Pyrite: des familles retiennent leur souffle

Pour Martin Turcotte, ces fissures apparentes font craindre la présence de pyrite.

La pyrite est-elle véritablement la source des malheurs de dizaines de propriétaires, à Trois-Rivières? La réponse devrait être connue sous peu.


Mais d'ici là, de nombreuses familles se retrouvent dans l'attente et craignent de devoir faire face à tout un casse-tête.

C'est la situation vécue actuellement par Martin Turcotte et Marie-Claude Trudel, un couple propriétaire d'une maison familiale au nord de Trois-Rivières.

«C'est l'inconnu en ce moment. Quand on achète une maison neuve, on ne s'attend pas à avoir des surprises comme celles-là», lancent-ils, entourés de documents témoignant de toutes les démarches entreprises depuis plusieurs mois.

Quelques maisons plus loin, un autre propriétaire, Dominic Ouellet, tient les mêmes propos. Au printemps, à l'instar de plusieurs résidents de ce secteur, il a souligné la problématique auprès du contracteur duquel il a acheté sa nouvelle demeure, en 2004.

«On veut savoir c'est quoi le problème! Parce que plus ça va, plus ça prend de l'ampleur», dit-il, en citant le cas de résidences voisines dont les fondations sont plutôt mal en point.

Préoccupée par la situation, l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec (APCHQ) s'affaire actuellement à enquêter sur cette question. Quelque 188 dossiers ont été ouverts.

Des tests ont notamment été effectués sur le béton utilisé en certains endroits. Mais les propriétaires victimes de cet effritement soudain ont une bonne idée de la conclusion. «Ça s'enligne pour être la pyrite», croit M. Ouellet.

Si cette thèse devait se concrétiser, ce serait une bien mauvaise nouvelle, tant pour ces propriétaires que pour l'APCHQ.

En effet, pour la majorité des dossiers, la garantie offerte par l'association québécoise serait appelée à couvrir les coûts des immenses travaux découlant de la présence de ce minerai.

Celui-ci serait responsable de ce phénomène de gonflement de certains remblais utilisés en construction résidentielle.

«Si ça se confirme, il faut vraiment que la maison soit soulevée au complet et que le solage soit refait à neuf», explique Dominic Ouellet.

Un tel chantier pourrait causer bien des maux de tête aux occupants.

«Ça peut causer beaucoup de dommages, s'il y a des travaux. Imaginez, les gens qui ont refait leur sous-sol ou fait leur paysagement extérieur. Et puis, on ne sait pas comment ça va fonctionner, s'il faut se relocaliser», enchaîne Martin Turcotte.

On craint aussi que les différents intervenants se renvoient la balle, de l'APCHQ en passant par le constructeur lui-même et la bétonnière responsable du mélange utilisé. «On sait que les délais sont parfois longs», souligne Dominic Ouellet.

Apprendre des erreurs

Des réponses à toutes ces interrogations devraient toutefois être livrées d'ici quelques jours, voire quelques semaines. Dès lors, on en saura davantage sur la suite des choses.

Mais les propriétaires espèrent que les constructeurs apprendront de leurs erreurs, puisqu'un épisode de pyrite avait aussi défrayé la manchette au début des années 2000, en Mauricie.

«On a tous été surpris de voir que ça se pouvait encore. On espère seulement qu'il n'y aura pas d'autres surprises comme celle-là», laisse tomber Dominic Ouellet. «On espère vraiment qu'ils ont appris de ce qui s'est passé», ajoute son voisin.

Faire front commun

Même s'ils assurent obtenir une excellente collaboration de la part des différents intervenants, ces propriétaires songent à faire front commun, notamment pour obtenir des dédommagements autres que les sommes reliées aux travaux nécessaires.

«C'est des discussions qu'on a ensemble. Mais il n'y a pas de regroupement officiel», explique Martin Turcotte, qui attend impatiemment les conclusions de l'investigation menée par l'APCHQ avant d'aller plus loin.