À la campagne, au Mexique, où le virus semble avoir pris son origine, les paysans ont une proximité trop grande avec les animaux et les mesures d'hygiène ne se comparent pas à celle des productions plus au nord. À ce chapitre, la situation lui rappelle l'Asie d'où est sortie la grippe aviaire.
«Si l'on regarde ce qui se passe en Asie, en Chine, au Vietnam ou en Thaïlande par exemple, les gens vivent avec les animaux et on a toujours une proximité. Or, la grippe porcine, ça existe, la grippe aviaire, ça existe et ces gens-là sont toujours susceptibles d'attraper quelque chose qui est nouveau. Ils vont être les premiers à l'avoir. Si c'était arrivé aux États-Unis et qu'un éleveur de cochons avait attrapé ça, 48 heures après, il n'y aurait plus un cochon de vivant chez lui. On a vu avec quelle rapidité le gouvernement s'est attaqué aux fermiers dans le cas de la grippe aviaire», rappelle-t-il.
«Ce qui est arrivé au Mexique, ça a commencé à la campagne. On a eu la même chose avec le SRAS en Chine. Avant que les autorités s'en aperçoivent, c'était déjà pas mal avancé.»
Qu'un virus passe du porc à l'humain, ou du poulet à l'humain est quelque chose de fréquent. La différence, cette fois, c'est que «le virus est capable de passer d'humain à humain et ça, ça fait peur», dit-il. «Ce n'est pas quelque chose de commun», fait-il valoir. «C'est pour ça que l'OMS a pensé pandémie. C'est que là, ça passe de personne à personne. C'est confirmé.»
L'élément le plus étrange, constate-t-il, c'est que ce virus possède à la fois les propriétés de la grippe porcine, de la grippe aviaire et de l'influenza humain. Il s'en prend aussi aux personnes jeunes, en moyenne de 20 à 47 ans, selon les premières informations, un comportement que le microbiologiste trouve aussi extrêmement inquiétant.
Toutefois, le fait que le virus ait fait des morts au Mexique, mais qu'il n'en ait pas fait dans les autres pays où il s'est manifesté après l'éclosion de l'épidémie mexicaine, le font s'interroger. «Ça peut être une question de conditions de vie», propose-t-il. «Des fois, ils contractent la grippe et meurent d'autre chose. On ne connaît rien du profil social des gens qui sont morts là-bas. La tuberculose, par exemple, on a trouvé ça chez les sans-abri à New York», illustre-t-il.
Pour l'instant, le professeur Boisvert estime que les plans de contingentement représentent la meilleure défense mondiale contre une pandémie. Cette façon de faire a fait ses preuves dans le passé, rappelle-t-il. Après la grippe espagnole, trois autres pandémies ont eu lieu dans le monde ainsi que d'autres épisodes qui ont permis de mettre les plans de contingentement à l'épreuve.
«Lors de celle de Hong Kong, en 1957, les gens avaient appris déjà», signale-t-il.
«Et puis aujourd'hui, les pays se parlent», fait valoir le microbiologiste. Ainsi, on a vu l'OMS s'installer en Chine lors de l'épidémie du SRAS, illustre le professeur Boisvert.
«Je fais confiance aux autorités. Depuis la grippe aviaire, les gens sont préparés», dit-il.
Les travailleurs mexicains arrivent bientôt
Bien que ce ne soit pas le cas encore en Mauricie, précise-t-il, plusieurs travailleurs étrangers peuvent, depuis deux ans, occuper des emplois dans des entreprises agricoles d'élevages d'animaux au Québec.
Par ailleurs, cette fois-ci, les travailleurs agricoles mexicains devront se soumettre à un examen médical avant de venir au Canada, a annoncé hier le ministre fédéral de la Sécurité publique, Peter Van Loan.
Ottawa et Mexico se sont en effet entendus sur des mesures supplémentaires afin de protéger les Canadiens de la grippe porcine sans interdire l'entrée au pays des milliers de travailleurs sur lesquels comptent les agriculteurs de l'Ontario et du Québec.
Pas moins de 500 entreprises au Québec font affaires avec quelque 5600 travailleurs étrangers. En Mauricie, rapporte M. Martin, on comptera cet été sur 110 travailleurs d'autres pays. Outre les Mexicains, il y aura 17 Guatémaltèques et 24 Antillais.
Hier, la Fédération des producteurs de porc du Québec a émis un communiqué afin de préciser que la grippe porcine découverte au Mexique n'affecte pas le cheptel porcin du Québec et n'a aucun impact sur la salubrité de la viande.
Depuis le récent épisode de circovirus, une maladie transmissible seulement entre porcs, les producteurs ont renforcé les mesures de biosécurité et sont donc préparés à faire face ce genre de menace.
Le directeur du département de pathologie et de microbiologie de la Faculté de médecine vétérinaire de l'université de Montréal, Sylvain Quessy, ajoute que rien ne permet de croire actuellement que cette nouvelle souche virale qui arrive du Mexique pourrait se propager au cheptel canadien.