Michel Lavoie: «Je ne suis pas un meurtrier»

Michel Lavoie, un homme de 43 ans de Malartic accusé de ne pas avoir avisé sa partenaire qu'il était atteint du sida, a soutenu hier qu'avant même leur première sexuelle, il lui avait dit qu'il était porteur du VIH et que c'est par conséquent en toute connaissance de cause que cette femme avait accepté d'avoir des relations sexuelles, mêmes non protégées, avec lui.


Ce témoignage de l'accusé tranche singulièrement avec celui rendu en octobre dernier par la victime, qui avait déclaré que c'est au terme d'un examen médical qu'elle avait appris sa contamination. Michel Lavoie se savait séropositif depuis 1997 et, selon ses propos tenus devant le juge Richard Poudrier, il avait informé des membres de sa famille dans les mois suivants.

Michel Lavoie a mentionné qu'il n'était pas un meurtrier et que c'était de son devoir d'avertir sa partenaire. Bien qu'ils se connaissaient de vue depuis quelques années, Lavoie et sa compagne n'avaient jamais eu de relations intimes jusqu'en avril 2003. Après avoir été présentés l'un à l'autre par un ami, les deux ont rapidement eu un béguin mutuel.

Le 4 avril, sentant bien qu'une relation sexuelle était imminente, l'accusé dit avoir été très clair avec son amie en lui expliquant son état. «Elle est demeurée bouche bée», a souligné Lavoie en ajoutant que sa partenaire était désemparée sur le moment. Il a précisé qu'au bout d'une demie-heure de réflexion, la victime alléguée a accepté de faire l'amour à la condition qu'il porte un condom.

L'accusé a expliqué que cette nuit-là avait donné lieu à trois épisodes différents de relations sexuelles complètes. Le lendemain, ce fut une fellation sans préservatif et une relation sexuelle avec protection. Au bout de quelques jours de congé, Michel Lavoie est retourné à son travail de mineur à Val d'Or.

Une semaine plus tard, il était de retour et les comportements amoureux se sont poursuivis. Le 20 mai suivant, la victime apprenait qu'elle était atteinte du sida. «J'ai pas trouvé ça drôle, j'étais désemparé», a dit l'accusé en mentionnant qu'il avait pris plus de journées pour prendre soin de sa partenaire, qu'il hébergeait chez lui. «C'est un accident, c'était involontaire, c'est une catastrophe», a-t-il donné à entendre lors de son témoignage.

«Le VIH nous a rapprochés et on a continué à avoir des rapports sexuels», a déclaré l'accusé. Sur ce point, il confirmait le témoignage de la victime qui avait dit qu'elle croyait que la maladie se supporterait mieux à deux. Les contacts sexuels ont duré jusqu'en 2006.

Par ailleurs, Michel Lavoie a voulu démontrer hier qu'il était tout sauf un homme violent comme l'avait dit la victime en octobre dernier. Il a soutenu hier avoir été toujours aux petits soins avec elle et lui avoir même versé une allocation hebdomadaire pour qu'elle puisse se payer cigarettes ou autres. Michel Lavoie a même réussi à la convaincre d'aller vivre à Malartic avec lui.

Les choses se sont toutefois détériorées en 2005. Lavoie a expliqué que sa compagne était de plus en plus jalouse et possessive.

«C'était des crises chaque fois que j'allais ou je revenais de quelque part» a-t-il relaté en parlant notamment d'une fois, au Café La Pérade où elle lui a jeté au visage et sur son corps, de la bière, un café bouillant, des mégots de cigarettes et le cendrier. Ses propos ont été confirmés par une employée du commerce qui a été témoin de cette scène.

«J'ai appelé la police mais elle m'a traitée de vache par la suite», a dit cette femme. La victime avait déclaré en octobre dernier que c'est Lavoie qui avait fait tout cela.

«Il n'a pas bronché pendant un moment puis il s'est levé et a tenté de la calmer en la collant au mur», s'est rappelée cette employée. En une autre occasion, Michel Lavoie a dit avoir mis sa compagne à la porte car il ne pouvait plus la supporter. Elle s'est retrouvée dans une maison d'entraide pendant une dizaine de jours.

En contre-interrogatoire, Me Jean-Marc Poirier, le procureur aux poursuites criminelles et pénales chargé du dossier, a fait dire à l'accusé qu'il n'avait pas suivi les recommandations de ses médecins qui lui demandaient de se soumettre régulièrement à des tests de contrôle de la maladie.

«Je me sentais en pleine forme et je ne voulais pas dire aux gars où je travaillais que j'avais le sida. Je me serais vite retrouvé sur l'aide sociale», a-t-il répondu. Me Poirier lui a fait remarquer que plusieurs symptômes, comme une candidose orale ou des grippes à répétition, auraient dû le convaincre de faire un bon suivi de sa maladie. «Je me sentais en forme et en santé» a répété l'accusé.

Ce procès se poursuivra cet après-midi avec le témoignage d'une parente de l'accusé, qui dira que la victime était bel et bien au courant de la maladie de Michel Lavoie car elle avait eu une discussion avec elle sur le sujet. La victime a toujours maintenu que personne ne l'avait informée que Lavoie avait le sida.