Spontanément, il veut toucher aux boutons de la cuisinière en marche, ouvrir les robinets lorsqu'il est déjà plongé dans le bain, réajuster le thermostat sur le mur de sa chambre...
Épuisés, ses parents ont encore du mal à réaliser qu'à compter de samedi prochain, leur qualité de vie va vraisemblablement s'améliorer.
À défaut de faire prendre conscience à leur enfant qu'il se place trop souvent en situation de danger, Jean-François Maurais et Marie-Ève Chamberland vont pouvoir souffler en sachant que plusieurs pièges auront été éliminés.
Surnommés «les anges des Travaux publics», quelque 80 employés municipaux vont littéralement envahir la maison et la cour de cette famille de la rue Notre-Dame-Ouest, à Trois-Rivières.
Munis de leurs outils personnels et d'équipements prêtés par une longue liste de commanditaires, ces gens de métier vont rendre l'environnement du petit François beaucoup plus sécuritaire, et ce, tout à fait bénévolement.
À l'extérieur, une aire de jeux clôturée sera aménagée alors qu'à l'intérieur, l'installation de valves, d'interrupteurs, de grillages et de poignées d'armoires aimantées empêchera le garçon de mettre la main là où il ne faut pas.
Et comme une bonne nouvelle en attire souvent une autre, tous les membres de la famille devront quitter les lieux alors que les équipes de travail seront sur place à compter de 7h.
Pendant que ses parents iront se faire dorloter au centre de santé de l'Auberge Godefroy, François, ses deux grandes soeurs et son petit frère seront pris en charge par des animateurs, bénévoles toujours, du complexe sportif Alphonse-Desjardins.
À 15h, tout ce beau monde a de nouveau rendez-vous à la maison pour réaliser l'ampleur des travaux.
La maman, Marie-Ève Chamberland, se dit sous le choc. La jeune femme qui doit concilier les responsabilités familiales et le retour à temps plein aux études n'a pas l'habitude de se laisser gâter.
«Notre seul moment de répit est la vingtaine de minutes que nous prenons, une à deux fois par mois, pour aller boire un café chez Tim Horton», laisse tomber Jean-François Maurais, un gardien de sécurité appelé à travailler le jour comme la nuit.
«»Nous avions demandé une clôture et là, on se retrouve à se faire masser», dit-il en riant à l'idée que lui et sa conjointe sont attendus à l'auberge comme un couple princier.
«Mais je ne suis pas sûr d'être capable de relaxer», avoue candidement M. Maurais qui a hâte de quitter sa maison, samedi matin, pour mieux y revenir et voir tout ce qui aura été fait pour son fils.
L'aide des 80 employés bénévoles du service des Travaux publics arrive comme un véritable cadeau du ciel.
Les Maurais étaient déjà en attente d'une subvention du Programme d'adaptation de domicile (PAD) de la Société d'habitation du Québec et appliqué par la Ville.
Ce programme offre un soutien financier aux personnes handicapées ou aux familles qui doivent adapter leur logement.
Coordonnateur à la voirie, Alain Lizotte ne cache pas que la valeur des travaux réalisés chez les Maurais est substantielle, certainement de l'ordre de 50 000 $ s'il comptabilisait tous les services et matériaux donnés par la vingtaine de commanditaires et les heures offertes gracieusement par les 80 employés municipaux.
Heureux pour les Maurais, une famille qui a été recommandée par l'organisme Bail-Mauricie, M. Lizotte est aussi très fier de ses collègues qui ont accepté de jouer du marteau pour une bonne cause.
«En plus d'aider une famille, nous redorons l'image des cols bleus qui sont souvent ridiculisés. En ces temps difficiles, nous voulons donner à la communauté», dit-il en espérant que cette expérience initiée à Trois-Rivières sera imitée par d'autres villes.
L'Association des professionnels de l'outillage municipal (APOM) sera d'ailleurs sur place pour s'inspirer et partager l'idée.