Les yeux rougis par la fatigue d'avoir roulé près de 400 kilomètres, l'homme n'a pas mâché ses mots pour exprimer son point de vue et celui des autres parents de sa communauté.
L'homme est cependant reparti bredouille. Le poste d'enseignant au primaire à l'école Notre-Dame-de-l'Assomption restera aboli.
Que les parents et le personnel enseignant se le tiennent pour dit: la réalité différente de Parent les oblige à s'organiser différemment. C'est en résumé ce que le directeur général de la commission scolaire, Claude Leclerc, a répété à M. Saint-Amour.
Décroissance oblige, deux postes d'enseignants, l'un au primaire, l'autre au secondaire, ont été abolis à Parent où on dénombre 24 élèves, soit 14 au primaire et dix au secondaire.
Or, les deux enseignantes touchées par cette mesure ont décidé de se prévaloir d'une clause empêchant leur employeur de les assigner à plus de 50 kilomètres de leur lieu de résidence ou de travail.
Tenue de les rémunérer, la commission scolaire a décidé de les maintenir à l'école Notre-Dame-de-l'Assomption mais à titre d'aides pédagogiques.
Les parents ne l'entendent pas ainsi, surtout au primaire où l'enseignante se retrouve devant une classe de 14 enfants de la maternelle à la 6e année. Aide pédagogique ou non, la mission s'avère impossible selon eux. Ils réclament donc deux profs dans deux classes distinctes.
«Le budget n'est pas là», déclare M. Leclerc qui a plusieurs fois répété que le poste aboli au primaire n'allait pas être recréé. «Les gens de Parent vont devoir s'habituer à travailler en équipe et autrement», a-t-il suggéré avant de mentionner que la commission scolaire s'engage à revoir l'aménagement physique de l'école et à bonifier, au besoin, le soutien pédagogique apporté au personnel ensei- gnant.
Mais pas question de revenir sur une décision justifiée par «une situation hors de notre contrôle», a insisté le directeur général en faisant référence aux difficultés rencontrées ces dernières années par la scierie et à la baisse démographique qui s'ensuit dans ce secteur isolé qu'est Parent.
«Ce n'est pas encore un village fantôme!», a répliqué M. Saint-Amour qui a dénoncé la mauvaise gestion de la commission scolaire. «À Parent, on a toujours les restes», a-t-il laissé tomber, persuadé que les jeunes finiront par ressentir les contrecoups d'une éducation qu'il estime à rabais.
Ce matin, M. Saint-Amour fera le point de sa rencontre avec les autres parents qui, depuis plus d'une semaine maintenant, gardent leurs enfants à la maison en guise de protestation.