En 28 ans de carrière dans le milieu de l'éducation, Réjean Descôteaux a été cela et même plus. Depuis une douzaine d'années par contre, l'homme de 60 ans enseigne à des tout-petits de 5 ans à la maternelle, un rôle qui fait davantage appel à la douceur de sa voix qu'à ses biceps entraînés.
L'enseignant à l'école primaire Curé-Brassard, à Nicolet, est le seul homme parmi 23 femmes qui, sur le territoire de la Commission scolaire de la Riveraine, enseigne à la maternelle.
Les statistiques du ministère de l'Éducation (2007-2008) révèlent que parmi les 5142 enseignants de la maternelle au Québec, seulement 2 % sont des hommes. Les femmes représentent également 85 % des 48 273 membres du personnel enseignant au primaire.
«Je ne sais pas pourquoi les hommes ne veulent pas enseigner au primaire et encore moins au préscolaire. Moi, j'ai toujours aimé cela», affirme-t-il.
M. Descôteaux raconte s'être retrouvé dans une classe de maternelle à la suite d'une réaffectation du personnel enseignant de la commission scolaire. Or, ce qui aurait pu s'avérer un choc pour lui s'est plutôt transformé en une belle complicité entre «monsieur Réjean» et le petit monde qu'il aide à devenir grand.
Lorsque la situation l'exige, celui qui affiche un calme contagieux n'hésite pas à user de sa voix plus grave et à adopter un ton plus ferme. Il avoue se répéter rarement.
M. Descôteaux y voit là un avantage sur ses collègues féminines qui doivent parfois s'y reprendre à plus d'une reprise avant de se faire comprendre et respecter.
D'ailleurs, il souligne que des parents demandent à ce que leur enfant se retrouve dans sa classe, à commencer par ceux qui ont un jeune plus turbulent que la moyenne.
Il faut dire que l'ancien enseignant en éducation physique intègre la pratique sportive dans son horaire. À tous les jours, les enfants de son groupe sont invités à bouger, tant dans le gymnase qu'à l'extérieur de l'école.
Le prof y voit là une belle occasion de leur laisser sortir leur trop plein d'énergie, de stress et autres éléments perturbateurs.
Par ailleurs, il n'est pas rare que des mamans monoparentales demandent que leur garçon se retrouve dans la classe de monsieur Réjean qui, du coup, devient une figure, voire un modèle masculin dans le quotidien de leur enfant.
«Comme homme par contre, je peux difficilement materner les enfants», avoue M. Descôteaux. Il ne se prive pas de consoler un enfant en pleurs mais fait très attention aux gestes qu'il pose. L'enseignant veut ainsi éviter les mauvaises interprétations.
Monsieur Réjean s'estime très heureux à la maternelle. «C'est ma place!», affirme celui qui prendra sa retraite au terme de l'année scolaire qui débute. M. Descôteaux précise que sa sortie surviendra au moment où sa fille et son garçon termineront leurs études universitaires en adaptation scolaire. Le paternel n'est pas peu fier de sa relève.