L'enquêteur Alexandre Gervais de la Sûreté du Québec, membre de l'escouade régionale mixte de lutte à la drogue, a dit avoir été étonné lui-même de cette affluence exceptionnelle qui, a-t-il dit, dépasse certains points de vente de stupéfiants très fréquentés. Le policier témoignait à l'enquête préliminaire de Tommy Biron, un individu de 29 ans qui doit répondre de trafic de drogue en milieu carcéral.
Biron est ce même individu qui a été impliqué dans un accident de la route le 17 août 2005 alors qu'il conduisait avec les facultés affaiblies. Il avait frappé violemment Stéphanie Prince, une jeune fille qui roulait en patins à roues alignées le long du rang Saint-Flavien à Notre-Dame-du-Mont-Carmel.
Sa survie tenait presque du miracle tellement les chances de s'en sortir étaient minces. Avec une énergie hors du commun, la jeune fille s'est battue pour vivre. Me Marie-Ève Paquet, procureure aux poursuites criminelles et pénales, a mentionné hier que la jeune fille conservait encore des séquelles de cet accident.
«Elle n'a aucune séquelle, elle n'est pas handicapée», a alors lancé Biron en précisant qu'il avait pris ses informations. Il avait été condamné à 23 mois de prison pour cette affaire.
Quant au trafic de stupéfiants, l'enquêteur Gervais a indiqué que Biron était le bras droit de Normand Marcouiller, celui qui, selon l'enquête, contrôlait l'entrée, la vente et la distribution de stupéfiants et de certains médicaments à l'intérieur de la prison. C'est à l'aide d'un téléphone cellulaire que les commandes étaient passées à l'extérieur.
Un compte était ouvert à la caisse populaire de Louiseville afin que des dépôts d'argent y soient faits. Un détenu s'arrangeait pour que de l'argent y soit déposé afin de financer ses achats en prison. En deux mois, une somme de près de 15 000 $ aurait ainsi servi au trafic de diverses drogues.
Quant à la livraison, elle se faisait par le biais de petits paquets lancés par dessus les clôtures du centre de détention. L'agent Gervais a expliqué qu'on compressait au maximum les stupéfiants qu'on dissimulait avec du ruban «électrique» On y accrochait une roche pour que le paquet se rende au-delà des hautes clôtures.
Selon le policier, dans le présent dossier, c'est Francis Delisle Boisvert qui allait chercher les précieux colis. Pour faire passer la drogue à l'intérieur de la prison sans se faire repérer, on introduisait les stupéfiants dans l'anus et on les cueillait ensuite dans la salle des toilettes.
Ce petit manège durait depuis un certain temps au point où les autorités de la prison ont demandé à la police de mener une enquête approfondie. Le policier a révélé que cette affaire était reliée à une perquisition menée au 141, rue des Arts dans le secteur Pointe-du-Lac le 30 septembre dernier. Cette maison était occupée par Normand Marcouiller.
Selon le policier, il s'agissait d'un point de vente très actif. Quand Marcouiller s'est retrouvé en prison, c'est François Beaulieu qui aurait assuré par la suite la bonne marche du commerce. Beaulieu a été accusé puis remis en liberté, a expliqué l'agent Gervais. L'opération policière avait notamment permis de saisir deux paquets (appelés communément «plugs» pour les fins de dissimulation dans un anus), 33 grammes de cannabis compressé et une somme de 640 $.
Tommy Biron a été identifié par le policier comme un membre très actif du réseau de trafic de stupéfiants en prison. Cette affirmation a surpris la mère de l'accusé qui croyait que l'argent qu'elle déposait dans un compte pour son fils servait à acheter du tabac tout simplement.
Il n'a pas fallu longtemps au juge Jacques Lacoursière pour décider de la détention de Biron. Soulignant que ce dernier avait manipulé sa mère en lui faisant croire qu'il n'achetait que du tabac, le juge a ajouté que la preuve qu'on lui a soumis ne lui laissait d'autre choix que d'ordonner la détention. L'enquête préliminaire a été fixée au 13 janvier.