Elle est très critique envers les médias. «...la situation de monsieur Piché a été extrêmement médiatisée et a fait régulièrement l'objet de commentaires dans les médias, de la part de la population en général et même d'employés de notre établissement», écrit-elle en ajoutant que cela avait entraîné un grand stress chez son patient.
La Dre Allard précise par ailleurs qu'il y a une forte probabilité que les éléments psychotiques soient réapparus. Le comportement inadéquat de Piché à l'institut Pinel comme le fait de jeter de la nourriture sous sa porte et son refus de vouloir participer à son évaluation ont été pris en compte par le Dre Allard pour conclure au fait que cet homme ne peut plus être gardé à Shawinigan.
Pour la Dre Allard, il s'agit d'une volte-face car en janvier dernier, devant la Commission d'examen des troubles mentaux (CETM), elle avait donné un avis très favorable à des sorties progressives non encadrées. Le procureur aux poursuites criminelles et pénales chargé du dossier, Me Jean-François Bouvette, avait toutefois réussi à faire bloquer la décision en s'adressant à la Cour d'appel.
Hier, la Cour d'appel a entendu sur le fond les arguments des parties et fera connaître sa décision définitive d'ici quelques jours. Lors d'une visio-conférence avec trois juges de la Cour d'appel, Me Bouvette a répété que la CETM n'avait pas décrété des mesures aussi simples que celles de garder la paix, d'avoir une bonne conduite, de ne pas posséder d'armes ou encore de ne pas consommer d'alcool. D'autre part, Me Bouvette a aussi demandé à la Cour d'appel de lui permettre de faire entendre, lors d'une prochaine audition de la CETM, un médecin-psychiatre de son choix. Le 20 janvier dernier, la commissaire Lucie LeFrançois lui avait refusé une remise de la cause du fait que son experte n'était pas disponible. Selon Me Bouvette, il aurait été opportun que la CETM lui donne le temps de faire entendre son témoin.
Hier, Alain Piché s'est représenté seul comme il le souhaitait. Bien préparé, il a demandé à la Cour d'appel de rejeter les prétentions de la poursuite et d'attendre l'audition de la CETM le 22 juillet. À ce sujet, Me Bouvette a répliqué qu'il n'avait reçu à ce jour aucun avis d'audition. Alain Piché a dit trouver bizarre par ailleurs que le procureur de la poursuite réclame que trois nouveaux commissaires de la CETM entendent la cause. «On prend les juges qu'on a», a-t-il d'abord dit en ajoutant de manière sarcastique que Me Bouvette avait peut-être le pouvoir de faire nommer les juges (commissaires) qu'il voulait pour entendre son affaire.
L'ex-comptable paraissait bien calme hier. Arborant une barbe non taillée, il n'a fait aucun esclandre. Des mesures de sécurité exceptionnelles avaient été prises pour qu'il n'y ait pas d'incident fâcheux comme celui survenu il y a quelques jours au Centre de détention de Trois-Rivières. À son arrivée là-bas, il s'est emporté lorsqu'on lui a refusé une cigarette. Il aurait alors tenté de mordre un agent correctionnel. Il avait fallu l'intervention de plusieurs agents pour le maîtriser.
Par ailleurs, aujourd'hui, au palais de justice de Shawinigan, Alain Piché doit subir son enquête préliminaire pour un crime d'incendie qu'il aurait commis au Centre de santé mentale de Shawinigan.
On l'accuse d'avoir mis le feu dans un amas de linge. L'incident n'a cependant pas eu de conséquences fâcheuses.