En fait, même si son avocate, Me Jocelyne Duplessis, l'avait préparée à pareil scénario, la jeune femme a pleuré toutes les larmes de son corps en prenant le chemin des cellules. «Mon bébé, mon bébé», a-t-elle dit à travers ses sanglots.
C'est à la suite de vantardises des garçons que la direction du pavillon Bourgeois (une centre de réadptation pour adolescents en difficulté) a mené une enquête sur le comportement de cette employée.
En fait, selon l'analyse du juge Guy Lambert, la jeune femme recherchait de l'attention du fait que son couple n'allait pas très bien et qu'au plan sexuel, elle disait vivre beaucoup d'insatisfaction.
Les trois adolescents étaient âgés de 17 ans. Dans un cas, c'est la musique qui a réuni l'éducatrice et le garçon. Après des échanges de baisers et de caresses dans le cadre d'une relation amoureuse, on en est venu à des relations sexuelles complètes chez la jeune femme lorsque son conjoint était absent pour cause de travail.
Dans un autre cas, des échanges de baisers et de caresses se produisaient lors de sorties de fin de semaine. Il n'y a eu qu'une seule relation sexuelle complète. Enfin, pour le troisième garçon, il n'y a eu que des embrassades et des caresses sur les fesses dans le bureau de l'éducatrice.
La mise au jour de cette affaire a entraîné le divorce du couple. Les deux enfants ont été confiés au père. Le juge Lambert a par ailleurs mentionné que la forte médiatisation de ce dossier avait en quelque sorte ostracisé la jeune femme.
Il a aussi retenu qu'elle éprouvait beaucoup de honte et de remords pour les gestes qu'elle a posés. Elle a depuis refait sa vie dans une autre région et s'est mariée à un agriculteur avec qui elle a eu un bébé. Ne pouvant plus oeuvrer comme travailleuse sociale, elle compte se lancer dans la gestion agricole.
Entre Me Hélène Carle, la procureure aux poursuites criminelles et pénales qui réclamait une peine de prison ferme et Me Jocelyne Duplessis qui souhaitait une sentence dans la collectivité, le juge Lambert a opté pour une peine derrière les barreaux.
«La peine d'incarcération n'a pas besoin d'être longue pour avoir les effets de dissuasion et de dénonciation nécessaires» souligne le juge. Concrètement, Isabelle Duchesne devrait purger environ deux mois de sa sentence avant d'être éligible à une libération conditionnelle.
Le juge Lambert a eu cette phrase qui a résumé sa pensée: «...les jeunes placés en centre de réadaptation sont fragiles, manquent d'affection, sont vulnérables et souvent révoltés contre la société. Les personnes en autorité doivent faire attention de ne pas abuser d'eux comme l'a fait madame Duchesne.»
À la sortie de la salle d'audience, Me Carle s'est dit pleinement satisfaite de la sentence. Quant à Me Duplessis, elle a déclaré qu'elle discuterait avec sa cliente de l'éventualité d'un appel.
La mère d'un des garçons s'est dite également satisfaite de la sentence qu'elle a qualifiée d'exemplaire dans les circonstances. Son fils s'est suicidé par la suite mais elle n'affirme pas pour autant que cette affaire a poussé son garçon à s'enlever la vie. En novembre dernier, elle avait exprimé sa lourde déception en voyant que les agressions avaient eu lieu depuis un lieu où les enfants sont censés être protégés.