Le jeune homme et la jeune femme, âgés de 17 ans, ont fait face à divers chefs d'accusation, dont négligence criminelle causant des lésions corporelles, incendie criminel, production de haschich et complot.
L'incendie aurait pu être causé par l'utilisation de naphta, un combustible couramment utilisé pour la production d'huile de haschich.
La comparution, menée à huis clos, a été de courte durée. La juge de paix s'est objectée à la remise en liberté des accusés tel que le demandaient leurs avocats.
Les deux accusés comparaîtront à nouveau au palais de justice aujourd'hui. Ils ont été pris en charge par le Centre jeunesse de la Mauricie et du Centre-du-Québec.
Une troisième personne d'âge mineur avait également été arrêtée plus tôt hier, mais elle a été libérée en cours de journée. Le procureur de la Couronne a finalement pris la décision de ne pas porter d'accusations contre elle.
Selon les informations obtenues jusqu'à maintenant, les trois personnes arrêtées ainsi que les trois personnes grièvement blessées se trouvaient à l'intérieur du logement où l'incendie s'est déclaré.
On ignore pour l'instant l'état des trois personnes blessées. Deux d'entre elles avaient été transportées d'urgence au Centre des grands brûlés de Québec mercredi.
D'autres accusations pourraient être portées au cours des prochains jours.
Des moments difficiles
Alors que certains sinistrés retournaient sur les lieux de l'incendie de la rue Scott hier, l'émotion était palpable pour ceux qui ont vu une partie de leur vie s'envoler en fumée.
Denis Bélanger venait de passer des mois à rénover le premier étage de sa résidence à la suite du décès de sa mère et s'apprêtait à y emménager lui-même au cours des prochains jours.
«Le lave-vaisselle venait d'être livré lundi, explique M. Bélanger. Il ne manquait plus que ça pour que tout soit terminé et qu'on puisse déménager.»
L'incendie de mercredi ne lui permettra pas de profiter des travaux qu'il a réalisés en grande partie lui-même. Il a dû annuler ses vacances et s'installer dans un hôtel de La Tuque grâce à l'aide de ses assurances.
M. Bélanger a appris la nouvelle alors qu'il se trouvait à son travail et qu'un de ses collègues pompier volontaire a reçu un appel pour un incendie majeur à la rue Scott.
«C'était l'adresse juste à côté chez nous, ajoute-t-il. Il m'a dit que quand ils annonçaient un incendie majeur, ça voulait dire que ça brûlait pour de vrai. J'ai sauté dans ma voiture tout de suite, mais quand je suis arrivé, le feu était déjà partout.»
Denis Bélanger tentera de récupérer les biens qu'il peut à travers les débris dès que ce sera possible. Il souhaite pour l'instant rebâtir la maison où il a grandi. Son grand-père l'avait construite il y a 90 ans et tous ses souvenirs familiaux y sont liés. Sa soeur y habitait également dans un logement emménagé au deuxième étage.
L'espoir malgré tout
Roland Boivin l'a échappé belle mercredi. L'homme, qui habite seul dans une des trois maisons touchées, fait habituellement une sieste chaque après-midi en prenant soin de se boucher les oreilles et en portant un masque de nuit.
«Des fois, des gens viennent cogner à la porte très fort et je ne m'en rends même pas compte, je reste endormi», explique-t-il.
C'est par une chance inouïe que l'homme a dérogé à sa routine ce jour-là pour sortir en ville faire quelques achats. «Maintenant, je recommence à nu, soutient-il. Tout ce que j'ai au monde maintenant, je l'ai sur mon dos.»
M. Boivin garde cependant espoir et se réjouit de voir qu'en de telles circonstances, toute sa famille et ses amis lui viennent en aide. Un jeune couple qui habite près de là lui a offert d'habiter temporairement dans sa roulotte. Ses enfants sont également partis de Sept-Îles dans la journée d'hier pour lui prêter assistance.
Il conservait chez lui une tonne d'objets auxquels il tenait et qui lui remémoraient des souvenirs. L'homme, écrivain à ses heures, gardait plusieurs de ses écrits auxquels il était très attaché. Comme sa maison est celle qui a été la moins touchée, il tentera de voir ce qu'il pourra récupérer.
Selon Sylvie Lamy, porte-parole de la Sûreté du Québec, les dommages causés par l'incendie s'élèveraient à plus d'un demi-million de dollars.