Le rapport du directeur, François Lelièvre, a été déposé à la dernière séance régulière du conseil municipal.
Ce document d'une cinquantaine de pages fournit des statistiques encourageantes sur deux éléments centraux du travail des pompiers, à savoir le temps de réponse et les pertes matérielles subies sur le territoire. Dans chaque cas, le service s'améliore d'année en année.
En 2005, dans le secteur urbain qui comprend Shawinigan, Grand-Mère et Shawinigan-Sud, l'intervention de la première autopompe s'effectuait en 7,55 minutes. Or, l'an dernier, ce temps de réponse est passé à 5,95 minutes.
En secteur périurbain, qui regroupe Saint-Georges, Lac-à-la-Tortue, Saint-Gérard-des-Laurentides et Saint-Jean-des-Piles, la période d'intervention s'établissait à 11,84 minutes en 2005. En 2008, elle avait fondu à 10,21 minutes.
Cette promptitude influence visiblement la courbe des pertes matérielles subies par un incendie à Shawinigan. De 3,2 millions$ en 2004, elles sont passées à 1,2 million$ l'an dernier. Il s'agit d'une baisse de 48% par rapport à la moyenne des quatre années précédentes.
Autre statistique révélatrice, les pertes matérielles par habitant sont passées de 61,34$, en 2005, à 23,69$ l'an dernier.
En 2008, quatre incendies ont accumulé, ensemble, des dommages de près de 700 000$. Une maison privée du Chemin Richard, l'entrepôt Megatech, l'entreprise Granules de la Mauricie et la Crêperie Sainte-Flore ont particulièrement alourdi le bilan.
Au cours de la dernière année, le Service de sécurité incendie a reçu un total de 643 appels. Pas moins de 86% d'entret des trois secteurs urbains, qui accusent également 74% des pertes matérielles. Sur ce plan, à noter que le secteur Saint-Jean-des-Piles a été complètement épargné en 2008.
La recette
À Shawinigan, la brigade de 49 pompiers ont tous terminé leur formation obligatoire. De plus, près de 70 % des effectifs possèdent aussi un diplôme d'études professionnelles en combat d'incendie, un bonus par rapport aux exigences minimales.
De plus, le service accentue ses activités de prévention, avec 4374 résidences visitées l'an dernier. Les préventionnistes souhaitaient couvrir 25% des maisons du territoire et ils ont finalement atteint 32% d'entre elles.
Au-delà de la formation et des activités de prévention, d'autres actions concrètes ont été prises sur le terrain depuis trois ans pour améliorer le bilan.
«Entre autres, nous avons un bouton d'alarme que le préposé au 911 déclenche dès que le mot «feu» est prononcé à l'autre bout du fil», explique M. Lelièvre. «Le pompier reçoit un signal et sans savoir précisément ce que sera l'appel, il peut commencer à se préparer.»
Dès que l'adresse est connue, elle permet de relayer de précieuses informations qui préparent bien la brigade.
«Nous avons un système, à l'intérieur du véhicule, qui nous donne la description du bâtiment, ce qu'on y retrouve à l'intérieur et les bornes fontaines à proximité», énumère M. Lelièvre. «Nous avons les détails avant même d'arriver sur les lieux.»
Malgré ces améliorations, il reste encore de précieuses secondes à gruger pour se conformer à l'une des exigences du schéma de couverture de risque, soit l'arrivée de dix pompiers en dix minutes sur les incendies de bâtiments en milieu urbain. L'an dernier, seulement 30% des appels rencontraient cette norme.
Faut-il une nouvelle caserne à Shawinigan ?
Au départ, la volonté de concentrer les effectifs dans un quartier général moderne justifiait cette orientation.
Tant qu'à mettre ce projet de l'avant, l'administration municipale voyait très bien ce nouveau quartier général dans le quartier Saint-Marc, où se produisent au moins 80% des interventions.
Dans le dépôt initial de son schéma de couverture de risque, le Service de sécurité incendie prévoyait la construction de cette caserne en 2007. Le ministère de la Sécurité publique a toutefois accordé un délai pour repousser la décision en 2010.
En attendant, une étude est réalisée depuis l'automne pour déterminer si ce projet demeure justifié et, plus globalement, quel avenir faut-il réserver aux huit casernes existantes sur le territoire.
Des réponses sont attendues vers la fin de l'année. Les scénarios seront présentés au conseil municipal qui, ultimement, devrait prendre une décision quelque part en 2010.
«En 2004, quand nous avons préparé notre schéma de couverture de risque, nous avions suggéré d'aller sur Champlain», rappelle François Lelièvre, directeur du Service de sécurité incendie.
«Mais en analysant nos opérations, nos temps de réponse et tout ce qui s'ensuit, nous voulons être sûrs de notre coup. Nous ne voulons pas nous apercevoir, dans cinq ans, que nous avons fait ça pour rien!»
Préférence
M. Lelièvre ne cache pas qu'à première vue, les arguments qui ont déjà justifié la construction d'un nouveau quartier général dans le quartier Saint-Marc demeurent valables.
«Habituellement, une caserne doit être située à l'intérieur de trois kilomètres des risques qu'elle couvre», explique-t-il. «Actuellement, entre 80% et 90% de nos interventions sur des bâtiments se font dans Saint-Marc. Or, un incendie double de puissance à chaque minute. Plus on s'éloigne, plus ça fait une différence.»
Quand une alarme retentit dans ce quartier, les pompiers des casernes de l'hôtel de ville, de l'avenue Champlain et de Grand-Mère interviennent simultanément, avec ceux en garde externe.
Pour M. Lelièvre, cette dispersion d'effectifs ne représente pas l'organisation optimale... même si le temps de réponse du premier camion autopompe s'est amélioré de plus de 20% en quatre ans.
En concentrant le personnel et les équipements au coeur de la majorité des appels reçus, la qualité de l'intervention pourrait atteindre de nouveaux sommets.
«Dans le secteur Shawinigan, nous sommes séparés entre deux casernes», rappelle le directeur. «J'ai des camions sur Saint-Marc qui peuvent être récupérés, selon les types d'appels, par les pompiers qui sont à l'hôtel de ville. Idéalement, ça prendrait tous les véhicules au même endroit.»
La caserne de l'avenue Champlain fait toujours partie des scénarios possibles pour concentrer les effectifs, même s'il s'agit d'un bâtiment patrimonial et que les modifications nécessaires coûteraient, au bas mot, au moins trois millions de dollars. D'autres terrains pourraient aussi accueillir ce quartier général.
«Nous attendons de voir l'étude», résume M. Lelièvre. «Si elle nous dit qu'il nous faut une caserne dans ce secteur, il faudra s'asseoir et voir les possibilités qui se présentent.»