Âgés respectivement de 84 et de 87 ans, les Roy-Denommé ont, depuis le début des années 2000, séjourné à neuf reprises au Vietnam et, à chaque fois, à raison de trois à six mois par année. Retraités de l'Université du Québec à Trois-Rivières, ces anciens professeurs n'ont rien perdu de leur feu sacré et ce pays d'Asie du Sud-Est a eu la bonne idée d'en saisir l'occasion.
Au printemps 2010, ces Trifluviens retourneront à Hanoï où sera lancé leur plus récent ouvrage. Intitulé Approche neuroscientifique de l'apprentissage et de l'enseignement (Les éditions Quebecor), ce livre de quelque 230 pages vient tout juste d'être traduit en vietnamien.
Les auteurs ont également reçu la confirmation qu'il sera distribué en Europe. Leur essai en mathétique (sciences de l'apprentissage) s'adresse aux enseignants, mais aussi aux parents, gestionnaires, etc., qui souhaitent comprendre comment on apprend afin de mieux transmettre une connaissance, une information, etc.
«Nous avons beaucoup reçu de la vie. On s'est enrichi en donnant», disent-ils pour expliquer ce défi qu'ils ont décidé de relever au Vietnam et, pendant toutes ces années, à titre de bénévoles.
Ce projet de coopération à l'étranger leur a permis de partager une approche basée sur la pédagogie interactive à des centaines de professeurs des niveaux universitaire et collégial. Le couple Roy-Denommé est fier de préciser qu'au cours des dernières années et encore aujourd'hui, ces spécialistes sont devenus à leur tour des formateurs auprès de futurs enseignants.
«On les rejoint dans leur réforme de l'éducation», explique Jean-Marc Denommé, avant de préciser que les Vietnamiens souhaitaient rendre leurs étudiants plus autonomes, voire moins passifs dans leurs apprentissages.
Madeleine Roy saisit parfaitement l'enjeu. Celle dont la carrière s'est principalement déroulée au département des sciences de l'éducation de l'UQTR a complété ses études post-doctorales en neurosciences.
Dans son plus récent livre, elle écrit que l'enseignant, à titre de pédagogue, doit s'appliquer à aider l'étudiant à utiliser le plus efficacement possible son système nerveux en vue d'acquérir la connaissance. L'enseignant, dit-elle, ne doit jamais perdre de vue que tous les sens de l'élève servent de portes d'entrée aux informations. Ses interventions et son messages n'en seront que plus efficaces.
Les Roy-Denommé ne s'attendaient pas à ce que leur approche pédagogique intéresse à ce point les Vietnamiens, un peuple qui, à prime abord, ne montre aucune émotion. M. Denommé raconte qu'à leurs premières visites au Vietnam, lui et sa conjointe ne savaient pas toujours à quoi s'en tenir au terme d'ue présentation devant un groupe d'universitaires. Mais rapidement, leurs visages impassibles ont fait place à de l'enthousiasme.
«Ils sont pâmés par notre approche», raconte Madeleine Roy qui voue un attachement particulier pour les Vietnamiens qui le lui rendent bien. La dame sourit en admettant avoir réussi à leur transmettre cette façon chaleureuse qu'elle a d'aborder les gens. «Les Vietnamiens sont très attachés à nous. Ils sont devenus une famille», ajoute-t-elle, reconnaissante envers des gens qui expriment à ses yeux finesse et délicatesse.
«Ils considèrent beaucoup les gens âgés», renchérit Jean-Marc Denommé avant de les présenter comme des personnes intelligentes, mais surtout très motivées.