Le diplôme: un enjeu de 450 000 $

«L'acquisition d'un diplôme hausse le revenu cumulatif de 450 000 $.» Cette simple affirmation de l'économiste Pierre Fortin aura suffi à démontrer l'importance de la persévérance scolaire. Il faut dire que le conférencier du jour prêchait devant 300 convertis à la cause de la lutte au décrochage.


Car, avec un taux de 30,4 %, le Comité mauricien sur la persévérance et la réussite scolaire (COMPERES) tient à poursuivre le combat, d'où cette journée de mobilisation régionale organisée hier à Trois-Rivières.

Si la réduction du décrochage se veut profitable au plan individuel, avec plus de revenus, le professeur à l'UQAM souligne son impact également positif sur les affaires de l'État.

«Chez les 15-24 ans, le salaire élémentaire est de 18 977 $ (sans diplôme), 20 465 $ pour l'intermédiaire (diplôme d'études secondaires) et 23 259 $ pour le technique (diplômes d'études professionnelles)», précise l'économiste chez Emploi-Québec Mauricie, Jules Bergeron.

Selon lui, le gain monétaire n'est toutefois qu'une partie de l'équation, l'autre étant la qualité de vie qui s'en trouve améliorée.

Par ailleurs, celui-ci n'a pas manqué d'indiquer que 70 % des emplois qui seront disponibles dans la région nécessiteront une scolarité équivalente à un diplôme d'études secondaires.

«Il faut préparer des citoyens diplômés et responsables en Mauricie», a lancé la présidente du COMPERES, Hélène Corneau.

Celle-ci a fait référence au rapport «Savoir pour pouvoir» qui parlait de revenus annuels de l'ordre de 15 000 $ pour les non-diplômés, d'un taux de chômage deux fois plus élevé, d'une espérance de vie moindre de sept ans, d'un risque de dépression deux fois plus élevé à l'âge adulte et de conséquences sur l'implication citoyenne, que ce soit pour voter, faire du bénévolat ou, encore, donner du sang.

En chiffres bruts, pas moins de 637 élèves ont terminé l'année scolaire 2006-2007 sans diplôme, ni qualification en Mauricie. Et le taux de décrochage scolaire était de 36,9 % chez les garçons et 23,7 % pour les filles.

«C'est un niveau inacceptable. Mais la partie n'est pas finie et elle est loin d'être perdue. Il faut ajuster la stratégie et c'est notre responsabilité commune de ne jamais laisser tomber», a commenté le président de la Table régionale d'éducation et directeur général de la Commission scolaire du Chemin-du-Roy, Michel Morin.

Or, l'économiste Pierre Fortin a souligné que le taux des sans diplômes diminuait avec l'âge. Par exemple, pour une cohorte 77-79, il était de 30 %. Dix ans plus tard, alors que les sujets étaient maintenant âgés de 27 à 29 ans, ce taux était de 12 %.

«Le secteur de l'éducation aux adultes fait une oeuvre merveilleuse, mais au final, il y a de 30 à 40 % plus de décrocheurs au Québec qu'en Ontario avec une année d'études de moins à faire», a fait savoir le spécialiste.

Même si «on ne part pas de zéro», Pierre Fortin a donné des exemples de mesures plus musclées pour faire passer le taux de décrochage de 28 à 20 % au Québec d'ici 2020, tel que souhaité par la ministre Courchesne: école obligatoire jusqu'à 18 ans ou, encore, fixer un salaire minimum plus faible pour les adolescents.

Durant la journée, on a donné le coup d'envoi d'une nouvelle campagne promotionnelle sur la réussite et la persévérance scolaire, sous le thème «Soyons Compères!».