Selon M. Lemire, des cas de maladies comme la grippe porcine prouvent bien l'importance de faire affaire avec des agences et des organismes qui permettent le bon encadrement de la venue de travailleurs étrangers. «C'est bien structuré et encadré de concert avec les ambassades. S'il devait y avoir le moindre problème, je crois qu'ils ne nous enverraient pas des gens contagieux ou à risque de l'être. Si des agriculteurs embauchent des étrangers sans passer par ce genre d'organismes, c'est là que ça peut devenir plus risqué pour eux», souligne-t-il.
Présentement, une dizaine de Guatémaltèques travaillent à la ferme. Tous ces ouvriers ont transité par le Mexique avant d'arriver au Canada. Plus tard durant la saison, ce sera au tour de la main-d'oeuvre mexicaine d'arriver à Trois-Rivières. «Je sais que tout le monde doit passer un test médical au Mexique avant d'arriver ici», précise-t-il.
Si l'arrivée de main-d'oeuvre mexicaine devait finalement être compromise par des décisions gouvernementales au cours des prochains jours ou des prochaines semaines, David Lemire confie qu'il ne sera pas dans le pétrin. «Sur 80 employés, j'embauche peut-être une dizaine d'étrangers. Si nous manquons de personnel, nous nous retournerons vers le Guatémala. Par contre, je sais que certaines fermes peuvent embaucher 80 ou même 90 travailleurs étrangers pendant l'été. Si ça devait se produire, j'imagine qu'ils seraient bien embêtés», mentionne M. Lemire.
Tout un casse-tête
Le 6 mai, Olivier Leblanc, de la ferme Le Maraîcher de Batiscan, doit accueillir ses quatre premiers employés mexicains de la saison. Deux autres doivent suivre autour du 24 juin. D'heure en heure, il reste à l'affût des nouvelles, et ce qu'il entend l'inquiète, surtout que ses six employés habitent près de Mexico, où la plupart des cas ont été recensés.
Les conséquences seraient majeures si son entreprise agricole devait se priver de ses travailleurs mexicains. «Ce serait un casse-tête épouvantable! Si nous ne sommes pas capables de récolter tout ce que nous avons investi, ça va causer un gros problème. Nos clients pourraient en souffrir. Quand on donne notre parole, ça fait moins bonne figure lorsque nous ne sommes pas capables de remplir notre contrat», soutient-il.
M. Leblanc se croise donc les doigts pour que la situation s'améliore au cours des prochains jours. «Ce serait inquiétant de ne pas avoir ces travailleurs-là. Nous avons vraiment besoin d'eux. Nous engageons des étudiants l'été, mais ils finissent l'école un peu après le début des récoltes et recommencent un à deux mois avant qu'on ait terminé, à l'automne. Avoir des travailleurs disponibles en tout temps, c'est un gros avantage», explique-t-il.
Près de 500 entreprises québécoises, surtout des fermes, embaucheront 6500 travailleurs saisonniers cette année. La majorité du contingent vient du Mexique. Si les inquiétudes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) se confirment et que la grippe porcine devient une pandémie, ces employés pourraient être stoppés aux douanes pour empêcher la propagation de la maladie.
«Ce serait un désastre parce qu'on n'a pas, ici, la main-d'oeuvre locale pour combler les pénuries», affirme René Mantha, qui dirige la Fondation des entreprises en recrutement de main-d'oeuvre étrangère (FERME).
L'organisme est d'autant plus préoccupé que le plus gros contingent de travailleurs saisonniers doit s'amener au Québec dans les prochaines semaines pour la période des semences. Il attend d'ailleurs 300 Mexicains la semaine prochaine, et presque autant de Guatémaltèques qui feront escale à Mexico avant de venir ici.
Des représentants du gouvernement canadien doivent rencontrer les autorités mexicaines ce matin pour déterminer la marche à suivre dans ce dossier.