Depuis quelques jours, Raymond Corriveau a du mal à détacher ses yeux de son ordinateur et suit avec attention l'évolution du dossier de la grippe porcine. Du même coup, il répète une fois de plus l'importance pour chaque organisation de se préparer à faire face à une pandémie. Et alors qu'il expliquait son point de vue au Nouvelliste, hier après-midi, l'Organisation mondiale de la santé élevait son niveau d'alerte à 5, informant du même coup le monde entier de l'imminence d'une pandémie de grippe porcine.
«Nous sommes chanceux en ce moment au Québec, car nous n'avons pas encore de cas déclarés. C'est le moment idéal pour apprendre de la crise et s'y préparer en conséquence. Car faire de la prévention, ça coûte peut-être cher, mais ce n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan comparé à ce qu'une pandémie coûtera à la société», estime le professeur.
Déjà, même sans aucun cas déclaré au Québec, l'économie est grandement affectée, remarque M. Corriveau, citant notamment l'industrie touristique, les producteurs de porcs, les agriculteurs qui attendent des travailleurs mexicains et toute le commerce d'importation et d'exportation vers le Mexique.
«Ce n'est plus juste une affaire gouvernementale. Chaque organisation, chaque entreprise a sa part à faire et est imputable vis-à-vis les personnes qui fréquentent ses murs», estime M. Corriveau.
Pour cela, de nombreux guides et plans existent et sont disponibles soit sur Internet, dans des cours en ligne ou même sur les sites des différents ministères, comme le «Plan gouvernemental en cas de pandémie d'Influenza». Même à l'intérieur de chaque famille, il est possible de se préparer en se construisant des scénarios personnels, en observant les règles d'hygiène élémentaires et en se renseignant sur le moyen de soigner une personne qui est atteinte de la grippe à la maison.
«J'espère de tout coeur qu'on se prépare pour rien. Mais si ça devait se produire, nous n'aurions plus d'excuses pour ne pas être prêts», mentionne M. Corriveau.
Message contradictoire
De ce qu'il a pu observer à ce jour, Raymond Corriveau estime que les autorités mexicaines ont jusqu'ici bien réagi face à la crise, en fermant les écoles et les principaux lieux publics.
Maintenant, le professeur souligne que les organisations doivent améliorer la communication entre elles, car c'est là leur principale faiblesse, mais aussi leur planche de salut en cas de pandémie.
Déjà cette semaine, l'Union européenne déconseillait les voyages au Mexique, alors que l'OMS estimait cette mesure un peu drastique.
Évidemment, les deux organisations ont des préoccupations différentes, mais pour le public, c'est un message contradictoire qui peut avoir des conséquences importantes.
«C'est ce genre de malentendu qui envoie un message flou au public, qui finira par minimiser la crise en se disant qu'on fait tout un plat avec rien», lance Raymond Corriveau.
Celui qui est déjà intervenu dans plusieurs régions où l'on observait une épidémie de dengue, comme le Viêt-nam, les Caraïbes et l'Amérique centrale se rassure toutefois de voir que les différentes Agences de santé du Québec fourmillent actuellement et ne prennent pas la menace à la légère.