Dossier Kevin Gosselin-Robitaille: quatorze nouvelles accusations de fraude déposées

Kevin Gosselin-Robitaille

Le dossier de Kevin Gosselin-Robitaille, cet individu de 24 ans de Notre-Dame-du-Mont-Carmel accusé de fraudes de près de 3 millions $, a pris de nouvelles proportions hier avec le dépôt de quatorze nouvelles accusations. En fait, ce sont 23 victimes supplémentaires qui sont concernées par les accusations déposées par Me Maxime Chevalier, le procureur aux poursuites criminelles et pénales.


Depuis quelques jours, ce dossier a fait boule de neige. En effet, à la suite de la mise en accusation de Kevin Gosselin-Robitaille la semaine dernière, les dossiers de plaintes se sont multipliés. Et l'enquête n'est pas terminée. Me Chevalier n'a voulu faire aucun commentaire, mais il admet que cette affaire prend des allures qui n'étaient pas nécessairement prévisibles à l'origine.

La semaine dernière, le prévenu avait vu la poursuite déposer des accusations de fraude concernant un producteur agricole de Bécancour qui aurait été dépossédé d'une somme de 700 000 $ et un autre des Cantons-de-l'Est qui aurait perdu plus de 2 millions $. Le prévenu se serait fait passer pour un fonctionnaire fédéral et aurait promis des subventions importantes en retour des investissements. Dans les nouveaux dossiers déposés en fin de journée hier, Me Chevalier n'a pas été en mesure d'évaluer le montant des fraudes. Selon nos informations, les fraudes seraient de moindre envergure que les deux autres. Elles se seraient produites entre novembre 2005 et novembre 2009.

Par ailleurs, l'enquête sur remise en liberté de Kevin Gosselin-Robitaille ne s'instruira pas avant au moins une dizaine de jours. À la suite du dépôt des nouvelles accusations et au terme de pourparlers infructueux entre Me Chevalier et le procureur du prévenu, Me Simon Ricard, une enquête en bonne et due forme devrait être tenue. Les parties ont convenu de reporter le dossier pour la forme à vendredi prochain. En fait, les avocats vont devoir communiquer avec le juge coordonnateur Pierre Labbé pour trouver une date d'enquête dont la durée pourrait excéder une journée. Dans la meilleure hypothèse, l'enquête se tiendra dans la deuxième semaine du mois de décembre.

Le juge Guy Lambert qui entendait le dossier hier a eu une prise de bec avec Me Chevalier concernant une liste d'individus et de compagnies avec lesquelles Kevin Gosselin-Robitaille devait s'engager à ne pas communiquer. Après lui avoir demandé s'il connaissait tous ceux qui apparaissaient sur cette liste, le prévenu a répondu que non. Le juge s'est alors tourné vers Me Chevalier pour lui demander de justifier les raisons pour lesquelles il souhaitait que certains noms fassent partie de l'ordonnance d'interdiction de contact. Me Chevalier a répliqué que le dossier était volumineux et qu'il lui était impossible à une heure aussi tardive de lui fournir les informations demandées. Il a aussi mentionné que plusieurs de ces renseignements étaient strictement confidentiels à cette étape des procédures. Finalement, un compromis a pu être trouvé.

«Ça prend ça des fois»

Trois-Rivières (ML) — Michael Mathis, une des premières présumées victimes de Kevin Gosselin-Robitaille à avoir déposé une plainte après des autorités, s'est dit heureux d'apprendre que 14 nouveaux chefs d'accusation de fraudes ont été déposés contre le jeune homme de Notre-Dame-du-Mont-Carmel.

L'homme qui a accepté de raconter publiquement son histoire la semaine dernière n'a d'ailleurs pas caché sa joie lorsque Le Nouvelliste lui a appris, en début de soirée hier, que le nombre de victimes de Gosselin-Robitaille s'élevait maintenant à près d'une trentaine.

«Ça prend ça des fois. Ça ne me surprend pas qu'il y en ait autant que ça. J'en connais environ cinq qui ont perdu en haut de 100 000 $. Mais il y en a plusieurs autres qui ont perdu des montants moins élevés», a-t-il confié.

L'agriculteur de Bécancour, qui avait versé 700 000 $ à Gosselin-Robitaille en 2006 en croyant que ce dernier était un influent fonctionnaire fédéral pouvant l'aider à obtenir des subventions, a tenu à rassurer les personnes qui ont récemment déposé une plainte.

«Au début, on a honte. Mais il faut dépasser ça. Si on ne le fait pas, il va y en avoir d'autres. Ça fait déjà plus d'un an que j'ai commencé à travailler avec la GRC. Il a fait du mal à tellement de personnes. Ce n'est pas seulement l'aspect financier, mais également le mal à l'intérieur qui laisse des traces», a-t-il ajouté.

M. Mathis s'est de plus dit conscient que sa sortie publique a peut-être convaincu une ou plusieurs victimes de briser le silence.

«On m'avait dit que des journalistes allaient m'appeler. J'ai répondu que ça ne me faisait rien et que si ça allait en entraîner d'autres à sortir, tant mieux. J'ai eu beaucoup d'appels après l'article de samedi (dernier). Il y a entre autres une dame qui ne s'est pas nommée qui voulait le numéro de la GRC. C'est correct ça. C'est correct qu'il paie aujourd'hui. On a tellement attendu ce moment-là», a-t-il laissé tomber.