Comprendre pour mieux enrayer la violence

Deux établissements de la Commission scolaire de l'Énergie ont décidé d'agir contre la violence entre les enfants. Tous les écoliers, membres du personnel et parents des écoles primaires Saint-André, du secteur Shawinigan-Sud, et Sablon d'Or, à Lac-aux-Sables, sont à même de constater qu'il faut d'abord comprendre le phénomène pour mieux l'enrayer.


Grâce à une subvention de la Banque nationale, la maison d'hébergement La Séjournelle et le Regroupement provincial des maisons d'hébergement et de transition pour les femmes victimes de violence conjugale ont mis sur pied le programme «Branchons-nous sur les rapports de force» qui s'inspire des ouvrages de Diane Prud'homme. Titulaire d'une maîtrise en psychologie, elle a écrit deux livres-outils sur la question: La violence à l'école n'est pas un jeu d'enfants et Violence entre enfants: casse-tête pour les parents (les éditions du Remue-ménage).

 



Formatrice sénior au sein de l'organisme provincial, Diane Lemay fait une nette distinction entre un conflit et un rapport de force. Elle explique qu'un conflit oppose habituellement des sentiments et des idées. Une meilleure communication permet bien souvent de résoudre le problème entre deux enfants qui, malgré le sujet de discorde, demeurent sur un pied d'égalité.

«Alors que dans un rapport de force, on part du principe qu'il y a un gain pour la personne qui l'exerce. Par exemple, pour faire rire son entourage, un jeune va en ridiculiser un autre», décrit Mme Lemay qui ajoute que l'abus de pouvoir peut prendre la forme de plusieurs violences.

«Un rapport de force ne se règle pas de la même façon qu'un conflit. Dans un rapport de force, il y a déséquilibre du pouvoir», insiste celle qui soutient que les autorités scolaires se doivent d'intervenir lorsqu'une telle situation leur est rapportée.

Le programme «Branchons-nous sur les rapports de force» vise à intervenir le plus tôt possible auprès du jeune agresseur qui risque souvent de maintenir ce type de comportement une fois devenu adulte. Le personnel de l'école doit également accompagner les victimes qui sont plus souvent qu'autrement murées dans le silence et la peur.



Pour être encore plus efficace, le programme se doit finalement d'impliquer toute la famille. À l'automne prochain, les parents des élèves des écoles Saint-André et Sablon d'Or seront invités à participer à une formation. À l'instar de leurs enfants, ils seront initiés au vocabulaire du programme et appelés à identifier des situations problématiques.

Mme Lemay demeure optimiste quant à la participation des parents. La violence entre enfants est un phénomène qui implique à son avis que tous les acteurs de la société se mobilisent. Elle mise sur le long terme pour obtenir les résultats espérés.

Unique aux deux écoles précitées, le programme «Branchons-nous sur les rapports de force» pourrait éventuellement s'étendre dans les autres établissements scolaires de la région et du reste du Québec.

 

Les parents très réceptifs

À la lumière des propos tenus lors d'une rencontre d'information qui au eu lieu la semaine dernière, les parents des élèves de l'école Saint-André du secteur Shawinigan-Sud semblent emballés par le programme et ne voient aucune objection à suivre une formation afin de savoir comment réagir lorsque leur enfant est impliqué dans une situation d'intimidation.



Même s'ils ne sont qu'une vingtaine à avoir répondu à l'invitation de la direction, les parents qui se sont déplacés pour en connaître plus sur le programme qui est en cours d'implantation étaient très heureux d'apprendre que des efforts étaient faits afin de conscientiser les enfants aux problématiques reliées à l'intimidation.

«Ce programme a aidé les enfants à se regarder eux-mêmes pour voir où ils se trouvaient dans ces situations. Peut-être que certains se sont rendus compte qu'ils avaient déjà intimidé quelqu'un et qu'ils se sentent mal maintenant. Ça permet une prise de conscience de leurs actions», a mentionné Stéphanie Brodeur, dont les deux enfants fréquentent l'école située sur la 120e Rue.

Une autre mère, Danièle Béliveau, s'est quant à elle dite rassurée d'apprendre qu'un tel programme est mis en place et qu'il comprend un volet de formation pour les parents.

«Ça peut même nous permettre de comprendre des comportements qui se passent à la maison et que l'on ne comprend pas vraiment. Ça va nous allumer à poser des questions et à gratter un peu plus loin. Je pense que si les parents comprennent mieux ce qui se passe, ce sera plus facile de détecter et d'aider. L'école enseigne bien des choses, mais nous devons les suivre aussi. Je trouve ça fantastique», a-t-elle confié.

Du côté du directeur de l'établissement, Stéphane Lajoie, la réponse positive des parents présents lors de la rencontre démontre qu'un tel programme a sa raison d'être. Il confie cependant qu'il aurait bien aimé que plus de parents répondent à l'invitation. Il espère que la séance de formation pour les parents qui devrait avoir lieu l'automne prochain soit plus populaire.