Il s'agit bien de pyrite et de pyrrhotite

Les problèmes de fissures dans les fondations de maisons neuves construites en 2004 et 2005, à Trois-Rivières, relèvent bel et bien de la présence de pyrite et de pyrrhotite dans le béton.


C'est du moins ce que soutient l'avocat Pierre Soucy qui a récemment déposé une dizaine de recours en cour supérieure contre Béton Boisvert, Carrière BB et les laboratoires d'analyses impliqués dans cette affaire.

L'avocat trifluvien s'est dit surpris que le directeur général de la Garantie des maisons neuves de l'APCHQ, Bruno Nantel, parle plutôt de «pierres gonflantes», dans l'édition de samedi du Nouvelliste et affirme qu'il n'est pas encore confirmé qu'il s'agit de pyrite.

«Dans les expertises qui ont été déposées (...) devant la Cour supérieure, il y a présence de pyrite et de pyrrhotite», affirme Me Soucy.

Le directeur général de la Garantie des maisons neuves, Bruno Nantel, a réitéré, hier, que les données obtenues jusqu'à présent par son organisme et qui seront présentées aux propriétaires le 28 novembre sont toujours préliminaires.

«Au moment où on se parle, quand on fait des analyses des carottes de béton des fondations de ces maisons-là, on a la confirmation qu'il y a de la pyrite et de la pyrrhotite. Ça, c'est indéniable», soutient Me Soucy.

«Nos prétentions, c'est que le béton contient trop de pyrite ou de pyrrhotite, ce qui cause le gonflement du béton. Les fondations doivent être refaites. Tout ça découle de l'agrégat et / ou des recommandations que les experts auraient dû faire au laboratoire ou à la carrière.»

«S'ils les ont faites et que la carrière ne les a pas suivies, ça, c'est un autre problème», explique l'avocat qui avait aussi représenté de nombreux propriétaires lésés lors des cas de pyrite survenus il y a 10 ans et il y a 5 ans en Mauricie.

Me Soucy confirme que les agrégats fautifs, cette fois-ci, n'ont pas été pris dans la même carrière. Selon lui, ils ont plutôt été extraits d'un endroit doté «du même profil géologique. Ce sont des carrières situées dans le même secteur», dit-il.

Me Soucy explique «qu'il y avait des laboratoires qui leur indiquaient qu'il n'y avait pas vraiment de problématique à utiliser cette pierre-là (pour faire les fondations des maisons) bien qu'il y avait un certain pourcentage de pyrite»

Me Soucy ajoute qu'il vient «de déposer 6 à 8 dossiers devant la Cour supérieure. Je demande que ces dossiers fassent l'objet d'un gestion particulière d'instance parce que ça réunit les mêmes fournisseurs d'agrégats, la même carrière et deux fournisseurs de béton, Laurentide et Boisvert.»

 

Du cas par cas

Le directeur de la Garantie des maisons neuves de l'APCHQ a expliqué, lors d'une entrevue publiée samedi dans Le Nouvelliste, que certaines fondations seront refaites en entier tandis que d'autres ne subiront que des réparations locales, selon les résultats d'expertises.

À ce sujet, Me Soucy concède qu'en pareille situation, c'est du cas par cas.

«Ça dépend de l'opinion de l'ingénieur», explique-t-il. Mais l'ingénieur qui recommandera une réparation partielle devra être bien certain de son affaire parce qu'il a une obligation professionnelle. Il garantit à quelque part que le reste des fondations ne nécessite pas d'être refait», signale Me Soucy.  

Cet avocat, qui représente des victimes de pyrite depuis une dizaine d'années, raconte qu'il a des clients dont la maison, construite entre 1996 et 1998, n'a commencé à présenter des problèmes de fissuration du béton qu'en 2005, soit bien après que les garanties soient tombées.

«Si les gens ont de la pyrite confirmée dans leurs fondations, que cette pyrite-là continue de s'activer, continue de provoquer de la sulfatation et donc de la dilatation et une fissuration polygonale, à ce moment-là il y a un problème et le problème, il faut le régler en entier», recommande Pierre Soucy.

C'est pourquoi, explique-t-il, les propriétaires ont le droit d'être en désaccord avec la décision de l'APCHQ. «On a le droit de contester la décision et le dossier peut être référé à un arbitrage», dit-il.

Les propriétaires ont aussi des recours contre les fournisseurs de béton, rappelle-t-il, pour défrayer les dommages excédentaires qui ne sont pas couverts par la Garantie des maisons neuves de l'APCHQ.