Certes, ils n'étaient pas les seuls puisque l'UdeM a également diplômé 212 autres finissants formés à Montréal mais ce sont ceux de la Mauricie qui ont eu droit aux grands honneurs. «Cette cohorte est le résultat d'un projet unique au Québec, soit celui de former au complet des médecins à l'extérieur de Montréal. C'est le fruit d'une collaboration avec la communauté médicale et les établissements de santé de la région. En plus, les 27 étudiants de la Mauricie ont tous complété avec succès leur doctorat en médecine», a souligné le Dr Jean Rouleau, doyen de la Faculté de médecine de l'UdeM.
Le projet était au départ ambitieux lorsqu'en juin 2003, le CHRTR s'est assis avec l'UdeM pour discuter de la mise sur pied d'une formation médicale en Mauricie pour mettre un terme à la pénurie de médecins; 14 mois plus tard, les espoirs étaient devenus réalité.
La Mauricie dispose maintenant d'un programme complet de doctorat en médecine, de deux unités de médecine de famille et d'un pavillon d'enseignement qui devrait être inauguré en septembre.
On peut même parler d'une histoire d'amour entre la Mauricie et ses étudiants en médecine et ce, dans tous les sens du terme. Des couples se sont formés, des bébés sont nés mais surtout des liens très forts ont été tissés entre les étudiants et la région. «La qualité de la formation offerte en Mauricie est excellente. S'il y a des différences, elles ne se font pas sentir au plan des standards académiques, des enseignants ou des équipements mais plutôt au niveau social. Un médecin formé dans un milieu a plus de chance d'y rester car il développe des liens et un sentiment d'appartenance», a précisé le Dr Pierre Gagné, vice-doyen responsable du campus de l'UdeM en Mauricie.
En effet, la plupart des 27 diplômés, soit 21 femmes et six hommes qui proviennent d'un peu partout au Québec, ont avoué avoir eu un coup de coeur pour la Mauricie. C'est le cas de Danielle Gilet de Montréal. «Je n'avais jamais vu autre chose du Québec que Montréal. Le fait de venir étudier en Mauricie constituait pour moi un bon moyen de sortir du nid familial (je suis d'origine haïtienne) et de relever de nouveaux défis. Je n'ai pas été déçue: j'ai eu droit à un environnement chaleureux, humain, convivial. Les patrons, les médecins, tout le monde m'appelait par mon nom. Il y a un bel esprit de gang ici», a-t-elle mentionné.
Pierre-Luc Dazé de Varennes est également charmé. «Comme j'étais le 5e sur la liste de rappel, je n'ai pas eu le choix de venir ici si je voulais faire ma médecine. J'ai été impressionné; nous avons été choyés à tous les niveaux», a-t-il indiqué.
Physiothérapeute de formation, Marie Pier Villemure de Shawinigan-Sud a profité du fait que le cours était offert en Mauricie pour devenir médecin, rien de moins. «Sinon, je serais restée chez InterVal. En plus, j'ai rencontré mon nouveau conjoint, Marc-André Levasseur, pendant le cours. C'est un deux pour un. Nous partons donc à Sherbrooke, lui pour faire sa spécialité en médecine nucléaire et moi pour faire ma résidence en médecine de famille», a-t-elle signalé.
Maintenant, il reste à savoir si ces futurs médecins vont choisir de pratiquer dans la région? Il est encore trop tôt pour le savoir car ils partiront dans les différentes régions du Québec pour y poursuivre leur formation postdoctorale en spécialité ou en médecine de famille. Sur les 27, trois seulement ont choisi de faire leur résidence à l'UMF de Trois-Rivières.
Néanmoins, Lucie Letendre, directrice générale du CHRTR, a rappelé que la faculté de médecine a un effet très positif, tant sur la rétention que le recrutement. «Depuis 2003, nous avons réussi à attirer 54 nouveaux médecins dans notre établissement. Ce n'est pas rien. C'est toute la région qui va en bénéficier», a-t-elle conclu.