La scène se déroule au sous-sol du Centre Christ-Roi de Shawinigan, samedi soir. De ce côté, la Fédération canadienne de lutte (FCL) tient un gala de façon mensuelle. En février, le public était convié pour ce que l'on a baptisé «la Saint-Valentin fatale».
Quelque 150 personnes y étaient réunies, scandant les noms des lutteurs et quelques insultes au passage, comme le veut le spectacle. Au sein du groupe de partisans, se trouvaient bien sûr des jeunes et moins jeunes, quelques familles, mais aussi plusieurs couples.
Mais qu'est-ce qui peut bien les attirer en cette veille de la fête de l'amour? «Ça fait deux ans qu'on vient ici tous les soirs de gala. On aime ça, on vient ici pour le divertissement, pour le spectacle. La Saint-Valentin, on aurait pu la fêter hier ou demain», disait Josée Boucher.
La dame se trouvait aux côtés de son conjoint Richard Pronovost, à quelques mètres à peine du ring et des lutteurs qui s'y affrontaient. Pas question pour elle de manquer le rendez-vous.
«Je regardais la lutte avec mon père quand j'étais jeune. Les gens disent que c'est violent, mais ils ne comprennent pas bien ce que c'est», insistait celle qui a eu les yeux rivés sur les pirouettes et (fausses) ruées de coups échangés entre les belligérants, pour la plupart des acteurs locaux.
Les jeunes tourtereaux aussi ont répondu à l'appel. Le romantisme était relégué au lendemain pour Stéphane Pratte, 26 ans. «La lutte c'est ce soir, les becs ce sera demain», rigolait-il.
Sa copine acquiesçait. Assister à cette soirée de lutte n'était en rien un supplice.
«Je trouvais que c'était une façon originale de passer notre soirée ensemble. Alors, j'étais contente quand mon chum m'a dit qu'on pouvait avoir des billets», confiait Karol-Anne Bacon.
Un mouvement underground
Certes, dans la région, la lutte demeure un phénomène plutôt méconnu. La FCL a d'ailleurs son bassin de fans réguliers, lesquels remplissent le Centre Christ-Roi chaque mois. Et le réseautage se fait essentiellement via le web.
Mais les intervenants qui tiennent à bout de bras cette fédération n'aiment pas l'étiquette qui colle à la peau de ce sport. «C'est vrai que c'est underground et qu'il y a des préjugés. Mais ce que je dis aux gens, moi, c'est de venir voir le produit», fait valoir le commissaire Dany Aubry.
Dans les faits, plus d'une trentaine de bénévoles supportent cet organisme responsable tant des galas de lutte que de l'école qui entraîne les mordus.
«Ce qu'on veut, c'est encourager les talents locaux. Ce sont des trippeux ces gens-là. Mais est-ce qu'on voudrait élargir ? C'est sûr», poursuit le responsable de la FCL.