Des retraités d'Aleris à l'Assemblée nationale

Seize retraités d'Aleris se sont présentés à l'Assemblée nationale du Québec, hier, pour sensibiliser le gouvernement à leur situation et en sont repartis avec l'engagement de la ministre Julie Boulet de leur faire rencontrer le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad.


Leur porte-parole, Pierre Pellerin, a confié en entrevue téléphonique que 16 places avaient été retenues dans la tribune pour son groupe. Ce dernier était guidé par la députée de Champlain, Noëlla Champagne, qui s'était engagée à poser au moins une question en chambre sur leur dossier.

«L'idée de cette visite est partie d'un petit groupe de retraités qui trouvait qu'on n'entendait pas assez parler de nous autres. On trouvait que ça n'avait pas de bon sens d'avoir été pénalisés de cette façon sans qu'il n'y ait aucune réaction», confie M. Pellerin.



Après avoir rencontré les représentants syndicaux qui leur ont expliqué les démarches entamées devant les tribunaux, les retraités ont décidé d'agir de leur propre chef car, comme le fait remarquer M. Pellerin, souvent ces recours judiciaires sont tellement longs que lorsqu'une décision est enfin rendue, plusieurs travailleurs sont décédés entre-temps.

«Ça ne nous intéressait pas d'attendre que la Cour suprême statue sur la date de la fermeture de l'usine Aleris. Pour nous, ça ne règle rien. On croit que le gouvernement a une part de responsabilité là-dedans. Ça n'a pas procédé assez rapidement au niveau de la commission des normes ni du côté de la compagnie ni du côté du gouvernement. Ils ont eu le temps de fermer l'usine avant qu'on ait notre préavis de mise à pied à cause de cette lenteur.»

M. Pellerin n'accepte pas non plus de se faire dire qu'on a fermé le fonds de retraite pour leur bien. «S'ils avaient attendu un peu, le fonds aurait commencé à se replacer», soutient-il.

Question à Hamad



En chambre, la députée de Champlain s'est adressée au ministre Sam Hamad, lui rappelant qu'en plus de la perte de leur prime de licenciement qui totalise près de 6 millions $, et de la perte de 40 % de leur fonds de retraite, les travailleurs se voient maintenant refuser l'accès au Programme de soutien aux travailleurs âgés du ministère de l'Emploi et de la Solidarité.

«Ma question est simple: qu'est-ce que le ministre entend faire pour que ces critères-là s'appliquent enfin à ces employés qui se retrouvent devant rien?»

Une question qui a été tellement applaudie par les retraités d'Aleris que le président de la chambre a dû les rappeler à l'ordre.

Une fois le calme revenu, le ministre Hamad a répondu que si ce programme ne s'applique pas, plusieurs autres existent. Il en a donné comme preuve que depuis la fermeture de l'usine, 225 des travailleurs avaient trouvé de l'emploi grâce à Emploi-Québec.

Vingt autres sont toujours en recherche d'emploi, 80 en formation, 40 à la retraite ou en congé de maladie. Le ministre s'est aussi félicité de l'efficacité du Pacte de l'emploi contre lequel a voté le parti de Mme Champa- gne.

Ce à quoi la députée a rétorqué que malgré tous les programmes mis en place, il n'en reste pas moins que des retraités qui devaient recevoir environ 1900 $ par mois, se retrouvent avec... 400 $.



Mme Champagne a également tenté de savoir où en étaient rendus les échanges entre le ministre Hamad et le ministre fédéral Tony Clement, au sujet d'un programme pouvant s'appliquer au Québec, soit le programme qui reconnaît le statut de créancier prioritaire aux fonds de pension.

Le ministre Hamad a répondu qu'il comprenait l'inquiétude des retraités et que c'est pour cette raison que l'Assemblée nationale avait adopté un projet de loi qui permet à la Régie des rentes d'intervenir pour protéger les retraités et leur fonds de retraite.

Une non-réponse qui a provoqué du chahut dans la Chambre.

La députée de Champlain n'a finalement jamais obtenu de réponse claire à sa question, à savoir où en était exactement les échanges entre les ministres Hamad et Clement sur le projet de loi fédéral.

Malgré tout, les retraités d'Aleris estiment qu'ils n'ont pas fait le voyage pour rien.

«Comme on dit souvent, c'est une période de questions, pas une période de réponses, a blagué M. Pellerin. Sauf que Mme Julie Boulet nous a assuré d'une rencontre avec le ministre Hamad. On va au moins pouvoir exprimer notre désaccord devant le ministre. Mais je ne crie pas victoire tout de suite.»