Le juge Guy Lambert a prononcé un sursis de sentence assorti d'une probation de trois ans. L'octogénaire ne pourra plus entrer en contact avec Mme Collin et son conjoint et ne pourra se trouver à moins de 500 mètres de leur résidence.
Homme respecté pour son travail bénévole de jardinier du petit parc situé face à sa résidence, M. Bergeron avait cependant un caractère tranchant. Mme Collin en a fait les frais. Femme douce et calme, elle ne cherchait d'histoires à personne. Quand il fut question d'installer de nouvelles fenêtres, M. Bergeron a imposé son point de vue même si ce n'était pas au goût de ses voisins. Même chose pour le choix de fleurs. Plus récemment, M. Bergeron avait aussi proféré des menaces de mort contre sa voisine. C'est une tierce personne qui a entendu ces propos et qui les a rapportés à Mme Collin.
À un moment donné, il a exercé des voies de fait sur Mme Collin en la giflant au visage et en lui serrant les bras. C'en était trop et celle-ci n'a eu d'autre choix que de porter plainte. C'était le début d'un véritable cauchemar. Inhalothérapeute de profession, Mme Collin était une battante. Mais son voisin a grugé toutes ses énergies. Selon elle, les tracas causés par le vieil homme lui ont provoqué la sclérose en plaques et la fibromyalgie. Au fil des mois et des années, la santé de Mme Collin s'est considérablement détériorée au point de l'empêcher de travailler. En fait, ses journées se résument à demeurer allongée de 15 à 17 heures par jour. Et pour atténuer sa douleur, elle doit se soumettre à une médication lourde et coûteuse.
Ce qui la choque, c'est que IVAC (indemnisation des victimes d'actes criminels) refuse de lui verser des indemnités en soutenant que sa condition médicale est le fait de maladies personnelles et non la conséquence des gestes posés par M. Bergeron. Hier, elle a soutenu qu'elle a bel et bien été victime d'actes criminels pour lesquels M. Bergeron a déjà fait deux mois de prison.
Mme Collin a réclamé justice hier. Mais il semblait exclu que les parties au dossier réclament une peine de prison ferme. Le juge était également de cet avis. Le grand âge de M. Bergeron a joué pour beaucoup. Me Marcel Côté, son procureur, a expliqué que son client connaissait de sérieux problèmes de santé physique et mentale. Selon Me Côté, Jean Bergeron «n'est plus là» et se laisse aller. L'avocat a ajouté que la maison des Bergeron avait été vendue au mois de juin. Quant au procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Jean-François Bouvette, il a demandé au juge de prendre les moyens pour assurer la protection et la quiétude de Mme Collin.
En ce sens, le juge Lambert a ordonné que M. Bergeron soit soumis à un suivi probatoire d'une durée de trois ans et que tout manquement soit communiqué à Mme Collin. Fait à noter, M. Bergeron était absent compte tenu de son état de santé précaire. Quant à Mme Collin, elle a obtenu que le dossier soit reporté en après-midi, sa condition ne lui permettant pas en matinée de se faire entendre par le tribunal.
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