Trois piliers de la chanson à Shawinigan

Michel Rivard, Paul Piché et Daniel Lavoie ont partagé la scène du Festival d'été de Shawinigan hier soir.

Si les ados (et jeunes adultes) avaient pris d'assaut le site du Festival d'été de Shawinigan samedi soir pour le spectacle des New Cities et de Simple Plan, ils l'ont redonné aux baby-boomers hier pour un rendez-vous avec trois piliers de la chanson québécoise, Paul Piché, Michel Rivard et Daniel Lavoie.


L'énergie punk rock pop de la veille a en effet cédé sa place, en cette soirée de solstice d'été, à un élan poético-folk-engagé un peu nostalgique. Pas nostalgique dans le sens plus ringard de l'époque révolue, mais plus dans le confort du passé pas si lointain. Celui dont on se souvient encore, qui n'est pas tout à fait suranné, mais plus tout à fait synchro au Québec de 2009.

Quand on évoque Paul Piché, Michel Rivard et à Daniel Lavoie, on pense à des figures artistiques ancrées, marquantes dans le paysage musical du Québec post Révolution tranquille. Après les Gilles Vigneault, Félix Leclerc et autres chansonniers, ces trois artistes ont en quelque sorte pris le relais des chantres de la langue française et de la culture traditionnelle disons canadienne-française.



D'ailleurs, en présentant une de ses pièces, Michel Rivard a lancé un plaidoyer hommage à la langue. En faisant référence à la Saint-Jean-Baptiste fêtée mercredi, il a dédié sa chanson «à tous les gens qui ont le Québec à coeur, quelles que soient leur origine, leur religion ou leurs convictions politiques». «Il ne faut jamais oublier qu'au coeur de tout ça, il y a un élément essentiel qu'on ne peut nier, c'est une culture, c'est une langue», a-t-il dit en introduction à son hymne honorant «une langue de France aux accents d'Amérique».

Un peu dans le même esprit ceinture fléchée, Paul Piché s'est amené sur scène pour entonner son plus vieux succès Y a pas grand chose dans l'ciel à soir, avant d'offrir au public une nouvelle chanson, pas encore enregistrée. Outre cette pièce inconnue, c'est à l'exploration d'un juke box de leurs succès que les trois artistes ont convié le public.

S'ils ont entamé le spectacle ensemble pour chanter J'appelle, ils se sont par la suite succédé au micro pour interpréter leurs propres chansons, la plupart du temps à coup de deux à la fois.

Par exemple, pour sa première présence solo, Daniel Lavoie assis à son piano y est allé d'un énergique Tension Attention, avant d'enchaîner, un peu essoufflé, avec une plus douce J'ai quitté mon île. Michel Rivard est arrivé par la suite pour livrer son Maudit bonheur, dont une partie des spectateurs près de la scène connaissaient les paroles par coeur.



Pour donner une idée du répertoire visité lors de la soirée d'hier, on peut énumérer en vrac Un trou dans les nuages, Sur ma peau, Je voudrais voir New York, Ils s'aiment, Libérez le trésor, Je voudrais voir la mer et L'escalier.

Un choeur d'une trentaine de personnes accompagnait les chanteurs, conférant ainsi à leurs chansons une richesse inédite. Ces choristes, recrutés un peu partout dans la province, suit le trio dans sa série de spectacles.

En somme, on peut dire qu'en vieux routiers qui connaissent bien leur métier et qui disposent d'un imposant catalogue de créations dans lequel puiser, Michel Rivard, Daniel Lavoie et Paul Piché ont su faire passer une belle soirée aux spectateurs venus les entendre et les voir à Shawinigan.

Par contre, même s'ils ont fait ensemble Qui sait et Le blues d'la métropole, on aurait peut-être aimé qu'ils exploitent davantage l'aspect collectif de leur spectacle, en partageant la scène plus qu'en se contentant de s'y succéder.

Il aurait été intéressant de voir l'un et l'autre puiser dans le répertoire de ses collègues, tout comme on aurait apprécié davantage de duos ou de trios.