Geneviève Bédard subit son procès

Presque trois ans après l'accident qui a coûté la vie à Jessy Pressé de Daveluyville, le procès de Geneviève Bébard s'est ouvert hier matin au palais de justice de Trois-Rivières.


La jeune femme de 22 ans, domiciliée à Victoriaville, fait face à des accusations de conduite avec les facultés affaiblies par l'alcool causant la mort, de négligence criminelle causant la mort et de conduite dangereuse causant la mort.

Le 8 octobre 2006, alors qu'elle revenait d'une soirée chez des amis à Gentilly, elle a dévié de sa voie pour aller heurter de plein fouet le véhicule conduit par la victime sur la route 161 à Saint-Wenceslas.



Il était alors 7 h 15 environ. Jessy Pressé n'avait que 22 ans. Elle se rendait à son travail d'infirmière au centre Domrémy de Pointe-du-Lac. Elle n'a eu aucune chance.

Dans les heures qui ont suivi l'accident, un prélèvement sanguin a été fait sur Geneviève Bédard. Il a révélé un taux d'alcool de 89 milligrammes par cent millilitres de sang.

Le procureur aux affaires criminelles et pénales, Me Jean-Marc Poirier, a fait entendre hier quelques-unes des personnes qui avaient participé à cette soirée d'anniversaire à Gentilly.

Elles ont notamment affirmé que Geneviève Bédard présentait les signes physiques d'une personne ayant consommé de l'alcool. L'un a noté sa démarche chancelante, d'autres ont surtout remarqué son coté chaleureux avec les hommes.



Par la suite, il a appelé à la barre les deux témoins de l'accident. Ces derniers prenaient place dans le véhicule suivant celui de Mme Bédard sur la route 161 alors qu'elle retournait chez elle à Victoriaville. Ils ont constaté que son véhicule louvoyait et même qu'à deux reprises, celui-ci avait complètement quitté sa voie pour se retrouver dans la voie inverse.

Ce fut ensuite au tour des ambulanciers de donner leur version des faits. Le premier, Philippe Girouard d'Urgences Bois-Francs, a indiqué que la jeune femme était consciente mais qu'elle avait de la difficulté à parler.

Elle était très émotive et semblait inquiète de l'état de santé de l'autre conductrice. Pendant son transport en ambulance, elle lui a avoué être en conflit avec ses parents et avoir eu la vision embrouillée par ses pleurs lors de l'accident.

Le paramédic s'est même demandé si elle n'avait pas fait une tentative de suicide. L'autre ambulancier, Pierre Poirier, a pour sa part noté que la jeune femme sentait l'alcool.

Le policier à la retraite de la SQ Bernard Beaudoin a ensuite expliqué au juge Jacques Lacoursière les circonstances et les motifs de l'arrestation de la prévenue.

Outre le louvoiement du véhicule rapporté par les témoins, il soutient que la jeune femme lui a fait cette déclaration, avant même qu'il n'ait prononcé un mot: «Je suis fautive. Je pleurais. J'aurais dû rester couchée». En plus, il a noté une odeur d'alcool.



Or, dans cette cause, son avocat Me Denis Lavigne tente plutôt de démontrer que l'alcool n'est pas en cause. Il pointe du doigt un possible éblouissement causé par le soleil et les problèmes personnels de la jeune femme.

Il soutient d'ailleurs que sa cliente a connu des moments très durs depuis cet accident. «C'est très difficile pour elle. Elle a des remords d'être partie ce matin-là car elle pleurait beaucoup. Elle estime qu'elle n'aurait pas dû être sur la route. Encore maintenant, ce n'est pas facile: elle pleurait tout à l'heure en cour», a-t-il ajouté.

Hélène Saint-Louis, la mère de la victime, traverse elle aussi des moments très éprouvants, elle qui a perdu sa fille unique.

«On dirait qu'elle essaie toujours d'allonger le temps. Si au moins, elle avait pris ses responsabilités. J'ai l'impression qu'elle n'a pas de remords. Quant à savoir si moi je lui ai pardonné, je ne peux pas répondre car au fond, c'est à ma fille de lui pardonner», a-t-elle mentionné.

Le procès devrait poursuivre aujourd'hui.