Au terme d'une audience tenue le 20 juillet, la Commission nationale des libérations conditionnelles autorise en effet le jeune homme de 26 ans à bénéficier de sorties sans escorte 72 heures par mois pour voir sa conjointe et sa famille, et ce, pour la prochaine année.
Fresco devra entre autres s'abstenir de consommer toute drogue et alcool, de se trouver dans des débits de boisson et de communiquer avec les membres de la famille de la victime. Un couvre-feu lui a également été imposé entre 23 h et 6 h.
Quant à une éventuelle semi-liberté ou libération conditionnelle totale, elles ne sont pas recommandées à ce stade-ci des procédures, étant jugées prématurées.
On se rappelle que depuis la fin 2005, l'individu purge une sentence de huit ans de prison pour l'homicide involontaire coupable du jeune Mathieu Milette, 13 ans de Shawinigan. Le 21 octobre 2004, il avait frappé sa victime à la tête à dix reprises avec un extincteur dans un logement de la rue Bellevue à Shawinigan. Fresco, qui était alors sous l'influence de stupéfiants, l'avait frappé violemment jusqu'à ce qu'il ne bouge plus. Constatant qu'il était mort, il avait ensuite déshabillé la victime et l'avait transporté dans le bain. Il s'était ensuite affairé à nettoyer la scène de crime.
Pendant les procédures judiciaires qui avaient suivi, le juge Raymond Pronovost avait libéré conditionnellement Fresco. Celui-ci en avait profité pour prendre la fuite avec son amie de coeur en Alberta avant finalement d'être arrêté et rapatrié au Québec.
Pour rendre sa décision, la CNLC soutient avoir pris en considération toutes les informations contenues au dossier, les facteurs de risques et les représentations qui ont été faites notamment celles en provenance de membres de la famille de la victime.
L'évaluation psychologique de Fresco, son comportement jugé conformiste en prison, son implication dans des programmes de maîtrise de la colère, sa réussite au programme national de traitement de la toxicomanie, le suivi psychologique dont il bénéficie depuis février 2009 et son travail introspectif auraient joué en sa faveur.
Les commissaires notent d'ailleurs que depuis deux ans, Fresco a obtenu plus d'une douzaine de permissions de sortir avec escorte pour visiter ses parents et sa conjointe et une vingtaine de sorties pour services à la collectivité et que celles-ci se sont bien déroulées.
Sa conjointe, qui avait également un gros problème de consommation, aurait semble-t-il mis fin à sa consommation abusive de drogue (du moins selon l'agent de libération conditionnelle.) Elle aurait une vie rangée et prendrait soin de la fille qu'elle a eue avec Fresco. Elle est même considérée comme une ressource positive et significative par la CNLC.
Certes, la Commission rappelle que cet individu a commis des gestes d'une grande brutalité. «Un mode de vie immature et irresponsable, voire délinquant, axé sur une consommation abusive et effrénée de substances intoxicantes a servi de toile de fond à votre désorganisation meurtrière», peut-on lire dans la décision des commissaires.
On note aussi qu'il «demeure fragile aux influences négatives» et qu'il «a encore du travail à faire dans son cheminement personnel» et que «celui-ci devra inclure au moment opportun sa conjointe qui a été directement concernée par l'ensemble du délit.» Or, le risque de sorties sans escorte n'est pas considéré inacceptable pour autant.
Sous le choc
Janine Milette avait la tête lourde hier. Elle essayait tant bien que mal de contenir la colère et la frustration qui remontaient à la surface après des années passées à tenter de les étouffer.
«Mathieu était mon fils unique. Quand il est mort, j'ai tout perdu. Et voilà qu'aujourd'hui, après trois ans et demi d'incarcération, le meurtrier de mon fils a déjà un pied dehors. C'est choquant et frustrant, surtout que le crime a été crapuleux. Mathieu a été battu sans raison. Il avait le bras dans le plâtre lorsque Fresco l'a attaqué et il a essayé de se défendre contre Fresco mais sans en être capable», a confié Mme Milette.
La dame a participé, lundi, aux audiences de la Commission nationale des libérations conditionnelles. Elle s'est d'ailleurs adressée longuement aux commissaires mais ses efforts sont demeurés vains. «Fresco a encore récité son filet de mensonges. Je n'en reviens pas. Il ne pourra jamais se libérer cet homme, jamais trouver la paix intérieure. Je n'ai vu aucune évolution dans sa situation. Il continue de manipuler tout le monde. Il demeure un homme dangereux. Sa libération constitue un risque pour la société et même pour sa propre petite fille», a indiqué Mme Milette.
Fresco a désormais le droit de quitter le pénitencier sans escorte 72 heures par mois pour visiter sa conjointe et sa fille, maintenant domiciliées dans la région de Montréal. Il doit cependant se soumettre à des conditions dont celles de ne pas consommer de drogue et d'alcool et de ne pas fréquenter des gens qui en consomment. «C'est ça qui est le plus contradictoire dans cette affaire: il retourne carrément avec sa conjointe, celle qui était présente lors du meurtre, celle avec qui il s'était enfui en Alberta et avec qui il consommait de la drogue. Qui me prouve qu'ils ne vont pas recommencer, prendre de la drogue et péter les plombs?» a-t-elle demandé.
En effet, même si plus de quatre années se sont écoulées depuis la disparition de son fils, Mme Milette avoue qu'elle ne voit pas encore le jour où la douleur s'estompera. «J'ai toujours la même lourdeur dans le coeur et je suis encore une psychothérapie. Mon passage devant la CNLC a fait remonter beaucoup d'émotions à la surface. En retour, ça me donne quoi? La justice est tellement expéditive», a-t-elle ajouté.