M. Therrien n'a pas manqué sa chance d'assister au hockey masculin, alors qu'il a pu mettre la main sur des billets pour le match opposant l'Allemagne à la Biélorussie, dimanche.
VÉRONIQUE SAINT-ANTOINE
La culture québécoise bien représentée
À Vancouver, c'est la victoire d'Alexandre Bilodeau en ski acrobatique qui a véritablement donné le coup d'envoi à la fièvre olympique des Canadiens. Ça, Véronique Saint-Antoine l'a ressenti aussitôt. La Trifluvienne de 27 ans qui habite l'Ouest canadien depuis trois ans et demi ne cache pas qu'elle en a elle-même été bien fière.
«Les gens qui savent que je suis Québécoise m'arrêtaient et me disaient: «Merci pour Alexandre!» C'était un peu surréaliste! Le Québec est devenu comme le grand sauveur des jeux grâce à Alexandre Bilodeau», souligne Véronique.
La Trifluvienne a déménagé à Vancouver il y a trois ans et demi pour occuper un travail en gestion de projet et en traduction. Depuis le début des jeux, elle se fait un devoir de participer aux manifestations sportives et culturelles dans la ville. «On a vu plein de spectacles, Karkwa, Malajube, il y a aussi Robert Charlebois qui s'en vient. C'est un plus pour Vancouver, car en temps normal, ce n'est pas une ville qui est très axée sur la culture. On en profite», explique Véronique.
Le visage de Vancouver a changé au cours des derniers mois, remarque la jeune femme. «On a vu de gros travaux se compléter pour élargir l'autoroute qui va vers Whistler, ou encore pour le Skytrain. Après ça, on a vu les bannières olympiques faire leur apparition, puis les délégations arriver», explique-t-elle.
Depuis trois semaines, la ville a changé de couleurs. «On avait l'habitude d'entendre du Mandarin, mais quand les délégations ont commencé à arriver, ça parlait Russe, Italien, Allemand... C'est un des rares moments où les gens sont fiers d'afficher leurs couleurs. Ici, c'est normal de se promener dans la rue enroulé dans le drapeau de son pays ou de se mettre à chanter son hymne national. C'est toute une ambiance», raconte Véronique.
Cette dernière a d'ailleurs eu la chance de pouvoir acheter des billets pour le match de hockey masculin opposant la Finlande à l'Allemagne, vendredi. «On peut dire que c'est une chance. Il y a un an et demi, ils ont tenu une loterie ici, à Vancouver, et j'ai été l'une des gagnantes. Mais je n'ai pas gagné les billets, j'ai gagné le droit de les acheter. L'engouement est tellement grand», signale-t-elle.
ÉLYSE MAILHOT
«Il y aura avant 2010 et après 2010»
Personne n'aura besoin de travailler bien fort pour convaincre Élyse Mailhot que la venue des Jeux olympiques à Vancouver fera grandir la ville et tout l'Ouest canadien au cours des prochaines années. Cette Trifluvienne d'origine habite Vancouver depuis plus de vingt ans, après qu'une certaine Nancy Greene l'ait prise par la main pour aller travailler dans un hôtel de Whistler.
Depuis le milieu des années 90, Élyse Mailhot travaille pour la Commission canadienne du tourisme. Pour elle, les deux dernières années ont été consacrées à la venue des Jeux olympiques à Vancouver.
«Moi, je vois les jeux s'en venir depuis longtemps. Je me souviens qu'à mon arrivée à Whistler (en 1987), on parlait déjà d'avoir les Jeux olympiques un jour. Mais pour les citoyens d'ici, ça s'est fait graduellement. Même que les informations concernant l'organisation en ville n'ont commencé à sortir qu'en décembre ou janvier», fait remarquer Mme Mailhot.
Ainsi, depuis l'ouverture des jeux, Élyse Mailhot remarque que ses compatriotes en profitent de plus en plus. «La ville est très organisée, mais ce n'est pas le chaos. Je crois que les gens réalisent que c'est une occasion unique qui ne reviendra pas», confie-t-elle.
C'est notamment pourquoi Élyse s'est dite un peu froissée en apprenant que des articles publiés au Québec présentaient un angle négatif de la présence francophone à Vancouver. «Au contraire, nous n'avons jamais eu autant de programmation francophone de notre vie. C'est une occasion en or de se faire connaître, et le Québec prend toute sa place dans les rues, que ce soit par la Maison du Québec, les spectacles, les athlètes... Pour ma part, je trouve que c'est un magnifique tremplin pour la francophonie et qu'on se rend compte ici que l'union fait vraiment la force», mentionne Élyse Mailhot.
C'est donc avec une vision très positive qu'Élyse préfère regarder les retombées d'un tel événement pour cette ville qu'elle aime tant. «Il y a eu un effort monumental pour que ça puisse voir le jour, mais à mon avis, ça fera grandir Vancouver et aussi la communauté francophone de l'Ouest canadien à un autre niveau. On le sent déjà, sur la ligne du temps, il y aura avant 2010 et après 2010», avance la Trifluvienne.
JULIE COSSETTE
MARTIN PRUD'HOMME
«On entend l'hymne national à tous les coins de rues»
Julie Cossette a eu du pif, il y a quelques semaines, en achetant des billets pour la cérémonie de la remise des médailles de l'épreuve de ski acrobatique à Vancouver. Cette Trifluvienne qui habite l'Ouest canadien depuis quelques mois déjà était aux premières loges pour voir Alexandre Bilodeau remporter la toute première médaille d'or canadienne de ces jeux.
«Je voulais assister aux spectacles lors de la journée du Québec. J'ai eu de la chance, j'ai assisté à ça. C'était bourré de monde, les gens étaient tellement fiers», se souvient-elle.
L'aventure de Julie Cossette et Martin Prud'homme à Vancouver a débuté en mai dernier, quand Martin a été transféré là-bas pour y occuper un emploi de facteur chez Postes Canada. Quelques mois plus tard, après avoir été transférée par Parcs Canada vers ses bureaux de Vancouver, Julie est allée le rejoindre. Le couple habite maintenant Vancouver et Julie travaille au centre-ville.
La ville avait beau se préparer pour les jeux depuis plusieurs années, la vie a changé depuis les derniers jours pour les résidents de Vancouver. «On nous encourage à changer nos horaires de travail pour éviter d'être dans le trafic durant les heures de pointe. Pour les prochains jours, je travaille de 7 h du matin à 2 h ou 3 h de l'après-midi. Il y en a qui vont travailler de la maison, d'autres qui ont carrément pris leurs vacances durant cette période et qui ont quitté pour le sud car ils n'avaient pas envie de vivre la cohue. On a vu un reportage à la télé locale l'autre jour qui montrait qu'à l'aéroport, il y a autant de départs que d'arrivées», souligne Julie Cossette en riant.
Mais pour le couple, pas question de s'éloigner de la ville durant les olympiques! «Au contraire, on se promène à tous les jours. On va visiter les différents pavillons, il y a des spectacles gratuits dans les rues. C'est comme si c'était un énorme festival. On entend l'hymne national à tous les coins de rues. On peut dire que les gens sont fiers, et c'est toute une expérience que d'en être témoin», ajoute Julie.
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