Une nouvelle bataille

Plus de 1000 personnes, réparties en 92 équipes, ont marché dans la nuit de samedi à hier. Leurs efforts ont permis d'amasser 235 000$.  Guylaine Beaudoin a agit à titre de porte-parole de cet événement.

Au Canada, le cancer ne cesse de faire des ravages. En 2009 seulement, 171 000 nouveaux cas devraient être diagnostiqués et 75 300 personnes devraient y perdre la vie. Pour contrer cette triste réalité, la région a entendu l'appel à la générosité qui lui était lancé cette fin de semaine. Résultat: plus de 425 000$ ont été amassés, lors du Relais pour la vie et du Défi têtes rasées de Trois-Rivières. Voici donc le récit de ces deux événements, qui poursuivent un même rêve.


Les participants au sixième Relais pour la vie de Trois-Rivières ont fait exploser tous les records, dans la nuit de samedi à hier, en amassant 235 448$ pour la lutte contre le cancer. Du même coup, ils se sont mobilisés en vue de mener une nouvelle bataille, celle du soutien aux proches aidants.

 



Ils auront finalement été plus d'un millier à arpenter le parc Laviolette, aux abords du fleuve Saint-Laurent. Pendant douze heures, toute la nuit durant, ils ont marché en mémoire ou en l'honneur d'un proche qui a livré une bagarre sans merci au cancer. Ce parcours aura permis de recueillir beaucoup plus encore que l'objectif fixé au-dessus des 200 000$ amassés l'an dernier.

Certains ont souligné à grands traits l'importance de ne pas lâcher prise. Ce fut le cas de Denise Flageole, dans un discours poignant livré quelques minutes avant que les 300 survivants et accompagnateurs n'entrent pour un premier tour de piste; un moment toujours aussi touchant.

«Il faut continuer de se battre. Je me suis battu et c'en vaut la peine», a dit la grand-mère, tenant sa petite-fille dans ses bras.

L'enfant avait aussi son histoire particulière. Elle a été présentée comme le «bébé-miracle». En effet, sa mère avait été frappée par un cancer du col de l'utérus avant la grossesse. Mais le travail des médecins et les nouveaux traitements lui auront permis de réaliser un rêve, celui de fonder une famille.



Or, le cancer a frappé de nouveau et s'en est pris à la grand-maman, quelques mois plus tard. La dame portait d'ailleurs un chandail jaune, samedi soir, signe qu'elle a dû affronter à son tour cette difficile épreuve.

Guylaine Beaudoin arborait aussi les mêmes couleurs. Cette dernière, rappelons-le, vient de publier un livre racontant sa touchante histoire. «Avoir le cancer, ça bouleverse entièrement votre vie. Mais ça bouleverse la vie de tous ceux qui vous entourent», a-t-elle lancé à la foule de marcheurs, qui devaient ensuite prendre d'assaut le trajet encerclé de plus de 5000 luminaires.

Dimension politique

La porte-parole de l'événement donnait ainsi le coup d'envoi à une mobilisation articulée autour des proches aidants, ces «piliers» qui accompagnent dans cette longue traversée les personnes atteintes du cancer. Parfois pour mieux s'en sortir, parfois pour mener un être cher à un dernier repos.

À l'instar de quatre autres villes au Québec, Trois-Rivières avait été ciblée par la Société canadienne du cancer pour agir à titre de région pilote. Le Relais pour la vie prenait ainsi une dimension politique. On y faisait signer une pétition et une lettre d'appui pour que le gouvernement fédéral mette sur pied un programme de soutien pour ces aidants naturels.

Le temps est venu pour que les choses changent, croit Geneviève Dionne. Cette mère de deux enfants a perdu son conjoint Marc, en 2005. Elle l'avait accompagné jusqu'à la toute fin. «Sur le plan bureaucratique, c'est une guerre à ne plus finir. Mais tu n'as pas l'énergie pour tout ça», a-t-elle confié.



«Aider quelqu'un que tu aimes, c'est naturel. Ce qui est pas naturel, c'est de tout perdre ou être dépouillé financièrement. C'est pour ça qu'il doit y avoir un mouvement de masse. Il va falloir que le gouvernement comprenne et que quelqu'un mette ses culottes», a ensuite martelé la mère de famille.

Son fils, Frédéric Champagne, veut aussi que le message soit entendu. À 18 ans, le jeune homme parle avec assurance de ce délicat sujet et promet de se battre, à la mémoire de son père. «On a été chanceux, parce qu'on avait une famille tissée serrée. Mais derrière nous, il n'y a rien, image-t-il. De l'aide comme ça, ce n'est pas un luxe.»