France Vaugeois se bat avec l'énergie du désespoir

France Vaugeois est épuisée par trois ans de procédures devant les tribunaux.

 «Je ne suis pas une criminelle, je ne me sens pas comme une criminelle.» France Vaugeois n'en revient toujours pas de devoir défendre son honnêteté et sa réputation devant les tribunaux pour avoir été piégée par la police du tabac.


Le 28 août 2006, alors qu'elle était fort occupée dans son dépanneur d'Hérouxville, elle a vu entrer un couple dans son commerce. L'homme s'est dirigé dans la section des magazines alors que la jeune femme s'est amenée au comptoir pour acheter un cigarillo.

L'apparence de cette cliente ne l'amenait pas à penser qu'elle était mineure. Elle ne lui a donc pas demandé une carte d'identité. Quelques minutes plus tard, l'homme qui était entré avec cette cliente s'est identifié comme un inspecteur chargé de vérifier la vente de produits de tabac à des mineurs.

Le dossier s'est retrouvé devant le tribunal puisque Mme Vaugeois a toujours nié avoir commis un geste illégal. Même si la cliente mystère n'avait que 16 ans, la propriétaire du dépanneur jure qu'elle faisait plus vieille que cela.

Ses arguments avaient convaincu le juge Pierre Verrette qui l'avait acquittée en faisant remarquer qu'il était agacé par ces pièges-là. La décision avait été portée en appel et un nouveau procès avait été ordonné.

La juge Dominique Slater avait par la suite reconnu Mme Vaugeois coupable de l'infraction reprochée. Hier, Mme Vaugeois a à nouveau fait valoir ses arguments devant la juge Louise Moreau de la Cour supérieure. Elle a en outre mentionné que des photos prises à proximité de son commerce étaient en fait des photos prises ailleurs qu'à Hérouxville.

La poursuite avait été vague à ce sujet en soutenant que les photos avaient été prises le 28 août 2006, soit le même jour. Qui plus est, Mme Vaugeois a précisé que la cliente mystère qu'elle avait servie ne ressemblait pas à celle qu'elle a vu lors du plus récent procès.

Me Jean-François Bouvette, le procureur aux poursuites criminelles et pénales, a plaidé de son côté que Mme Vaugeois confondait l'admissibilité d'une preuve et sa valeur probante. La juge Moreau a pris les arguments en délibéré.

Déjà épuisée par trois ans de procédures devant les tribunaux, France Vaugeois n'en revenait pas de devoir attendre quelques semaines une décision du tribunal.

«Je vais encore devoir subir du stress tout ce temps-là», a-t-elle déploré. Même si elle a le verbe facile et se débrouille plutôt bien devant un tribunal, cette propriétaire de dépanneur en a plus qu'assez de ces tracasseries judiciaires. «Faire vivre un dépanneur, c'est déjà difficile mais se battre comme ça, c'est beaucoup demandé», a-t-elle déclaré en entrevue.

France Vaugeois se dit convaincue que le cancer qu'on lui a diagnostiqué il y a quelques années a un rapport direct avec ce dossier de la police du tabac. «Je suis toujours suivie par les médecins mais tout le temps que je prends pour me défendre ne m'aide pas», confie-t-elle. Et puis, cette femme ne veut pas perdre son commerce.

«Si je suis condamnée, il y a bien sûr l'amende de 500 $ mais aussi et surtout la suspension pour une période d'un mois du permis de vente du tabac, fait-elle remarquer en disant que si cela lui arrive, elle risque de perdre non seulement son commerce mais aussi sa maison et d'autres biens. «Tout ça parce qu'on m'a piégé pour un seul petit cigare», se désole-t-elle.