Dès 14 h, alors qu'on voyait bien que seulement sept personnes étaient assises autour de la table, un citoyen a demandé à ce que la séance soit annulée étant donné qu'il n'y avait pas quorum. Le greffier de la Ville, Me Gilles Poulin, a cependant expliqué qu'il fallait attendre 30 minutes après l'heure convoquée pour prendre cette décision. Par la suite, ce serait aux conseillers et aux fonctionnaires présents de décider si la réunion se tiendrait tout de même, puisqu'il ne s'agissait que d'une réunion d'information où aucune décision ne devait être prise.
Or, à 14 h 30, le directeur général de la Ville Michel Byette et les fonctionnaires se sont levés pour quitter la salle. Interpellé par la conseillère Sylvie Tardif à savoir si les fonctionnaires pouvaient tout de même répondre aux questions, Michel Byette a été clair. «Comme vous, je constate que la majorité des membres du conseil ne s'est pas présentée et n'a pas tenu à ce que cette rencontre ait lieu. En ce sens-là, il n'y a pas de rencontre et on n'est pas légitimé de répondre à ces questions», a lancé Michel Byette.
Déception
Les sept conseillers municipaux étaient évidemment déçus de la tournure des événements, et ont remercié les gens du public pour l'intérêt qu'ils portaient à la démarche.
Pour Sylvie Tardif, l'absence de ses collègues laissait voir que ces derniers avaient probablement été favorisés quant à l'information reçue sur le budget 2010. «C'est impossible comme élu que ça ne te dérange pas de ne pas connaître le budget, de ne pas avoir assez de temps pour te faire une tête et obtenir des explications. J'imagine donc que les autres conseillers doivent avoir cette information-là», lance-t-elle.
Sylvie Tardif constate que le message lancé à la population par cette absence laisse croire que le budget 2010 ne sera le budget que d'un seul homme, soit le budget d'Yves Lévesque. «Le maire avait déjà annoncé qu'il avait son budget plan B déjà fait, lorsque le premier budget a été rejeté. Qui a donné les orientations? J'imagine que c'est lui», ajoute Mme Tardif.
Sa soeur, Marie-Josée Tardif, signale que toute cette crise aurait pu être évitée si le maire avait accepté au départ que la séance privée de travail, convoquée pour le 18 décembre, se tienne. «Le vice-maire avait pris une bonne décision de convoquer cette réunion, mais il y a eu une commande d'annuler ça et on se retrouve dans la situation qu'on connaît», mentionne-t-elle.
Selon elle, le public a tort d'appeler le groupe des sept comme étant «dissidents», et la tournure des événements d'hier le prouve. «On n'est pas des dissidents, on est du monde qui veut faire sa part dans la gestion de la ville. Mais on nous empêche de le faire. On a vu aujourd'hui que les dissidents, ce n'est pas nous», lance Marie-Josée Tardif.
Sa collègue Marie-Claude Camirand déplorait l'absence de neuf des seize conseillers municipaux, et le message envoyé par cette absence. «Les conseillers qui ne se sont pas présentés représentent tout de même des districts et des citoyens qui, eux, seront tributaires du budget et des dépenses qui y sont associées», signale Mme Camirand.
Pour ou contre?
La séance de travail qui se tiendra ce matin dès 7 h 30, soit une heure avant l'adoption du budget en séance publique, pourrait se faire en l'absence de plusieurs conseillers du groupe des sept. Hier après-midi, il n'y avait que Sylvie Tardif et Françoise Viens qui comptaient y assister. Les autres se disaient encore en réflexion, d'autant plus qu'aucune convocation officielle n'a été acheminée aux conseillers pour tenir cette rencontre informelle.
Quant au vote sur le budget, certains laissent déjà entendre qu'ils se prononceront contre. C'est le cas d'André Noël et de Marie-Claude Camirand. «Je ne peux pas voter sur un budget que je ne connais pas complètement», a souligné cette dernière.
«Il faudrait qu'il arrive un miracle d'ici demain matin, parce que je ne peux pas voter sur un budget pour lequel on n'a pas répondu à mes questions. Je ne sais même pas qui a donné les orientations sur ce budget» a ajouté André Noël.
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L'amphithéâtre...
Si le groupe des sept confirme avoir beaucoup de questions à poser sur le contenu du budget 2010 «plan B», force est de constater que la présence de dépenses relatives à l'amphithéâtre de Trois-Rivières-sur-Saint-Laurent et la création de sa corporation fait encore grincer des dents.
