«Elle voulait se venger parce qu'il l'avait quittée»

«Elle voulait se venger parce qu'il l'avait quittée.» Une des soeurs de Michel Lavoie a soutenu hier, au procès de cet homme accusé d'avoir contaminé sa compagne au VIH, qu'à son avis, cette femme avait ourdi ce complot parce qu'elle n'acceptait pas du tout que l'accusé l'ait rejetée.


Plus tôt, cette parente de Lavoie avait été autorisée par le juge Richard Poudrier à faire état d'une conversation qu'elle avait eue avec la victime alléguée, conversation au cours de laquelle celle-ci lui aurait mentionné qu'elle savait depuis quelques semaines déjà que Michel Lavoie était séropositif.

Or, lors de son témoignage il y a quelques mois, la victime avait soutenu de façon très claire qu'elle n'avait appris qu'à la mi-mai 2003, suite à un séjour à l'hôpital, qu'elle avait été contaminée par le virus du sida.



C'est là le coeur de ce procès où le tribunal devra déterminer si la victime avait bel et bien été informée par l'accusé de son état de santé avant d'avoir une première relation sexuelle (au début d'avril 2003), comme le soutient Michel Lavoie, ou si ce dernier lui a caché sa séropositivité. Hier, la soeur de l'accusé a rappelé que même après le diagnostic du VIH, la victime avait continué de fréquenter cet homme.

«C'était son cheval blanc», a-t-elle déclaré en ajoutant qu'elle avait mis en garde et son frère et la victime de bien se protéger. «Tout le monde a des bibites», lui aurait-elle répondu.

Michel Lavoie, qui travaillait dans le secteur minier en Abitibi, envoyait régulièrement de l'argent à la victime pour qu'elle puisse payer notamment son essence et ses cigarettes.

«C'est moi qui gérait ses affaires», a expliqué sa soeur qui dit avoir été souvent surprotectrice avec son frère. Elle a exhibé au tribunal des photographies prises en août 2004 où la victime, et même une ex-conjointe de Michel Lavoie, étaient présents à une fête d'enfant.



Elle a souligné que c'est à partir de l'année suivante que les relations se sont détériorées entre son frère et la victime. Un jour, Michel Lavoie a mis sa compagne à la porte ne pouvant plus supporter, selon lui, sa possessivité et sa jalousie.

«C'est à cette époque, s'est souvenue la soeur de l'accusé, que la victime aurait laissé entendre qu'elle allait se venger en portant plainte pour lui avoir donné le sida.

Une information tardive

Le procureur aux poursuites criminelles et pénales chargé du dossier, Me Jean-Marc Poirier, n'a pas ménagé ce témoin en contre-interrogatoire en lui faisant remarquer qu'elle avait communiqué plus que tardivement une information aussi capitale que cette conversation avec la victime où elle a révélé être au courant de la maladie de Michel Lavoie.

«Votre frère est détenu depuis le mois d'octobre 2008, il risque l'emprisonnement à perpétuité et ce n'est que depuis quelques jours que vous avez décidé de témoigner de ce fait», a martelé Me Poirier sur un ton incisif. Le témoin a dit que l'occasion ne s'était pas présentée auparavant.

Me Poirier lui a fait remarquer qu'elle ne s'était pas présentée souvent auparavant pour défendre l'honneur de son frère. «J'étais certaine que ça sortirait de toute manière», a répliqué le témoin en précisant que son travail lui tenait très à coeur et qu'elle ne voulait pas venir attendre pour rien à la cour.



Notion de complot

Quant à la notion de complot, Me Poirier a demandé au témoin si elle avait des preuves concrètes, si elle avait fait sa propre enquête. «C'est clair que cette histoire en est une de vengeance», a-t-elle répété en avouant qu'elle n'avait pas jugé bon d'informer l'enquêteur au dossier de ce qu'elle savait.

Il est fort probable, en raison des propos de cette femme, que le procureur de la poursuite, en contre-preuve, fasse à nouveau témoigner la victime aujourd'hui pour lui faire préciser plusieurs points. Les avocats devraient par la suite soumettre leurs plaidoiries afin de conclure ce procès qui a duré beaucoup plus longtemps que ce qu'on avait prévu.