Hausse majeure du prix de l'enfouissement

Il en coûtera plus cher pour l'enfouissement des déchets en 2010.

La Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie a adopté son budget 2010, hier soir et imposera une hausse majeure de diverses tarifications, notamment au niveau de l'enfouissement qui passe de 36,91 $, un des prix les plus bas au Québec, à 49,70 $ la tonne.


Pour donner une idée des montants impliqués, la Ville de Trois-Rivières enfouit 47 762 tonnes métriques et Shawinigan, 18 743.

Le président de la Régie, Pierre Bouchard, qui a été réélu pour un second mandat hier soir, se dit conscient que ce budget aura un impact sur celui de chacune des municipalités membres et donc sur le compte de taxes des contribuables.



Il a d'ailleurs rencontré les maires, hier, afin de faire le point avec eux sur les hausses importantes qui affecteront les diverses compétences de la régie (l'enfouissement, la récupération et le recyclage, la gestion des boues ainsi que la collecte et le transport des matières résiduelles).

Le nouveau budget de la Régie reçoit l'aval de Raymond Chabot Grant Thornton, explique M. Bouchard, la firme de redressement financier qui s'affaire actuellement à rédiger le plan stratégique de la Régie pour les prochaines années.

L'idée, explique le président, c'est de redonner au plus vite une santé financière à la Régie ainsi «qu'une certaine autonomie afin qu'elle soit capable de rencontrer ses objectifs et de payer son déficit accumulé d'ici trois ans.»

Ce dernier se chiffrait à 2 110 400 $ en 2008 et grâce aux mesures de réduction, devrait se chiffrer à 423 788 $ à la fin de 2009. Si les choses vont comme prévu, c'est plutôt un surplus de 1,5 million $ que pourra annoncer la Régie en 2011.



Lorsque Pierre Bouchard a pris la présidence, il y a un an, la Régie était prête à livrer du biogaz aux serres Savoura et prévoyait donc faire des profits à ce chapitre. Elle croyait aussi faire des profits de 300 000 $ avec les activités de Récupération Mauricie dont elle est propriétaire à 50 %.

Crise

Mais voici que tout a commencé à chavirer avec la crise économique qui a entraîné le milieu de la récupération et du recyclage au Québec dans un gouffre financier absolument imprévisible.

Puis, les choses se sont mal passées lorsque Savoura a voulu commencer à s'approvisionner en biogaz. La Régie a été contrainte de compenser financièrement le producteur de tomates pendant plusieurs mois.

La médiation ayant échoué, l'affaire s'est transportée devant les tribunaux. La Régie n'en a pas fini, non plus, avec le dossier qui l'oppose à l'homme d'affaires montréalais Lucien Rémillard pour la propriété du lieu d'enfouissement sanitaire de Champlain.

Tout cela, c'est sans compter certains gestes posés qui nuisent encore à la Régie comme des investissement urgents réalisés sans emprunts.



Autre exemple, dans le cas de la gestion des boues, la tarification de 115 $ aurait dû passer à 125 $, l'an dernier. Or, la Régie avait alors préféré planifier un déficit. Au budget de 2010, elle se chiffrera à 140 $ par vidange.

«C'était ça, la Régie», raconte M. Bouchard. «On faisait ça pour plaire à nos membres. C'était tellement politique autour de la table», déplore-t-il. Mais cette mentalité n'a plus cours, assure M. Bouchard qui a averti ses confrères qu'il s'en irait si ça continuait.

 

Municipalités de l'extérieur

Malgré la hausse que subiront les membres de la Régie, les clients de l'extérieur qui enfouissent à Saint-Étienne-des-Grès continueront à enfouir à tarifs réduits puisque des contrats fermes les lient à la Régie pour 3 ou 4 ans, selon les cas, explique M. Bouchard.

Ce dernier est toutefois en négociations afin de tenter de modifier cette situation, notamment en demandant à ces municipalités clientes de l'extérieur de la région d'opérer elles-mêmes leur centre de transbordement, ce qui a récemment été entendu avec La Tuque.

Leurs tarifs d'enfouissement sera alors sans doute moins élevé que les municipalités membres, mais les clientes de l'extérieur devront éventuellement payer la bâtisse, les opérations du centre de transbordement ainsi que le transport pour porter les matières au centre d'enfouissement. Selon le maire Bouchard, les clientes paieront donc deux fois le prix des municipalités membres de la Régie.

Ce dernier rappelle que la clientèle de l'extérieur est indispensable pour maintenir la tarification régionale à un prix abordable, un prix qui sera, malgré la hausse annoncée, encore moins élevé que dans d'autres lieux d'enfouissement techniques de gestion publique au Québec.



Finalement, Pierre Bouchard prévient que les surplus qui seront engendrés par le centre d'enfouissement de Champlain ne seront pas remis aux municipalités en 2010. Ils serviront à faire des provisions pour payer le procès avec Lucien Rémillard, payer le chemin d'accès au LET et faire des mises à jour.

Ristournes

Quant aux ristournes de la loi 102 que les municipalités doivent recevoir pour chaque tonne de déchets qui est recyclée, au lieu d'être enfouie, la Régie a décidé de cesser de les mettre dans ses prévisions budgétaires. C'est que la Régie n'a pas encore vu la couleur de cet argent et ceci pose problème puisque la compensation de 1 million $ qu'on attend toujours avait été budgétisée pour l'année 2009, explique le président.

L'argent sera toutefois remis aux municipalités dès son arrivée, précise-t-il. «Ça va nous permettre de cesser d'être à la remorque de cette fameuse redistribution qui nous cause des ennuis tout le temps», dit-il.