L'ex-enseignant Lebrun confronté à sa victime

Un ex-enseignant du collège Shawinigan, Roger Lebrun, a été confronté à son passé, hier, au palais de justice de Shawinigan, alors qu'un homme est venu raconter l'enfer que lui aurait fait vivre l'accusé alors qu'il était adolescent.


Tout au long de la journée, la victime est venue expliquer avec beaucoup d'émotion comment elle était devenue une sorte de jouet sexuel aux mains de l'accusé. À quatre reprises, Roger Lebrun aurait forcé le jeune homme à se déshabiller et à se plier à ses caprices sexuels. Ces gestes, a-t-il raconté hier, ont laissé des traces indélébiles que le temps n'arrive pas à effacer.

Selon la preuve soumise par Me Marie-Ève Patry, la procureure aux poursuites criminelles et pénales chargée du dossier, Roger Lebrun était connu de la famille de la victime. Pendant quelque temps, au milieu des années 80, le jeune homme et un de ses parents ont été proches de l'accusé. C'est au cours de cette période que les agressions auraient eu lieu.



Lorsqu'il arrivait que la victime se retrouve chez Roger Lebrun, celui-ci se présentait devant lui vêtu d'un seul peignoir. Il était nu dessous. Selon le témoignage de la victime, l'accusé lui enlevait ses «bobettes» pour s'amuser avec son pénis. En une occasion, selon le témoin, il a dû rentrer son sexe dans la bouche de l'accusé et éjaculer. La victime a mentionné que ces gestes le dégoûtaient profondément car il n'a jamais consenti à ces actes sexuels. «Je me fermais les yeux pendant qu'il faisait cela et ça me paraissait une éternité», a-t-il déclaré en ajoutant que Roger Lebrun lui répétait souvent qu'il lui coûtait assez cher et qu'il fallait qu'il paie à sa manière.

En fait, selon la preuve, Roger Lebrun offrait des cadeaux de grande valeur pour s'assurer de la disponibilité du jeune homme. Auto neuve, moto, parfums de qualité, beaux vêtements, le jeune homme pouvait même disposer d'une carte de crédit. Mais tout cela ne le rendait pas plus consentant pour des ébats sexuels. «Je me sentais tellement coupable et je gardais tout ça en moi», a-t-il dit hier en précisant qu'il avait l'impression d'avoir couru après ce qui lui arrivait. «T'oses surtout pas en parler», a-t-il expliqué.

Le jeune d'homme avait à cette époque des projets fantastiques et il était promis à un brillant avenir dans un domaine qui le passionnait. Ses beaux rêves se sont écroulés. De nature calme et réfléchie, le garçon est devenu graduellement très agressif. En une occasion, il s'est brisé sévèrement une jointure en donnant un violent coup de poing dans un mur. Il a aussi eu un très grave accident de motocyclette qui l'a cloué au lit pendant deux ans. «Je pense que je courais après ma mort», a-t-il mentionné en parlant de cet accident. Ses parents ne savaient pas que Roger Lebrun lui avait acheté cette moto. Il a dû leur raconter la vérité.

Les années qui ont suivi ont été des années de galère. Il lui aura fallu vingt ans pour briser son terrible secret et raconter son changement de comportement et les abus sexuels qu'il aurait subis de le part de l'accusé. L'élément déclencheur pour porter plainte a été la publication dans nos pages d'une autre affaire à caractère sexuel concernant l'accusé. Roger Lebrun a écopé une sentence de trois ans de pénitencier mais il a porté l'affaire en appel. Le dossier sera entendu le 16 décembre.



La preuve de la poursuite étant close, c'est Me Simon Ricard, le procureur de l'accusé qui présentera sa défense aujourd'hui devant le juge Richard Poudrier.