Le coup de pouce du destin...

Pour Dominique Gauthier, le questionnement n'aura pas été long après la fermeture de Norsk Hydro.

De son propre aveu, il y a quelques années, Dominique Gauthier souhaitait changer de milieu de travail et quitter l'univers des «shops» dans lequel il avait travaillé toute sa vie.


L'opérateur à l'expédition chez Norsk Hydro n'aurait cependant jamais osé claquer la porte de l'usine, de peur de perdre ses avantages sociaux, son excellent salaire et toute la sécurité que cela lui apportait.

Ainsi, lorsque la haute direction de Norsk Hydro a annoncé, à l'automne 2006, que tous les employés seraient remerciés au printemps suivant et que l'usine fermerait ses portes, Dominique Gauthier l'a perçu comme un coup de pouce du destin.



«Sur le moment, c'est plutôt un gros coup de pied, parce que ça nous a tous secoués quand même», raconte le père de famille, qui avait trois adolescentes à la maison lorsqu'il a appris la nouvelle, il y a près de trois ans.

À 47 ans, après 18 années passées dans cette entreprise de Bécancour, Dominique Gauthier se retrouvait au chômage et devait maintenant se retrousser les manches.

«Ce qui était sûr pour moi, c'est que je ne voulais pas retourner dans une shop. Par contre, j'avais peur de me retrouver chez nous à ne rien faire. Ça, ça aurait vraiment été la pire chose pour moi. J'avais la bougeotte et il fallait que je me tienne occupé», se souvient l'homme qui a toujours habité à Baie-du-Febvre.

D'ailleurs, M. Gauthier, qui est très connu dans la municipalité pour son engagement bénévole, se souvient que les mots d'encouragements venant d'un peu partout ont fini par lui mettre encore plus de pression.



«C'est niaiseux, mais c'est vrai! Tout le monde me disait: «Nous ne sommes pas inquiets pour toi, tu vas te replacer facilement». Mais à force d'entendre ça, tu viens que tu as l'impression de devoir réussir à tout prix parce que c'est ce que tout le monde attend de toi», raconte M. Gauthier.

Passionné de rénovation et de travail manuel, c'est vers cette activité qu'il décide donc de se tourner, en lançant sa propre entreprise, «Rénovation Dominique Gauthier».

En quelques mois, l'homme a étudié et complété les sept examens nécessaires à l'obtention de sa licence de la Régie du bâtiment. Il entame aussi des démarches pour obtenir son permis de la CCQ et ainsi avoir l'autorisation de travailler sur des chantiers pour d'autres constructeurs. Il a aussi reçu l'aide et les conseils du Centre local de développement de Nicolet.

«J'avais déjà plusieurs connaissances, mais j'ai dû apprendre beaucoup de choses aussi. Je ne connaissais rien en plomberie, alors j'ai dû m'y mettre. Moi, je peux maintenant faire à peu près tout, sauf l'électricité. Quand tu es dans ce domaine-là, tu dois être capable de toucher à tout, sinon tu ne peux pas survivre», confie M. Gauthier, qui raconte avoir eu beaucoup de soutien de sa conjointe, Maryse Baril.

«Elle m'a vraiment aidé avec toute la paperasse et elle continue de le faire. C'est un projet qu'on a mené ensemble. Avoir été tout seul, je me serais peut-être découragé et je serais retourné chercher du travail dans une shop», estime Dominique Gauthier.

De nouvelles conditions



Évidemment, travailler à son compte veut aussi dire des journées plus longues qu'à l'usine, un salaire un peu moins intéressant et des hivers avec un carnet de commandes un peu moins garni.

«C'est une question de priorités. Quand on arrive à un certain âge et que la plupart de nos biens sont payés, on n'a pas autant besoin d'argent qu'au départ. On se paie un peu moins de soupers au restaurant, peut-être, mais on ne manque de rien et j'aime ce que je fais», mentionne M. Gauthier.

Ce dernier se désole tout de même d'avoir entendu des histoires venant de ses ex-collègues de travail qui se faisaient refuser un emploi parce que l'employeur ne pouvait offrir le même salaire que Norsk Hydro et craignait ainsi que le travailleur parte pour un meilleur salaire à la première occasion.

«Si tout le monde se met à réfléchir comme ça, personne ne pourra jamais se replacer. Pour ma part, je me dis qu'un gars, à 50 ans, c'est pas fini.»