Du 26 novembre au 23 décembre, l'agent Marc Rousseau a en effet été chargé d'assurer la sécurité des porteurs de la flamme tant à pied qu'à vélo. Pour lui, il s'agit d'une expérience riche en émotions qu'il n'est pas prêt d'oublier.
«Quel défi! Je serais prêt à le refaire n'importe quand même si c'est difficile et exigeant physiquement», s'est-il exclamé quelques semaines après la fin de son aventure olympique.
À tous les jours, il pouvait parcourir de 20 à 35 kilomètres à pied ou à vélo, et ce, beau temps, mauvais temps. Il n'a eu que trois jours de congé durant son périple qui a commencé à Bathurst au Nouveau-Brunswick et s'est terminé à Windsor en Ontario. À lui seul, il a pris part au tiers du parcours de la flamme olympique, en l'escortant 29 jours sur 106.
Pourtant, même s'il est un sportif accompli, l'agent Rousseau ignorait que le comité olympique était à la recherche de policiers comme lui pour escorter la flamme.
«C'est le directeur du poste André Magny qui m'a proposé de soumettre ma candidature. Je devais passer une entrevue et réaliser un test physique qui consistait notamment à courir 10 kilomètres en 48 à 52 minutes. Finalement, j'ai été accepté. Nous étions deux membres de la Sûreté du Québec. La majorité des policiers, sauf exception (SM Gatineau et SPVM) provenaient tous de la GRC», a-t-il précisé.
Pour un policier habitué à travailler dans la misère et les drames humains, l'escorte d'athlète avait, disons-le, ses avantages.
«Être libéré de la patrouille pour côtoyer les plus grands athlètes canadiens et rencontrer des personnalités, c'est pas si mal, je l'avoue. J'ai rencontré Jacques Villeneuve, Jean-René Dufort, Bob Gainey, Robert Piché, Ben Mulroney, Gaétan Boucher et plusieurs autres. Il y en a tellement eu. Nous pouvions escorter de 150 à 220 coureurs par jour. Nous ne le savions pas toujours que le porteur était connu, car tout allait si vite: nous le savions seulement quand nous voyions des attroupements plus importants que d'habitude», a indiqué l'agent Rousseau.
Le rôle des policiers consistait à s'assurer que la voie était dégagée devant les porteurs.
«Lorsque nous étions à pied, il fallait que personne ne se trouve devant le porteur et ne lui bloque le chemin. L'objectif était aussi de s'assurer que la caméra de télévision qui filmait tout dans le véhicule précédent avait le champ libre. À la fin de la journée, nous n'avions plus de voix tant nous avions crié des «recule» et des «back-up». Heureusement, la majorité des gens étaient très collaborateurs. Quant aux porteurs, ils ne couraient pas tellement vite. C'est sûr qu'il y en a qui ont voulu nous essayer, mais c'était surtout drôle», a mentionné l'agent Rousseau.
Lorsqu'il était à vélo, son rôle consistait plutôt à remettre un flambeau au prochain porteur et à lui expliquer la procédure à suivre.
«C'était une partie super intéressante du travail, car nous avions le temps d'échanger et de jaser avec les porteurs. Nous avons vécu de très beaux moments, car les gens étaient souvent très émus et pleuraient», a-t-il indiqué.
Toutefois, l'émotion a atteint son paroxysme pour l'agent Rousseau lorsqu'il a lui-même été invité à porter la flamme le 10 décembre sur une distance de 1,6 kilomètre à Lachine.
«Je l'ai su dix minutes avant. Je travaillais cette journée-là en plus. Évidemment, je n'ai pas dit non. Quel privilège surtout que je ne suis pas une personnalité! En plus, j'ai été gâté, car j'ai pu le faire à vélo, entouré de mon équipe de travail, dans un secteur où il y avait plein d'écoliers le long du parcours. Ce sera difficile à oublier», a-t-il conclu.