Une étude unique sur les organismes communautaires

Marc Lacour, directeur des services sociaux à l'agence de santé et Jean Proulx, chercheur à l'Université du Québec à Montréal.

La Table régionale des organismes communautaires en santé et services sociaux Centre-du-Québec/Mauricie dévoilait hier les conclusions d'une étude unique au Québec portant sur l'impact des organismes communautaires et qui démontre hors de tout doute que ce vaste réseau complète à sa manière le secteur public de la santé et sans le dupliquer.


De l'avis même de Marc Lacour, directeur des services sociaux à l'Agence de santé et des services sociaux Mauricie/Centre-du-Québec, cette étude va plus loin que toutes les recherches précédentes au Québec. Surtout, elle apporte un point de vue objectif, insiste-il.

«C'est ça qu'on doit saluer aujourd'hui, a-t-il déclaré, sans compter que c'est une recherche qui provient de l'extérieur. C'est un outil de promotion rigoureux, pas une simple opinion.»



De l'avis des intervenants concernés, cette recherche apporte de l'eau au moulin de ceux qui réclament une véritable Politique de financement du milieu communautaire et par le fait même, un meilleur soutien. À titre d'exemple, le secteur communautaire de la Mauricie et du Centre-du-Québec reçoit 33 millions $ mais aurait besoin de 16 millions $ de plus.

Intitulée «Pour un monde meilleur: quand l'humain fait la différence», la recherche a été menée pendant un an par le chercheur Jean Proulx de l'Université du Québec à Montréal avec la collaboration de Nathalie Boudreault, professionnelle de recherche, auprès d'employés, de bénévoles et d'utilisateurs de services et de 20 groupes de discussion.

Les travaux ont été réalisés à la demande du comité de valorisation mis en place par la TROC avec la participation de l'agence de santé.

La tâche a été particulièrement énergivore, selon l'expression de Renaud Beaudry, coordonnateur de la TROC, car le milieu communautaire de la région, c'est 246 organismes et 25 secteurs d'activités répartis dans 11 territoires de MRC.



Le milieu communautaire c'est aussi 1850 salariés et plus de 15000 bénévoles. Il est intéressant de constater qu'avec plus de 900 000 heures, les heures travaillées par les bénévoles représentent 31 % de toutes les heures travaillées dans les organismes communautaires.

De plus, 85 % de ces organismes sont en lien régulier avec au moins un établissement public du réseau de la santé et 81 % avec trois autres organismes communautaires. Ce mélange d'intervenants et d'expertise serait unique au pays sinon au monde, fait remarquer M. Beaudry.

On note par ailleurs, qu'en 2006, les organismes communautaires ont généré 50 millions $ de revenus, dont 27 % en provenance du milieu. De ces 50 millions $, 32millions $ ont été versés en masse salariale.

Autre point intéressant, l'étude vient contrer une idée qui se propageait de plus en plus selon laquelle le milieu communautaire se chargerdre coût du travail dont le réseau public ne veut plus. M. Beaudry a en effet souligné que les ententes de services avec le réseau public ne représentent que 3 % des revenus du milieu communautaire.

Ce qui ressort également de l'étude, c'est que ce secteur d'activité qui vient en aide aux plus vulnérables de la société, fait les choses différemment (entraide, socialisation, appartenance). Pour plusieurs de ses utilisateurs, les groupes communautaires sont tout aussi importants que l'hôpital et le médecin.

«Ce rapport de recherche constitue une mine d'information sur le mouvement communautaire. Il va intéresser, informer et surprendre tous ceux et celles qui travaillent dans ou avec nos organismes. Notre prochaine étape est de le promouvoir auprès de nos partenaires», a conclu M. Beaudry.