«C'est fini l'époque des chevaux et des charrues. Heureusement! Moi, j'ai vieilli avec l'évolution et j'en suis pas mal contente. Je ne suis pas bonne devant un ordinateur, mais je suis capable de jouer aux cartes», s'est exclamée la dame avec un sourire taquin.
Demain, elle aura 108 ans bien sonnés. L'événement a été souligné en grand, hier, à la Villa Domaine Saint-Grégoire à Bécancour. Pour l'occasion, on avait offert à cette ancienne coiffeuse des soins de beauté et de santé, notamment un massage qu'elle dit avoir apprécié parce qu'«il a soulagé ses vieux os».
Elle a ensuite eu droit à un dîner en chansons et à un énorme gâteau d'anniversaire en compagnie de sa famille et des autres résidents. Elle ne s'est même pas permis un petit caprice alimentaire. «Elle avait le goût de manger du poulet BBQ et pour le soir, une toast avec des cretons au veau», a précisé Lyne Hébert, directrice de la Villa Domaine.
N'allez pas croire qu'à son âge, la centenaire perd la tête. Mère d'une fille, grand-mère de quatre petits-enfants, arrière-grand-mère sept fois et bientôt arrière-arrière-grand-mère, Mme Hébert est encore très lucide. «Je prends des médicaments uniquement pour la pression. Mon coeur et mes poumons vont très bien. Le secret est de manger ce qu'il faut uniquement. J'ai fait du sport, du vélo et du yoga, et je n'ai jamais fumé. L'important est de toujours vivre dans le présent. Vivre et laisser vivre. Moi, j'aime tout de la vie, le nouveau et l'ancien», a mentionné cette grande amateur de hockey.
Elle avoue par contre n'avoir jamais envisagé de se rendre à 108 ans. «J'ai perdu mon mari alors qu'il n'avait que 57 ans. J'ai alors pris conscience qu'on pouvait partir très jeune. J'ai même pensé que moi aussi j'allais mourir, mais finalement je suis là et je suis contente. Voyez, je suis aujourd'hui entourée de ma famille», a-t-elle raconté.
Mme Hébert n'est pas la seule à faire partie du club sélect des centenaires à la Villa Domaine. Sa bonne amie, Christine Champoux-Cormier, originaire de Saint-Sylvère, va elle aussi célébrer ses 108 ans le 17 août. Elle est très lucide elle aussi. Seuls sa vue et son ouïe commencent à lui faire défaut.
Du passé, elle se rappelle encore très bien des deux guerres mondiales et de la crise des années 30. «On ne mangeait pas ce qu'on voulait à cette époque, mais le pire a pour moi été la perte de mes parents et de ma famille. Je suis la dixième de 11 enfants. Ils sont tous partis avant moi. Il ne me reste aujourd'hui que des nièces», a-t-elle indiqué.
Mariée et sans enfants, Mme Champoux-Cormier soutient que le secret de la longévité réside avant tout dans une bonne santé et dans la façon de vivre sa vie. «Il faut prendre le temps comme il vient, qu'il soit bon ou mauvais. Il ne faut pas se casser la tête», a-t-elle ajouté.
Quant à savoir maintenant si ces deux centenaires sont les doyennes de la région, il est difficile d'obtenir des réponses à ce sujet. Il n'existe en effet aucun registre officiel, mis à part une liste de supercentenaires (ceux âgés de 110 ans et plus). On sait que la doyenne du Québec, soeur Judith Pinard, qui résidait à Trois-Rivières, est morte le 13 juin dernier à l'âge de 110 ans. «Nous avons même envoyé une lettre au bureau du premier ministre pour savoir si Mme Hébert était la doyenne du Québec ou à tout le moins de la région. Nous attendons des nouvelles», a indiqué Lyne Hébert, directrice de la Villa Domaine Saint-Grégoire.
À première vue, Mme Hébert ne peut pas revendiquer le titre de doyenne du Québec puisqu'une religieuse de Rimouski, soeur Germaine Belles-Îles, a célébré ses 108 ans le 6 mai dernier.