Dans un communiqué qui a été lu au public une fois la séance d'hier après-midi annulée, les conseillers municipaux ont indiqué sept points majeurs sur lesquels ils auraient aimé poser des questions. De ce nombre, on pouvait lire «Retirer toute dépense concernant l'amphithéâtre (350 000 $ était accordé à la Corporation de l'amphithéâtre)».
À la lecture de ce point précis, un tonnerre d'applaudissements a retenti dans la salle, laissant voir que la majorité des citoyens présents avaient aussi du mal à avaler cet aspect du budget.
Une différence de 400 000 $
Les conseillers municipaux avaient reçu, lundi soir, la version «plan B» du budget pour pouvoir l'étudier. C'est sur cette nouvelle version que le groupe des sept souhaitait soulever certains points.
Ils ont vite constaté que la nouvelle version ne différait pas beaucoup de la première, et qu'une diminution de 400 000 $ du budget initial de plus de 207 M$ était au programme. «On sait qu'il n'y a pas de grand changement. Mais qu'il y ait encore des dépenses concernant l'amphithéâtre, ce n'est pas correct», lance Alain Croteau. «Que la corporation de l'amphithéâtre soit encore dans le budget, ça ne va pas du tout», répète aussi Catherine Dufresne, qui estime que la balle est maintenant dans le camp du maire pour tenter de réconcilier les parties autour de la table.
«Je pense qu'au-delà du budget, c'est un problème de communication et de leadership que nous avons. Le maire n'aura pas le choix de s'asseoir avec les seize conseillers et qu'on fasse un tour de table pour s'expliquer et donner notre point de vue. Il devra faire des compromis et mettre de l'eau dans son vin. Si ça n'est pas fait, je crois que les sept, on n'aura pas d'autre choix que de se renforcer et de défendre les dossiers que l'on juge importants», signale Mme Dufresne.
Les autres points soulevés par le groupe des sept étaient: augmenter le budget du déneigement, améliorer la sécurité dans les quartiers, augmenter le budget de réfection des trottoirs, revenir au budget d'avant le 375e pour le financement des événements, revoir l'importante augmentation attribuée au tourisme (+38 %) et revoir l'enveloppe des travaux spéciaux (qui représente 1 150 000 $).
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«Je ne veux pas qu'on se serve de moi»
Bien que certains conseillers ne faisant pas partie du groupe des sept avaient signalé qu'ils comptaient se présenter à la séance d'hier après-midi, ils ont changé leur fusil d'épaule et ont préféré ne pas s'y présenter. Y a-t-il eu mot d'ordre du maire? Ces conseillers assurent que non et s'en défendent bien.
C'est le cas de René Goyette, qui avait indiqué son intention au Nouvelliste d'être présent à la rencontre. Ce dernier dit avoir poursuivi sa réflexion après coup, mais a réellement pris sa décision après avoir constaté l'appui donné par le parti politique Force 3R à la démarche des sept conseillers municipaux. «Quand j'ai vu ça, je me suis rendu compte qu'en bout de ligne, il y avait une arrière-pensée derrière la démarche. Je ne veux pas encourager cette arrière-pensée, et je ne veux pas m'y associer», a-t-il simplement précisé.
Pour sa part, le conseiller du district de Laviolette, Guy Daigle, a aussi changé son fusil d'épaule et a préféré rester chez lui hier après-midi. «J'ai préféré m'abstenir, parce que je travaille pour la collectivité et non pas pour un groupe ou un autre. Ça ne me tente pas de partir en guerre, et en ce moment, il faut vraiment avoir les yeux fermés pour ne pas voir qu'une guerre est déclarée à l'hôtel de ville. Je suis un candidat indépendant et je travaille pour mes citoyens. Je ne veux pas que personne se serve de moi pour arriver à ses fins», analyse Guy Daigle.
Ce dernier dénonce l'attitude de ses collègues, puisqu'il rappelle n'avoir senti aucune opposition lors des discussions et des séances de travail sur le premier budget. «On savait qu'Yves Landry avait des réticences, il nous en avait fait part. Mais pour le reste, il y avait un consensus. On a appris qu'ils votaient contre le budget lors du vote», déclare le conseiller.
La conseillère Monique Leclerc était elle aussi absente, comme elle l'avait laissé savoir la veille. En douze ans de vie politique, il s'agissait de la première séance publique qu'elle manquait.
Le Nouvelliste a tenté à plusieurs reprises de joindre le maire Yves Lévesque, hier, mais sans succès.