Les deux fils de Thériault, qui étaient les invités de Guy A. Lepage, ont en effet affirmé ne pas voir d'un bon oeil le fait que le bâton de leur père soit exposé dans un musée, considérant que l'objet a été utilisé pour commettre des actes de cruauté.
Rock-Sylvain et François Thériault parlaient alors d'un objet appartenant au Musée de la civilisation à Québec mais dans les faits, le bâton est prêté depuis juin dernier au musée trifluvien, qui le présente parmi d'autres artefacts dans le cadre de son exposition Québec en crimes, sur l'histoire criminelle du Québec.
Rappelons que Thériault a écopé de 25 ans de prison pour les nombreux sévices qu'il a commis à la fin des années 1970 au Québec en se présentant comme un gourou de l'Église Adventiste.
Hier, les gens du Musée de la civilisation à Québec ont reçu une trentaine de courriels et une dizaine d'appels de gens qui considéraient cette acquisition scandaleuse mais en fin de journée hier, presque tous avaient été répondus.
«À partir du moment où on explique aux gens que cet objet est présenté dans un contexte précis pour démontrer le sordide de cette affaire, les gens comprennent», fait valoir l'agent de communication Serge Poulin, au Musée de la civilisation.
Joints hier, les responsables du Musée québécois de culture à Trois-Rivières étaient eux aussi bien au fait de ce qui s'était dit sur le panel de Tout le monde en parle, mais aucune plainte n'a été enregistrée.
Sur les quelque 30000 visiteurs ont vu l'exposition depuis le 24 juin, les responsables du Musée n'ont d'ailleurs reçu aucune critique concernant cet objet, tel que présenté à Trois-Rivières.
«C'est un criminel et on le considère comme tel. On est loin de faire la gloire de Moïse Thériault», fait valoir la responsable des communications au Musée, Claire Plourde.
«Ce bâton n'est pas plus réjouissant à présenter que les objets qui ont servi à martyriser la petite Aurore», observe-t-elle.
«Ça fait partie de l'histoire du Québec, que ce soit agréable ou pas. Ça pourrait être choquant si c'était glorifié mais c'est tout le contraire. Peut-être que les deux hommes ne réalisent pas dans quel contexte on utilise cet objet.»
Au Musée de la civilisation du Québec, la présence de ce bâton avait aussi déjà soulevé quelques critiques par le passé.
Les autorités de cette institution avaient alors eux aussi précisé que des objets conservés dans des musées témoignaient d'événements parfois heureux, parfois malheureux de l'histoire de la société.
On mentionnait que cet objet était utilisé justement pour démontrer et dénoncer les abominations que ce criminel a commises, faisant d'ailleurs référence aux musée de la Shoa (de l'Holocauste) que l'on peut retrouver à travers le monde pour dénoncer le sort imposé aux Juifs.
À Trois-Rivières, on adopte la même position face aux agissements du criminel Thériault.
«Ça fait partie de l'histoire et c'est de la sensibilisation. Il n'y a pas qu'en Californie qu'on retrouve des illuminés comme ça», note Mme Plourde. «Malheureusement, ça arrive au Québec aussi.»