La petite Manuela est enfin arrivée

Chantal Périgny a enfin retrouvé sa petite Manuela. Ses trois enfants, Amély, Miriam et Rosa-Lee ont accueilli avec joie leur petite soeur d'Haïti.

Sylvain Ricard et Chantal Périgny ont poussé un gros soupir de soulagement lorsque le Airbus A330 transportant leur petite Manuela, adoptée d'Haïti, a enfin touché le sol à 13 h 40, à l'Aéroport international d'Ottawa, hier.


Accompagné de leur trois autres filles, Amély, 16 ans, Miriam, 14 ans, et Rosa-Lee, 10 ans, adoptée en 2000, le couple de Shawinigan attendait ce jour depuis 26 mois.

«C'est un moment inoubliable», a dit Mme Périgny, pendant que Manuela, 3 ans, les yeux grands, agrippait un micro. «Les deux dernières semaines ont été interminables. C'est comme si la pression est tombée d'un coup sec. Il y avait une montée de violence en Haïti et on était inquiet tant que Manuela n'était pas sortie. On pense aussi au peuple haïtien qui nous a donné cette belle cocotte.»

Larmes de joie et embrassades ont envahi le Hangar numéro 1 à l'aéroport d'Ottawa. Manuela Ricard était parmi les 52 enfants adoptés d'Haïti, âgés de 6 mois à 18 ans, qui sont arrivés au Canada. Vingt-quatre d'entre eux s'en vont au Québec.

«Il y avait un grand silence quand l'avion est arrivé. Les gens étaient silencieux; excités, mais silencieux, calmes. Tout le monde avait hâte de voir son enfant», a expliqué Sylvain Ricard.

«C'est très émouvant, quand tu attends depuis deux ans et demi, trois ans, ce sont des moments qu'on va garder toute notre vie. Nous sommes très contents qu'elle soit en sécurité ici au Canada. On était très inquiet avec le tremblement de terre. On ne savait pas si elle avait assez de nourriture et d'eau», a-t-il confié.

Le couple Ricard-Périgny a remercié l'organisme québécois Soleil des nations et sa responsable, la Trifluvienne Ginette Gauvreau, qui travaille en Haïti pour l'adoption au Canada. Il ne faut pas oublier Haïti qui doit être rebâti, a dit M. Ricard.

Emmitouflés dans des couvertures, les enfants haïtiens ont été escortés par des accompagnateurs dans un endroit à l'abri des caméras. Certains parents attendaient ce jour depuis plus de quatre ans.

Nathalie Lavigne, de Saint-Hubert, patiente depuis 40 mois. Elle a enfin pris son fils de Dickenson Charles, 4 ans, dans ses bras hier. Elle a craint ne jamais le voir depuis le séisme du 12 janvier. «Mais l'espoir est vite revenu. L'attente en a valu la peine.»

Daniel Brazeau et Vicky Robert, un couple de Boucherville, sont venus chercher une deuxième petite fille adoptée d'Haïti. Mérélyse Brazeau Robert, âgée de 6 ans, a vu sa nouvelle petite soeur de 3 ans, Adélye-Maude, pour la première fois hier.

«C'est quelque chose de l'avoir dans mes bras, mais c'est comme si je rêve encore un peu», a confié M. Brazeau. «Je veux jouer avec elle», a dit Mérélyse.

Les parents interrogés hier ont mentionné que leurs enfants souffraient parfois d'irritation de la peau, de petites infections, de parasites, et surtout de malnutrition. Mais dans l'ensemble, les enfants reprennent des forces et grandissent normalement.

Les 52 enfants arrivés hier suivent les 24 qui sont déjà débarqués à Ottawa, dimanche dernier. Au total, 217 enfants ont été autorisés par le gouvernement d'Haïti à venir au Canada et d'autres Haïtiens adoptés sont attendus d'ici la fin de la semaine, a indiqué Peter Kent, ministre d'État des Affaires étrangères pour les Amériques.