Dans la région comme partout ailleurs au Québec, plusieurs victimes ont davantage perdu d'argent que de livres. Et encore, on ne parle pas du stress et de l'humiliation que cette affaire engendre.
Sandra Charland de Bécancour en sait quelque chose, elle qui vient tout juste d'accoucher d'un petit garçon. «Je suis une nouvelle maman et je voulais maigrir le plus rapidement possible. Je suis donc allée fouiller sur Internet pour avoir des conseils et je suis tombée sur cette annonce. Je suis bien consciente que 35 livres en deux mois, c'est pratiquement impossible mais ça ne pouvait pas nuire. J'étais tellement obsédée par mon poids», raconte la jeune femme de 29 ans.
Ce produit est décrit comme le nouveau truc miracle pour maigrir. On y cite même des sources très crédibles comme Oprah Winfrey et différentes émissions de TVA, Radio-Canada, TQS et CNN. Pour prouver que le produit fonctionne, on offre même d'envoyer des échantillons gratuits des fameuses baies d'açaï et du traitement du colon. Il suffit seulement de payer les frais de manutention de 5,95 $US pour chaque produit.
Le 4 juillet, Sandra Charland a donc passé sa commande. Elle a fourni son numéro de carte de crédit pour payer les frais de transport. Le hic est qu'elle a omis de lire tous les termes du prétendu contrat, écrits en lettres minuscules à la toute dernière page du site. En plus, elle n'a jamais vu que la fameuse case d'acceptation du contrat était déjà cochée.
Quelques jours plus tard, elle apprend par le biais d'une émission de télévision que la méthode de vente des baies d'açaï constitue en fait une arnaque. «Je tremblais de partout. Je venais de me faire avoir. Après deux semaines, la compagnie pouvait commencer à me facturer 79 $US par mois pour chaque produit commandé, soit un peu plus de 200 $ en tout. Le pire est que les fameuses baies d'açaï sont en vente chez Costco pour 20 $», a-t-elle déploré.
Même si elle n'avait pas encore reçu lesdits produits, ni même été facturée, elle a immédiatement entrepris les démarches pour faire annuler son contrat mais en vain. «Quand on appelle la compagnie, tout est en anglais. On a beau fournir notre nom et les numéros de commande, on nous répond que ça n'existe pas dans les dossiers», a-t-elle précisé.
Finalement, il aura fallu l'intervention de l'Office de protection de consommateur pour redonner espoir aux centaines de personnes lésées. «Au Québec, nous recevons en moyenne 1000 appels par jour. Or, depuis jeudi dernier, plus de la moitié des appels sont reliées aux baies d'açaï. Heureusement, il existe des recours possibles, surtout depuis l'entrée en vigueur en 2007 de nouvelles dispositions sur les notions de rétrofacturation», a indiqué Gary Frost, directeur des services aux consommateurs à l'OPC de Trois-Rivières.
La loi stipule que le commerçant a notamment l'obligation de fournir une description détaillée de son offre, du total des sommes de l'achat, des frais connexes. Or, plusieurs de ces conditions n'ont pas été respectées par la compagnie. «Des faits pertinents ont été camouflés. Sur notre site Internet, nous indiquons la marche à suivre pour demander l'annulation du contrat et obtenir un remboursement. Si la compagnie refuse de le faire, il est possible d'obtenir ce remboursement directement auprès de la compagnie de crédit comme Visa ou Mastercard», a-t-il ajouté.
La jeune maman ne cache que cette situation est particulièrement stressante surtout que son dossier n'est pas encore réglé. «Je n'ai pas les moyens de payer 200 $ par mois. C'est vraiment la première et dernière fois que j'achète sur Internet. Je souhaite seulement que mon expérience serve d'exemple», a-t-elle conclu.